Il était bel et bien évident que la vie qu’endurait certaine personne n’était pas toujours rose, mais quitte à y réfléchir, ce n’est pas si mal que ça. Avoir des problèmes est une partie intégrante de la vie, car sans emmerdes, je pense sincèrement qu’on s’ennuieraient tous à mourir dans un train-train quotidien lassant et robotique contenant des journées de dix-huit heures de travail. Je ne dis pas que c’est mon cas, bien entendu, moi je suis une simple et très gentille propriétaire d’un petit café en centre-ville. Mes journées sont longues mais jamais ennuyante car je vous assure qu’il se passe énormément de choses là-bas surtout entre deux et quatre heures du matin. Je ne travail presque que de nuit en tant que barmaid, et c’est bien le seul moment de la journée que je préfère! Les voir ivres morts étalés comme de pauvres crêpes sur les tables du Graffiti Coffee, je ne dirais pas que c’est quelque chose de bénin et plaisant, c’est juste qu’il arrive parfois de voir des choses hors du commun débarquer dans le vaste salon. Hormis le fait de voir sa mère arriver ivre morte et crier au monde entier qu’elle venait de divorcer de sont cnquième mari, les nuits s’annonçaient mouvementées au café, surtout lorsqu’un groupe de Jazz faisait son apparition sous ma demande de la veille.

Mais voilà, à croire que les temps sont contre moi et que je suis une personne bien trop gentille -malgré ce que l’on pourrait croire- pour refuser quelque chose, aujourd’hui ne serait probablement pas le meilleur jour de mon existante. Je suis une femme et je suis censée être heureuse de devoir brasser des milliers et des milliers de Won brillants tout le long de la journée, mais autant pour moi, ce n’est pas vraiment mon trip. Et pourtant j’ai dis oui. Oui à quoi? Me diriez-vous. Et bien à ma charmante amie d’enfance et meilleure amie tout court: Lizzy. Lizzy qui travaille depuis bientôt trois ans dans une bijouterie huppée de l’est de Guro-gu. Mais évidement, cette gentille fille qui allait avoir de jolis petits nourrissons dans les bras dans à peine quatre petits mois, m’avait gentiment demandé de la remplacer à la Bijouterie, juste une journée. Elle était tellement invisible là-bas que personne n’aurait remarqué ce remplacement. J’ai donc accepté, sans savoir à quoi est-ce que je pourrais vraiment m’attendre, n’ayant aucune formation dans ce milieu. « Mais il suffit juste d’ouvrir et fermer la caisse Jude! » m’avait-elle dit, allongée sur un ballon bleu énorme dans son salon, faisant des exercices pour le « Psychisme » du bébé. Moi, dans toute ma splendeur, étalée sur le canapé, bière à la main, je regardai mon amie au ventre énorme contenant deux jumeaux (j’assure être persuadée que ce sont des triplés). Cette femme qui était autrefois une des plus grandes reine de la jet-set locale, on participait à toutes les soirées de la jeunesse dorée de Séoul. Jusqu’à ce fameux jour ou un espèce d’anglais blond, bridé aux yeux noir s’était présenté comme son futur fiancé, il y a deux ans de cela. A ce jour ils sont mariés et bientôt une famille va se former. De toute la bande de copines que j’ai, je crois être la seule qui s’engouffre dans son éternelle enveloppe de jeune fêtarde sans projet d’avenir. Je suis, cependant, la plus jeunes de toutes. Mais en attendant, toutes -soit quatre filles- sont soit fiancées, soit elles ont un travail en or dans un grand magazine ou soit elles sont mariées et enceinte! Sérieusement, je dois avoir un problème. Et puis porter un bébé, merci mais c’est trop pour moi. Je m’effondrerais à chaque pas. Et rien que l’idée d’avoir la bague au doigt me donnait le tournis.

Revenant à la réalité, face à mon miroir, j’essayais d’entrer dans l’ancien uniforme de travail de Lizzy (qui avait du opté pour l’uniforme des femmes enceinte maintenant). La chemise me compressait le torse, faisant jaillir une poitrine que je ne pensais pas si présente que cela. La jupe était trop courte elle aussi. Le regard rivé sur mon miroir, je me passais une main désespérée sur le visage. Je n’avais vraiment la foi d’attacher mes cheveux que je laissèrent tomber dans mon dos, tout en prenant mon sac à main, direction Guru-gu, sans prendre la voiture. Ce n’est pas comme s’il me semblait perdre quelques pourcents de dignité à chaque pas que je faisais avec cet uniforme dans la rue, mais ça m’en avait tout l’air. Tentant de garder mon calme, je pénétra après quelques minutes de marche, dans l’énorme bijouterie. Rien que l’odeur du magasin semblait chère. Je ne me sentais pas vraiment dans mon élément, car je vous l’assure je préfère la bière et le cuir aux carats et strass. Lorsque je suis entrée, aucun regard ne s’est posé sur moi à mon plus grand bonheur, tous rivé sur les vitrines trois fois celées, contenant les quelques plus bels éléments couteux de la ville. La boutique n’était ni trop pleine ni trop vide, je me fis toute petite pour arriver jusqu’au casier de Lizzy, j’y pris son badge que j’agrafais au chemisier. Je déposais mon sac tout en me dirigeant vers « La troisième caisse en partant de la gauche » m’avait précisé Lizzy. Bien sûr chacun sa caisse. C’était presque évident à mes yeux, tout est calculé dans ce bas monde. J’allais gentiment me placer derrière, droite comme un ’i’, pensant sans arrêt « Je suis invisible. Je suis Invisible. Jude tu es invisible. ».

« Mademoiselle Lizzy Kim. Vous êtes invisible. » Une voix me tira de mes pensées, me laissant échapper une grimace de peur. Me retournant lentement vers mon interlocuteur, je fis de mon mieux pour cacher mon ventre qui était censé être énorme. L’homme semblait justement fixer mon ventre. « Euh… ou-oui Monsieur.. » je fronçais des sourcils pour lire sur son badge « … Gong-Suk Han…? ». Je tremblais, mes mains étaient moites et mon cœur battait aussi vite que l’éclair, moi qui était pourtant forte tête habituellement, je dois bien vous avouer que la calvitie naissance de cet espèce de gros phoque me déstabilisait. C’était donc ça, le milieu de travail de Lizzy? Je la plaignait intérieurement en tentant d’éviter les postillons de monsieur Han. « Mademoiselle Kim. Cela fait exactement une heure trente-sept que vous êtes debout là et vous ne vous êtes occupée d’aucun des clients depuis. » me disait-il. Je le regardait, bouche-bée sur le fait qu’il n’est même pas remarqué que je n’était pas la véritable Lizzy et que je n’était belle et bien, pas enceinte. Il me fit signe de le suivre et c’est à partir de ce moment là que je me suis retrouvée à faire des allés et retours dans la réserve pour remplir les vitrines. Ca faisait bien trois heures que je faisais ça, entre-temps j’ai du aller chercher les déjeuners ce telle ou telle personne, prendre les dossiers à remettre au bureau etc. Ma pauvre Lizzy me faisait de la peine, c’était de l’exploitation pure et dure alors que cette fille avait un rêve. Le rêve de devenir créatrice de bijoux, et je vous assure qu’elle à du talent, il n’y a qu’à regarder le collier que je porte autour du cou. Et pourtant, ma grande Lizzy s’était retrouvée ici, en fille post-it. L’espace d’un instant je regretta l’odeur d’alcool et les rires ambiants de mon bar, suivit par la musique en fond. Mais j’étais là pour aider non? J’ai beau me plaindre, je ne vais pas rester là les bras croisés.

J’étais entrain de rentrée du coffee d’en face lorsqu’un homme me passa devant. Il semblait jeune mais son allure le rendait plus mûr et sûr de lui. Je murmurai un « Pardon. » Pour me faufiler dans la boutique. Monsieur Han m’avait demandé un café car il était en pause, je m’apprêtais à lui amener lorsqu’une vendeuse me tendis un petit carré de velours ou dessus reposait une magnifique bague en argent, jonchée d’un sublime diamant. « Vas-donc poser cette bague dans le présentoir numéro trois. » m’aboya-t-elle. Moi qui par habitude, est une personne très tolérante, je ne suis cependant pas aussi naïve et peureuse. Mais sur ce coup-là, je devais mettre ma fierté de côté, histoire de ne pas me faire virer. Ou du moins de ne pas faire virer Lizzy. Je murmurai quelques mots invraisemblables dans le dos de la femme qui venait de me parler, tandis que je pivotais sur mes talons, je me cogna dans un des fauteuils derrière la caisse. Chancelante sur mes talons aiguilles, je m’écroulai sur le fauteuil dans un cri félin suivit d‘un « Oh putain! ». Le fauteuil qui, en passant, n’était pas vide. Lors de ma chute, je réussi à sauver la superbe bague qui m’aurait coûté un œil. Seulement je ne suis pas superwoman et je ne pu sauver le café de monsieur Han. Et je ne pu sauver la chemise du jeune homme qui était assit sur le fauteuil. Jeune homme qui m’était passé devant quelque minutes plus tôt.

Bras tendus devant, allongée en travers du fauteuil, sur le jeune homme, je tentais de garder une once d’équilibre, de peur de faire tomber le précieux bijoux. Le café m’avait brûlé l’avant-bras droit et avait tâché la jolie chemise de Lizzy. « Ne bougez pas! » criai-je au jeune homme assit, baignant dans le café. Lentement, ramenant une jambe contre l’autre je m’agenouillai dans… enfin sur le jeune homme. Je ramenais mes bras vers ma poitrine, regardant la bague trembler. Mon avant-bras était devenu bien rouge mais le bonheur d’avoir sauvé la bague fut trop grand pour que je puisse me permettre de me plaindre. Je descendis de mon perchoir, rattrapant dans un réflex la boîte du café. Je posa doucement la bague sur le comptoir puis j’essorai ma chemise. Me retournant vers le jeune homme, mes yeux s’écarquillèrent sous l’ampleur des dégâts. « Nom de Dieu! Je suis désolée! » m’exclamai-je en arrachant une lingette des mains d’une des vendeuses, qui semblait choquée. Elle avait la main posée sur la bouche et tendait de l’autre une boîte de lingettes. Essuyant frénétiquement le costume du jeune homme je continuai dans mon élan « Je suis sincèrement désolée, je vous rembourserait le pressing monsieur… », la vendeuse s’était approchée et me murmurait à l’oreille « … le sous-directeur. »

Je marquais un petit temps de pause, me demandant si mon âme n’était pas vouée au diable. L’avais-je vendue à celui-ci étant plus jeune? Non, sinon je m’en souviendrais. J’ouvris la bouche prise par une immense confusion « ah… c’est-à-dire… que… ».