CONTEXTE;
« Mort. C’est ce qu’on nous avait finalement dit sur lui. ‘Tout reviendra à l’ordre, ne vous en faites pas. Grimrauder a été capturé et ne causera plus aucun tort à personne. Il sera mis à mort dans deux jours’. Quelques heures plus tard, en retournant vers la cellule du truand, les officiers trouvèrent celle-ci totalement vide, inhabitée, sans vie. L’ennemi principal du monde magique venait encore une fois de reprendre la fuite et les agents n’étaient pas près de le retrouver. Imaginez simplement la tête que je devais faire en ouvrant le journal, ce mardi 23 juillet 2011. Mon petit monde s’effondrait à mesure que les mots s’imprimaient dans ma tête, si petite fut cette notice, paroles transcrites à l’encre indélébile qui jamais ne pourrait me laisser en paix. »





Déchéance. Un mot si futile qui, pourtant, véhiculait un impact monstre. Le monde sorcier coréen fut inévitablement ébranlé, mais les dégâts s’étendirent sur toute la surface planétaire. Les ministères étrangers voulurent envoyer de l’argent. Des sommes exorbitantes. Sommes qui ne suffisaient toutefois pas à reconstruire l’école qui n’était plus que ruines. Combien de temps faudrait-il aux ouvriers pour remettre en ordre ce qui n’était plus qu’un tas de pierres disposées ici et là ? Les nouveaux dirigeants, ayant pris le dossier « akiwa » sous leur aile, en vinrent à un consensus. Il était beaucoup trop dangereux de reconstruire un bâtiment à Atlantis et d’y réintégrer des élèves en étant conscients de la menace qui pesait sur cet endroit. C’était probablement la seule chose que Grimrauder attendait. Que les hauts placés redonnent un havre de paix aux étudiants, isolé du monde entier, afin de frapper une nouvelle fois. Et cette fois-ci, il ne se contenterait sûrement pas de réduire les lieux en cendres, non. Il frapperait plus loin, n’hésiterait pas à foutre le couteau sous la gorge des petits protégés de l’État, parce que c’est ce qu’ils étaient. La petite élite, les sorciers du monde de demain. Des individus qui prenaient de la puissance un peu plus chaque jour, une menace grandissante aux yeux du scélérat.

« Mis de côté ». C’est ce que la plupart d’entre vous se sont probablement dit durant le laps de temps qui sembla durer éternellement. Les efforts du ministère ne semblaient jamais porter fruit, même si celui-ci affirmait le contraire. Mais la lumière au bout du tunnel se montra enfin, un mois et demi après le début des recherches. Une lettre de Dolya Shkoly - école pour personnes... spéciales, disons ça ainsi - fut envoyée aux élèves de l’ancienne académie sorcière. La seule école qui pouvait vous accueillir, accueillir tous les élèves qui devaient, cette année, rejoindre les rangs de la seule école de sorcellerie asiatique. La nouvelle porte de sortie, celle qui vous assurait une suite à votre scolarité, venait de s’ouvrir. Et à votre grand étonnement, celle-ci donnait directement sur la Russie. Surprise. Et pourquoi la Russie, me direz-vous ? Parce que le terrain est monstrueusement vaste. Vous pensez sincèrement que les truands viendront chercher dans un trou aussi perdu au fin fond des bois ?

Ah oui, c’est une autre chose que mentionnait la lettre. Bien que vous ayez maintenant accès à tout objet électronique, Dolya Shkoly, communément appelée DASY, est située en pleine forêt russe. Un train à la solidité bien douteuse vous conduit de la Corée du Sud à un quai situé à plus de dix kilomètres de l’enceinte (l’opération est répétée pour les habitants du Japon, de la Chine, etc.). Il n’est pas nécessaire de vous préciser que le voyage est bien long et bien stressant puisque vous êtes surveillés par de grands Russes barbus et baraqués! Bel accueil, vous ne trouvez pas? Le voyage se poursuit en transplanant au bras d’un de ces géants. Et vous faites enfin ma merveilleuse connaissance. Je me prénomme Jack, oui. Oui, je suis une chauve-souris, vous avez bien vu. Et c’est devant mes petits yeux scrutateurs que vous devrez passer pour intégrer l’une de nos quatre maisons, c’est-à-dire Kaban, Giena, Olen ainsi que Belka. N’ayez crainte, mes chers enfants, les élèves prenant déjà place aux tables, vous scrutant comme si vous étiez de simples pièces de viande fraîche, ne vous feront aucun mal. Ils sont.. bien dressés, si l’on veut.

Louche, toute cette histoire, vous ne trouvez pas ? C’est que vous n’êtes pas encore entrés au cœur de l’action, mes chers amis. Ce que nous avons volontairement retiré de la lettre était la nature de cette école. DASY avait, à la base, été créée pour accueillir « les pourritures » de notre société. Ces races si inférieures qu’elles étaient, jadis, mises à mort. Vous voyez ce que je veux dire ? Non ? Loups-garous. Vampires. Ces bêtes assoiffées de sang, comme vos professeurs doivent vous l’avoir enseigné. Tout pour ne pas vous effrayer. Mais que ferez-vous lorsque la moitié de vos congénères se lèveront en plein début de nuit ? Quand la moitié d’entre vous devrez les suivre pour assister à vos cours ? Quand vous entendrez un hurlement déchirer les ténèbres, hurlement bizarrement près de vos dortoirs ? Bien que la lettre fût bien remplie d’informations, le directeur de DASY ne vous a pas tout dit. Et vous êtes loin d’imaginer ce qui se cache dans les entrailles de l’école…