Mercredi. Journée de milieu de semaine. Heureusement, il faisait un temps magnifique, vraiment. Un soleil chaud mais pas trop, une petite brise légère tout ce qu’il y a de plus parfait pour passer une journée à l’extérieur. C’était surtout une journée de laquelle il fallait profitée puisqu’en Russie, ce genre de journée n’arrivait pas tous les jours... Par contre, il avait été fort déçu en début d’année lorsqu’on lui avait tendu son horaire. Un horaire différent de celui de May-Lee. Il avait alors cru qu’ils ne pourraient jamais se voir, mais il s’était tout de suite convint du contraire et il avait bien fait puisque généralement, les heures auxquelles se terminaient leur journée se ressemblaient. Comme aujourd’hui. À treize heures, leur journée de cours était achevée et ils pouvaient donc profiter du reste de la journée. Lukas lui-même avait donné rendez-vous à sa douce dans le jardin de roses à treize heures quinze tapantes, promettant d’être là... Or, avec Lukas, il ne faut jamais prendre l’heure qu’il dit au pied de la lettre. Il est toujours en retard. Pourquoi ? Parce qu’il oubli de surveiller l’heure qu’affiche son cellulaire. En prime, il est souvent distrait par pleins de choses futiles.. Comme du manger, son renard - qui en fait l’évite de se casser la gueule deux fois plus souvent -, le sol qui représente une ennemi de taille à ses pieds.. Bref, pleins de choses.

Son cours se termina et il sortit de la salle de classe, comme tout le monde. Le jeune loup-garou pressa le pas pour gagner son dortoir puis sa chambre le plus rapidement possible, histoire de retirer l’uniforme et de mettre des vêtements normaux. À peine poussa-t-il la porte que son animal de compagnie bondit en bas du lit pour venir se frotter contre sa jambe et l’escorta jusqu’à sa commode en trottinant. Il en sortit un jean, un t-shirt et un gilet à mettre par-dessus. Choi alla rapidement se changer pour ensuite revenir dans la chambre où Fuego l’attendait avec impatience. Souriant, il s’accroupit en petit bonhomme au côté de son animal, le caressant entre les deux oreilles.

« Tu voudrais bien sortir dehors aussi hein mon gros ? Je t‘emmène, uniquement si tu ne nous importune pas. »

Le renard sembla être d’accord avec ce marché et ils sortirent de la pièce. Lucky marchait lentement, les mains confortablement glissées dans les poches de son jeans, alors que normalement il aurait presque dû courir. Si seulement il prenait la peine de faire attention à l’heure. May-Lee allait certainement encore l’engueuler, mais lui ne retenait pas la leçon. Quand elle le sermonnait, il ne voyait là qu’un magnifique prétexte pour admirer ce visage fait de porcelaine. Marchant paisiblement, il se laissa aller à penser à tout ce qu’il pourrait faire avec Hwang aujourd’hui, puis soudain, une légère douleur au mollet. Dans un réflexe, il voulut s’éloigner de la source inconnue qui avait causé cette légère douleur, mais en même pas trois secondes, il se prit le pied droit dans le gauche et le voilà par terre. Pas la moindre idée de ce dont il avait s’agit, toutefois il sentit une pression sur lui alors qu’on lui retira son téléphone de la poche arrière de son jeans. Fuego laissa tomber l’appareil sur la cuisse de son maître qui s’était retourné et redressé en position assise, glissant un regard curieux envers son animal. Étais-ce lui qui l’avait mordu ? Probablement, puisqu’il venait de lui donner son portable. Enfin, pourquoi faire ? Lukas se releva, passant une main rapide sur ses vêtements par un réflexe naturel pour enlever de l’éventuelle poussière et alors qu’il voulu remettre son cellulaire à sa place, son renard émit une sorte de grondement - enfin, le bruit bizarre qu’émettent les bêtes de son espèce -. Choi haussa un sourcil puis ouvrit plutôt le rabat de l’appareil.

« 13h23 !? Comment je fais pour être toujours en retard !? »

Fuego ne lui donna évidement aucune réponse, mise à part celle où il était déjà bien plus loin dans le couloir, l’incitant à se magner un peu. Lukas rangea son téléphone portable et accéléra le pas. Il courrait presque si on peut dire. Elle allait le tuer. Honeycomb qui déteste attendre en plus et il le sait. Il le savait pertinemment et pourtant, il continuait à agir de la sorte. Même après cinq longues années. Un vrai boulet dis donc, pur et dur. Décidément, ce petit ne changera jamais. Et pour ça, il allait se faire arracher les yeux. Qu’avait-elle dit la dernière fois qu’il était arrivé en retard déjà ? Merde. Il ne se souvenait pas non plus. Et si jamais ça avait été super important ? Oui, non. Impossible. May-Lee le sermonnait sans cesse à ce sujet, mais elle n’irait tout de même pas jusqu’à lever une menace contre lui, sûrement pas.

Il arriva au point de rendez-vous. Le renard roux s’éclipsa comme convenu et lui, il posa son regard sur Hwang qui patientait depuis facilement une dizaine de minutes de trop maintenant. Il se sentait mal. Normalement, ça devrait être l’inverse. Ça devrait être lui qui attend après elle. Il approcha de la louve, lentement, presque piteux. Elle avait l’air plutôt mécontente avec ses bras croisés sous sa poitrine. Pourtant, lui, il mourrait d’envie d’aller la serrer dans ses bras pour lui cueillir leur premier baiser de la journée.

« Honeycomb... Je suis vraiment désolé ! J‘étais pourtant persuadé d‘arriver à temps ! Je sais pas comment je fais pour être toujours en retard ! »

Le pire est que c’est vrai. Lukas n’avait pas la moindre idée de comment il faisait pour ne jamais être à l’heure. Pourtant, il était sortit de la salle de classe, avait filé directement à la chambre, s’était changé et était repartit. Normalement, ça ne prend pas plus d’une dizaine de minutes faire tout ça et arriver ici si on se grouillait un peu. Alors comment expliquer les... quinze minutes dans le néant ? Si ça se trouve, il y avait une malédiction sur lui qui avançait l’heure deux fois plus vite pour lui que pour le reste de la planète.

j'ai jamais fais un perso autant amoureux o: je m'éclate XD

« YAH! CHOI LUKAS! do you wanna die?! » Bien sûr que non il voulait pas mourir. Face au fait que sa louve utilisait l’anglais, il ne pu s’empêcher de souffler un nouveau « Honey, i‘m really sorry ! » avec tout l’espoir du monde que cela suffirait à la calmer, bien qu’il en doutait fortement. Il était un boulet de première classe, il en était conscient mais n’arrivait pas à changer. Lukas aurait voulu être quelqu’un de ponctuel, mais il n’y arrivait simplement pas. C’était un truc dont il était incapable, même avec toute la bonne volonté du monde. Vraiment, la prochaine fois, il sècherait tous ses cours pour arriver le premier... Et même là encore, Choi était persuadé qu’il arriverait après elle. Il était tellement incapable de réussir un tel exploit. Ce n’était pas bien difficile pourtant !

Sa dulcinée semblait à bout. Il la regarda secouer la tête, comme un chien regarde un os puis l‘entendit parler de nouveau. « aiish... va au diable... j'en ai assez de passer pour la méchante. je te déteste quand tu arrives en retard. » La méchante ? Il n’y a que May-Lee pour croire qu’elle avait le rôle de la méchante. C’était lui l’être complètement exécrable entre eux. « May ! Je t‘interdis de te donner le mauvais rôle puisque c‘est à moi qu‘il revient.. Je suis le pire homme du monde de te faire attendre toute seule.. » Leur vie est un film, ne l’oubliez jamais, donc il était fort normal, que parfois leurs phrases semblaient en sortir. Lukas se rapprocha de Hwang à petits pas sûrs et peu confiants. Il craignait qu’elle ne fasse un mouvement de recule ou n’importe quoi dans le genre. Or, le belka savait très bien qu’elle l’aimait trop pour ça, même si elle ne le démontrait pas autant que lui le faisait. Lentement et avec douceur, le loup se risqua à décroiser lui-même les bras de la louve, laissant ses propres mains glisser le long des avant-bras de May pour finalement aller nouer ses doigts avec les siens. Le bridé tenta même un fin sourire, histoire de l’adoucir. « aller... Sois pas fâchée, tu es cent fois plus jolie quand tu souris... » Et il le pensait vraiment. Le côté fâché de sa douce aurait pu être sexy, seulement si cette attitude n’avait pas été portée contre lui, du coup, il la préférait largement quand elle était de bonne humeur et qu’elle riait. Parce que l’entendre rire était probablement une des plus belles choses qui faisaient battre son coeur.

Puis, il faisait un temps magnifique. Autant en profiter pendant que ça durait. Parce qu’un coup que l’hiver arriverait, ils sortiraient beaucoup moins souvent dehors et Hwang devra de nouveau se coltiner un Lukas qui trimballe trop de vêtements sur lui ainsi qu’une énorme doudou, de peur d’avoir froid. En prime, l’endroit où il lui avait donné rendez-vous était super romantique - un jardin de roses, avouez que c’est chou - et avec son humeur ravageuse, la jeune femme avait fait fuir pratiquement tout le monde. Donc, l’endroit leur était quasiment réservé. Ça aurait été un moment parfait pour faire quelques folies de jeunesse, mais Luckycharm n’eut même pas le temps d’y penser que c’était déjà rayé de la liste car il savait très bien ce qu’en dirait Honeycomb. Puis, de toute façon, pour une première fois, y’avait mieux comme endroit. Bref, le jeune homme poussa sa chance jusqu’à l’emmener en direction d’un banc isolé, entouré des hauts rosiers, procurant ainsi une grande sensation d’intimité. Il s’installa le premier sur la surface de bois, puis invita sa petite amie à prendre place sur ses cuisses et passa ensuite ses bras autour de la taille de cette dernière, faisant en sorte qu’elle n’avait pas d’autre choix que de s’adosser contre lui.

« alors... Comment a été ta matinée ? » Peut-être n’étais-ce pas le sujet le plus intéressant, mais au moins ça avait le mérite d’en être un. Puis, il préférait toujours ça que de l’entendre lui faire un sermon, ou alors de le menacer de le quitter s’il arrivait encore en retard. Il se doutait bien qu’elle ne trouverait jamais le moyen de faire une telle chose, mais une toute petite partie au fond de lui ne pouvait s’empêcher de garder une crainte. Et si un jour, la jeune femme mettait vraiment cette menace à exécution ? La réaction de Lukas était évidente : il ramperait à ses pieds en la suppliait de revenir vers lui. Le loup-garou n’a jamais été quelqu’un avec beaucoup de colonne quand il s’agissait de May-Lee - voir même un peu n’importe qui, bien qu’il ne supplierait pas grand monde de la sorte non plus, il avait sa dignité -. Or, sa louve le rendait encore plus faible et vulnérable qu’il ne l’était déjà. Sans elle, il serait déboussolé. Elle faisait partie intégrante de sa vie et ce, quasiment depuis sa naissance. Ils étaient le complément l’un de l’autre et pourtant, lui se disait qu’elle n’aurait aucune difficulté à se trouver un autre partenaire. Il suffisait de la regarder. Elle était grande, belle et gracieuse. Un visage de porcelaine et des joues de bébé. Des cheveux plus doux que du satin et qui sentaient encore meilleur que ce jardin.

Son étreinte autour de la jeune femme se resserra légèrement. « Honeycomb ? » Sa voix ressemblait presque à un murmure tant elle était douce et d’un timbre sonore relativement bas. Il n’avait pas grand chose de particulier à lui dire, hormis cette petite phrase qu’il lui répétait si souvent.. « t‘ai-je déjà dis ô combien tu es jolie et que je t‘aime... ? » Évidemment qu’il le lui avait dit. Des millions, voir des milliards de fois pendant ces cinq ans et même avant. Avant d’être un couple c’était surtout des " je t’adore " et des " ça te va bien ce que tu portes ", mais ça voulait pratiquement dire la même chose.