"Je suis fatiguée... et je n'ai encore rien fait de la journée, c'est grave !"

Toute seule dans son coin, Cheryl marmonnait des choses incompréhensibles, se plaignant calmement, histoire de ne déranger personne d'autre qu'elle-même. Nous étions un samedi et les samedis quand il fait beau, Cheryl passait ses journées sous sa forme de hibou à vagabonder dans l'école, à surveiller les autres élèves, à voler dans les aires, à vivre librement sa vie. D'ailleurs, elle ne passait que ses journées ensoleillées, sous sa forme animagus, car étant une vampire rejetant le soleil et ne vivant que dans l'ombre, sous sa forme de hibou, elle pouvait sortir comme elle voulait sans craindre le soleil. Il est vrai que ces capacités de métamorphose, était presque une aubaine pour elle, lui permettant de circuler à toute heure en toute tranquillité. Mais cela ne valait que quand il faisait beau, triste soit-il, tout à une limite. Car quand il pleut ou quand le vent souffle fort, Cheryl ne peut pas tranquillement voler, l'obligeant à souvent s'arrêter pour faire une pause et c'était loin d'être agréable, un peu comme le soleil pour sa forme humaine. Alors, généralement quand il faisait mauvais temps, comme aujourd'hui d'ailleurs, elle passait son temps à travailler. Évidemment, tellement sérieuse, elle avait déjà tout fini la veille, espérant que le lendemain, elle aurait pu passer la journée entière, l'esprit léger. Elle avait donc beaucoup de regret et comme toutes ses révisions étaient faites et ses devoirs aussi, elle n'avait strictement rien à faire. Elle aurait pu surement relire ses fiches encore toute la matinée, mais décidément, après avoir autant fourni d'effort la veille, elle n'en avait plus le courage.

Elle restait donc là, dans l'ombre de sa salle commune, éloigné des autres, à regarder par la fenêtre la pluie tomber en abondance. Elle pleurait intérieurement, elle aurait pu passer une si belle journée. C'est d'ailleurs pour cette raison, qu'elle restait loin des autres, elle s'apitoyait tellement sur son sort, que ça aurait démoralisé tous ses amis et puis eux naturellement, la fuyaient, comme si c'était la période des menstruations, si évidemment un vampire peut avoir des cycles pareils. Pour elle, ses menstruations, c'était généralement le dégout du sang fourni par Dasy et l'envie inopinée du sang fraichement et directement prélevé d'un cou tendre. C'était beaucoup plus rare, que les dites menstruations des êtres vivants, mais ça se suivait en cycle, évidemment en ce moment-même elle n'avait aucune envie d'aller mordre un pauvre loup ou un pauvre sorcier, elle était totalement rassasiée et ne pouvait surement plus rien ingurgité d'autre. Mais sa pale figure et ses yeux noirs, ne pouvait que faire fuir et certains amis, proche d'elle, s'amusait à dire, que ses anglais allaient débarquer et que le massacre allait bientôt débuter. Qu'est-ce que les kaban pouvaient être parfois gamin. Au bout d'un certain temps, elle se déplaça quand même pour aller chercher un bouquin dans son dortoir. Ne rien faire, l'enfonçait de plus en plus dans la déprime et elle avait besoin illico de s'occuper avant qu'elle ne devienne qu'un corps sans âme, tel un énorme légume étalé sur le siège au fond de la salle commune. Elle préférait même écouter les longues histoires que racontait Lukas à son noche adoré, noche qui n'est autre que Cheryl sous sa forme de hibou, celui-ci ne savait pas du tout, qu'en faite, ce beau hibou blanc, n'était autre qu'une élève un peu plus âgée que lui et sans se poser la moindre question, il lui racontait même des choses parfois intimes et la jeune kaban savait surement tout ce que qu'il fallait savoir sur sa vie, comme un peu comme un journal intime, mais vivant et avec une conscience.

Elle revint après quelques minutes de son dortoir avec un gros bouquin entre ses petites mains, une encyclopédie ou un grimoire, elle-même ne le savait pas, elle avait surement pris le premier bouquin qui lui passait sous la main. Elle se replaça à sa place originelle et commença à le feuilleter douloureusement. À chaque page tournée, elle soupirait fortement, ce qui en même temps attirait les regards et à chaque fois qu'elle avait fini une page, qu'elle ne lisait pas d'ailleurs, ses camarades se tournaient vers elle silencieusement et attendaient surement calmement que cette bombe à retardement explose enfin. Enfaîte chacun d'eux savaient que dans ces moments-là, ils ne devaient pas chercher très loin, c'était Cheryl quoi. Après quelques minutes de manège avec son bouquin à l'envers, elle fit un énième soupire et en dans un mouvement rapide, ferma le livre et fixa les yeux interrogateurs tournés vers elle depuis déjà un moment, pour leur répondre, elle fit un sourire forcé et crispé, tellement crispé, qu'il faisait plus peur qu'autre chose.

Elle se leva et se déplaça pour déposer le livre au milieu de la table basse ornant la salle commune et sans un regard vers ses amis et camarades, elle prit la sortie en formulant un "J'y vais !", rapide, mais distinct. Arrivé dehors dans les larges couloirs de l'aile sud, elle regarda autour d'elle, ce qu'elle cherchait, c'était surement son hamster, qui avait laissé seul sa maitresse, malgré le mauvais temps, pour aller faire sa balade matinale, "Raaah ! Qu'est-ce qu'il peut être casse-couille celui-là, je vous jure !" marmonna-t-elle sans faire attention aux regards qui s'étaient arrêtés sur elle, décidément aujourd'hui tout le monde était décidé à la fixer sans aucune raison valable. Elle avait quelque chose sur son visage ou quoi. Quand elle bougea enfin pour essayer d'aller au château, elle tomba sur la "gentille" concierge, plus énervante que gentille, pour dire vrai. Elle s'arrêta en face d'elle avec sa vieille mine habituelle, Cheryl eut rapidement les yeux grands ouverts, surprise de son apparition soudaine."Mademoiselle Davis, n'avez-vous pas mieux à faire que de flâner dans les couloirs ?" Cheryl aurait surement voulu lui répondre, mais elle n'en eut pas le temps, car la vieille dame mâcha rapidement "Aller ! Retournez dans votre salle commune, vous avez des devoirs à faire, non ?". Elle ne savait pas pourquoi, mais la blonde se sentait grandement visée, car même si le couloir était remplit de monde, c'était elle qui était attaquée et personne d'autre. Peut-être qu'elle devenait parano, mais vu comment la concierge la traitait, elle pouvait difficilement croire que c'était elle-même qui délirait et avait parfaitement compris que la vieille peau, lui en voulait vraiment. Pourquoi ? Cheryl n'en savait rien, peut-être parce qu'elle était plus belle qu'elle, avec ses beaux cheveux blonds. Non la blonde n'était pas narcissique, juste un peu beaucoup réaliste. En guise de réponse donc, elle lui fit un simple sourire glacial et sans perdre un instant, elle l'esquiva froidement et s'éclipsa le plus rapidement possible.

Elle passa par le passage qui reliait l'udovolʹstvie's hall à l'enceinte du château. Arrivé dans le vaste endroit qui s'offrait à elle, elle escalada rapidement les escaliers pour arriver au premier étage. Elle n'avait surement rien à faire dans cet endroit, encore moins que dans sa salle commune, mais préférait glander et flâner, que de foutre une mauvaise ambiance parmi ses camarades qui s'occupaient calmement. Arrivé dans le couloir, elle s'arrêta un instant face à la grande fenêtre, qui permettait d'éclairer plus que suffisamment le large couloir et pendant un court instant de déprime, elle regarda la pluie tomber. C'est vrai que c'était assez beau à voir, mais cela restait tout de même décourageant et déprimant, surtout pour une vampire qui aimait sa forme animale et qui essayait de passer le plus de temps possibles sous cette magnifique forme. Après avoir bien déprimé, elle se détacha de la fenêtre, pour mieux regarder le couloir. Elle observa discrètement les personnes qui y circulaient, jeta un petit coup d’œil, pour vérifier si la concierge ne l'avait pas suivi, puis son regard tomba sur son fameux ami, Lukas. Il semblait être seul, sans sa très chère petite amie, qu'il affectionnait tant. Elle décida donc, de faire ce qu'elle faisait habituellement. Elle s'éloigna de son coin pour se placer au milieu du couloir, marcha doucement et lentement et arrivé à sa hauteur, elle le fixa calmement et lui adressa l'un de ses plus beaux sourires, elle était contente de le voir, elle lui rappelait sa forme de hibou et ses histoires qu'il raconte sans gène, elle l'aimait bien, même si celui-ci, ne la connaissait pas du tout et elle trouvait ça triste, même si elle ne pouvait pas faire autrement. Après être passé à côté de lui et avoir capté son regard, elle se détourna pour continuer son chemin, comme à son habitude.

Y fait moche dehors. Lukas soupira. Il n'aimait pas quand le temps était hideux. Il avait besoin de voir le soleil, de sentir sa chaleur sur sa peau, parce qu'il devait bien l'avouer, le jeune homme avait tendance à avoir facilement froid. C'est pour cette raison que même par des vingt-cinq degrés, il arrivait à supporter le port d'un pull, même si plusieurs le regardait de façon étrange. La pluie, la neige, le vent... tout ça le rendait plutôt à plat, mais ça ne l'empêchait pas non plus d'être une boule joyeuse dès qu'il retrouvait la compagnie d'un ou une amie. Il trouvait rapidement un bon côté à ce que la température soit moche. Comme aujourd'hui. Aujourd'hui, il avait proposé à May-Lee de passer la journée ensemble, en amoureux, comme toutes les fins de semaine, mais bizarrement, elle avait dit avoir autre chose à faire et qu'ils se rejoindraient pour manger le soir et passeraient la soirée ensemble plutôt. Le voilà donc avec plusieurs heures à tuer devant lui. Qu'en faire? Voyons, c'est Choi Lukas, il trouve toujours un truc à faire. Présentement, le loup-garou jouait avec son renard. À quels jeux on peut jouer avec un renard? Les mêmes qu'avec un chien, évidemment. Sauf que Luckycharm avait appris un tout nouveau jeu à Fuego: cache-cache. Oui, le renard roux jouait à cache-cache avec son maître dans l'établissement. Choi avait très clairement expliqué le territoire sur lequel ils jouaient à son animal de compagnie et c'était bon... Voici donc comment passer un avant-midi à la manière de l'australien.

À midi, il alla manger, accompagné de son canidé qui resta sagement couché près de lui, sans rien quémander parce qu'il préférait – et de loin – aller se chasser un bon lapin dans la forêt. Tant mieux, comme ça, Lukas n'avait pas besoin de lui fournir à manger et honnêtement, c'était une chance parce qu'au moins une fois sur deux, il aurait oublié. Le bridé pris donc tout son temps pour engloutir un repas digne d'un roi. Allez savoir où il stockait toute cette nourriture, c'était un miracle qu'il ne soit pas encore obèse. Il profita du moment pour faire un brin de causette avec ses amis, mettant à jour quelques petits potins que lui racontaient ses amies de filles et écoutant avec exaspération les «  conseils  » de ses amis masculins. Quel genre de conseils? Des conseils d'hommes, vous savez... le genre de «  comment convaincre May-Lee de coucher avec lui  », vous voyez le style maintenant? Certes, il les écoutait sans rien dire, mais il ne se servait jamais ce tout ce qu'ils pouvaient lui raconter. Parce que même s'il trouve que ça fait suffisamment longtemps qu'ils sont en couple pour avoir des relations sexuelles, il ne veut pas la brusquer. Il connaît son traumatisme, le trouve parfois un peu énervant, mais l'accepte parce qu'il l'aime. Oui, la phrase classique des films à l'eau de rose, mais leur couple est un long film quétaine, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué. L’amour rend aveugle et cet amour aveuglait carrément ce pauvre loup. Bon, pauvre, faut pas exagérer non plus. Même si elle le montre moins, Hwang l’aime aussi et il le sait. Il sait pertinemment que jamais elle ne lui ferait un coup bas car ils se connaissaient depuis la tendre enfance... Enfin. Le Belka termina de manger et quitta la compagnie de ses amis de gars qui venaient de se lancer dans une discussion sur leurs récentes conquêtes : très peu pour lui. Il n’avait rien à dire sur le sujet, donc autant aller se balader.

Choi quitta la salle, son renard sur les talons qui trottait derrière lui. Le voilà encore avec une après-midi midi entière à passer. Que faire ? Décidément, il s’était levé beaucoup trop tôt, il ne savait déjà plus comment occuper son temps. Réviser ses cours ? C’était le début de l’année, il n’y avait pas grand chose à étudier. Faire ses devoirs ? Déjà fait. Généralement, il les faisait durant ses cours, écoutant vaguement ses professeurs. Non pas qu’il était un mauvais élève, loin de là, juste qu’il était plutôt doué à l’école. Du coup, aucun prof ne le sermonnait de son attitude puisqu’il avait toujours eu des notes excellentes à ses examens... Bon, c’était bien beau tout ça, mais ça ne l’aidait pas à trouver. Il longea donc les couloirs pendant un grand moment, ne sachant pas où aller, se laissant simplement guider par ses pieds maladroits. Son attention se posait sur le visage des gens qu’il croisait dans l’espoir de reconnaître un ami avec qui discuter, mais visiblement, ils étaient tous partis se cacher. Fuego accéléra sa cadence pour venir se frotter après la jambe de son maître. Lukas posa son regard sur sa bête. Il le comprenait aussi bien que si ce dernier aurait parlé le même langage que lui. Peut-être étais-ce un relent de son côté animal ou alors étais-ce simplement dû à une bonne complicité ? Dans tout les cas, le jeune homme comprit que la touffe de poil rousse voulait aller courir dehors. Il voulait aller se dégourdir librement les pattes et bizarrement, Choi en avait aussi, mais il n’irait pas. Il n’abusait jamais de cette forme sans May-Lee et même encore. Il ne le faisait pas parce que même s’il arrivait à se changer, son caractère demeurait le même. Aussi cruel et bestial qu’à ses premiers jours. Lukas n’arrivait toujours pas à se contrôler, ne serais-ce que légèrement. Il ne se rappelait jamais de ses nuits non plus. Certains sont fait pour mener ce genre de vie, lui ne l’était visiblement pas du tout, mais il s’en balançait. À ses petits yeux, tout ce qui comptait, c’était la présence de sa louve bien-aimée.

Lucky arrêta sa marche, le regard encré dans celui de son renard. Ce dernier le suppliait du regard de le laisser aller. Fuego était très bien élevé. Il obéissait à son maître au doigt et à l‘oeil. Jamais il ne lui désobéissait. Choi aurait pu lui dire de se jeter à quatre pattes dans un gouffre sans fond et il le ferait. C’était un animal d’une fidélité incroyable et heureusement, car lors des pleines lunes, Lukas avait énormément besoin de ce dernier qui lui servait à tenir à distance les pauvres fous qui approchaient de la forêt. « Vas courir, tu me rejoindras quand tu auras terminé ». Voilà. L’autorisation était lancée et le canidé partit comme une flèche, laissant un sourire naître sur le visage du Belka qui reprenait sa marche. Marche qui fut dérangée par... le sourire d’une inconnue. Par réflexe, le loup-garou sourit également, puis fronça rapidement les sourcils en se souvenant que ce n’était pas la première fois que cette mystérieuse blonde lui souriait. Tient, pourquoi ne pas s’occuper avec ça ? Il la suivit du regard, elle qui poursuivait son chemin sans avoir dit un seul et unique mot.

« Eh ! Attend ! » lança-t-il, s’empressant de changer de direction pour aller dans la sienne. Toutefois, il fit peut-être le mouvement un peu trop rapidement et se crocheta dans ses propres pieds. C’était tout lui ça. Ayant l’habitude, ses mains l’empêchèrent de s’éclater le nez contre le plancher et il se releva aussi vite qu’il avait chuté, se dépêchant de rattraper la blondinette. Ça aussi il était habitué : courir. Courir parce qu’il était toujours en retard à ses rendez-vous, autant avec Hwang qu’avec n’importe qui d’autre. C’était une mauvaise habitude qui lui collait à la peau, encore plus qu’un chewing-gum dans les cheveux.

Il attrapa la jeune femme par le bras, le lui serrant doucement afin de ne pas lui faire mal, mais juste assez fort pour la forcer à arrêter de marcher. Pour dire vrai, il commençait sérieusement à se demander pourquoi elle lui souriait à chaque fois qu’ils se croisaient. Ils ne se connaissaient pas, n’est-ce pas ? Ou alors, peut-être que le loup-garou était un terrible boulet et qu’il avait oublié son amitié avec celle-ci ? Non. Non, c’était impossible. Lukas n’est pas le genre à oublier un visage, surtout s’il n’est pas asiatique. Du coup, c’était obligatoirement une inconnue.

« Je peux savoir c’est quoi tous ces sourires ? Ne me dit pas qu’on se connait et que je t’ai complètement oublié ! »

... Ou alors c’était carrément autre chose ? Peut-être qu’elle essayait.. de le séduire ? Mais non, impossible. Enfin, regardez-le. Il n’y a bien que sa Honeycomb pour le supporter. Il n’est pas ponctuel, il passe son temps à se mettre les pieds dans les plats, il parle à n’importe qui sans aucune gêne... Le pire petit ami qu’on peut désirer, juste avec ces trois premiers faits. Alors, Lucky préférait mettre les points au clair immédiatement.

« Juste à titre informatif : je suis en couple ! Alors, si tu essais de me draguer... »

Cheryl, sous sa forme de hibou, rencontrait quotidiennement des personnes, de toute sorte, avec des caractères différents, des races différentes etc. Ses connaissances sous sa forme d'animagus étaient surement aussi variées que sous sa forme humaine et pourtant ils étaient pour la plupart différent. Car même si certaines personnes connaissaient la particularité de la blonde et sa seconde forme, ces personnes restaient extrêmement rare et se sont généralement des personnes dont Cheryl avait une totale confiance. Elle préférait donc garder son animagus en secret et elle se transformait toujours en toute discrétion. Parmi les personnes qu'elle pouvait fréquenter, en tant que hibou, il y avait surtout les personnes, qui dès qu'ils la voyaient, venaient près d'elle et la caressaient en gloussant bruyamment, "OOH ! Mais il est mignon celui-làà, tu viens amener du courrier, ROOOH ! J'ai tellement envie de te croquer", rien qu'à l'image de se faire croquer par cette personne, Cheryl avait toujours ce réflexe de mordre ou d'agiter ses ailes pour les foutres dans l’œil. À peine, elle entendait déjà "mignon", qu'elle avait envie de lui arracher les cheveux et puis c'était pas un hibou domestique, non mais. Et même si Cheryl avait tendance à être brutal avec ces personnes trop gâteuses, ne comprenant jamais la leçon, ils recommençaient bêtement. Dans ses connaissances, il y avait aussi ceux, qui, à peine la voyaient arriver, sortaient leur balais d'on ne sait où et ils essayaient vainement de l'attaquer pour la faire fuir. Généralement, Cheryl aimait bien les taquiner et n'avait aucune peur, revenant les voir régulièrement, c'était amusant et occupant.

Mais dans tout ce petit tas de connaissance, il y avait ceux, qui la prenaient comme une amie. Ils la rebaptisaient de noms plus qu'étrange les uns des autres, certains venaient et la nourrissaient, même si cela ne servait strictement à rien, à part la rendre malade. Elle en avait même connu un, qui venait avec des habits qu'il confectionnait lui-même et il la customisait à sa façon, c'était assez hilarant et Cheryl s'amusait bien, même si elle trouvait ses nouveaux vêtements ridicules, peu confortables pour voler et puis quand elle reprenait sa forme humaine, elle perdait ces stupides habits. Il y avait aussi un, se prénommant Lukas, qui sans gêne lui parlait de choses intime ou de son quotidien, comme s'il écrivait son propre journal intime, même si au départ, elle trouvait ça assez ennuyant, elle aimait pourtant l'entendre parler de ses problèmes de cœur avec sa dulcinée ou ses envies de conclure avec elle, ou de ses professeurs, de son renard fuego, de sa maladresse légendaire. Dans toutes ses histoires, la blonde avait de temps à autre, envie de l'aider, de le conseiller, de le réconforter, mais bon, un hibou qui parle, ça risquait de plus effrayer qu'autre chose et puis s'il venait à savoir pour sa vraie forme, ces moments de complicités allaient surement s'évaporer d'un claquement de doigt. Alors, même si elle avait grandement envie de faire partie de ses amis, elle se faisait violence et préférait que les choses restent ainsi.

« Eh ! Attend ! », la kaban qui avait fait son petit manège habituel, avait continué tranquillement son chemin ne s'attendant pas à avoir une simple attention du belka. Ce fut donc avec surprise qu'elle remarqua qu'il venait de s'adresser à elle. "Hé merde" mâcha-t-elle entre ses dents, elle se retourna rapidement vers lui, le voyant se ramasser et prit cette occasion pour s'enfuir, il ne fallait en aucun cas qu'il la rattrape, sinon s'en était fini. Elle prit donc une allure beaucoup plus rapide, tout en marchant, il n'allait tout de même pas courir pour la rattraper. Elle ne sentit que trop tard, sa main prendre son bras et soudainement elle se retrouva face à lui. Il ne serrait pas fort, mais assez pour qu'elle ne s'échappe pas, triste soit-il, elle aurait tellement aimé pouvoir s'enfoncer six pieds sous terre. Ils se regardèrent un instant, elle essayait toujours faiblement de se débloquer pour s'enfuir. « Je peux savoir c'est quoi tous ces sourires ? Ne me dit pas qu'on se connait et que je t'ai complètement oublié ! » sur cette phrase, Cheryl ne put que sourire, évidemment qu'ils se connaissaient, il aura beau ne rien savoir sur elle, Cheryl, elle savait surement tout sur lui. Le lui dire, là tout de suite maintenant ? Cela démangeait grandement la blonde, elle n'avait qu'une envie, lui avouer tout et peut-être qu'avec une chance rien ne changerait. Mais elle savait très bien, qu'on ne pouvait surement pas avoir le beurre et l'argent du beurre, c'était trop demander et elle n'avait pas autant de chance dans ses veines. Alors, elle s'était décidée à ne rien dire quitte à rester muette et s'enfuir quand le moment sera assez bon pour se défaire de lui. Elle le fixait donc calmement, attendant sagement qu'il laisse tomber.

Puis il reprit « Juste à titre informatif : je suis en couple ! Alors, si tu essais de me draguer... » Cheryl ne lui laissa pas le temps de continuer, elle n'avait pas pu s'empêcher de rire, à vrai dire cette situation était tellement marrante. Lui croire, qu'elle le draguait, même si cela ne pouvait pas forcément étonner la blonde, elle n'avait pas pu empêcher son fou rire plus nerveux qu'autre chose, d'ailleurs à ce moment-là, elle ne réfléchissait plus vraiment, ses nerfs, qui lui permettaient de rester calme et de réfléchir à la situation, avaient complètement lâchés et puis entre deux rires, elle articula difficilement, mais distinctement "J'le sais patate, tu me l'as répété des centaines de fois, en long, en large et en travers ! Et puis noch...". Soudainement elle s'arrêta de rire, restant sur la dernière syllabe de "noch" , elle venait de faire une boulette effroyable, elle avait limite presque tout avoué et s'était inconsciemment jetée à l'eau. Elle resta figée face à lui, ses grands yeux noisettes ouverts avec des larmes qui continuaient toujours à ruisseler tellement elle avait ri, sa bouche légèrement entrouverte qui marquait sa surprise, elle resta dans cette position quelque instant, l'air complètement bêta, puis après avoir reprit ses esprits, et agita ses mains en marmonant un rapide "Oublie, j'ai rien dit !", elle se détacha de lui, reprenant possession de son bras et se mit presque à courir pour lui échapper. Elle détala sur quelques mètres, avec une seule obsession en tête, ne plus le revoir sous sa forme humaine, quitte à devoir se cacher, à chaque fois qu'elle le voyait, elle l'éviterait ça c'est certain.

Mais voilà qu'après une bonne dizaine d'enjambées, tellement dans ses pensées et oubliant presque de courir normalement, elle se prit le pied, dans quelque chose de non identifié et se ramassa lamentablement à terre. Elle, qui n'était pas habituée à tomber et à se rattraper, tellement agile de nature, fut complètement prise au dépourvue quand son visage rencontra le sol, de la plus jolie façon possible ou plutôt ridicule, mais dans cette situation, valait mieux embellir les choses pour ne pas craquer. Après quelques secondes, légèrement choquée, elle se releva difficilement. Dans cette chute, elle oublia surement quelque chose d'important, oubliant même de repartir pour se terrer dans un coin et ne plus en sortir pendant un long moment.

Lukas ne parle pas de ses problèmes. Jamais. C’est à peine s’il en parle à sa douce, alors imaginez. En fait, il n’aime simplement pas que les gens autour de lui soient au courant de ses malheurs. C’est sa vie personnelle, les autres n’ont pas à savoir ça. Ce qu’il préfère, c’est que son entourage le croient toujours de bonne humeur, comblé et d’une santé de fer. Or, Choi reste un être vivant avec des sentiments ainsi que des hauts et des bas. Lui aussi tombe malade. Lui également fait face à des coups du destin qui ne sont pas attendus. Lui aussi possède ses petits malheurs. Mais le loup-garou trouve la vie bien trop courte pour se rabattre sur le négatif, il préfère cibler le positif et se rabattre là-dessus. Toutefois, il y a des journées où c’est trop. Où il a simplement besoin de se vider le coeur. Avant, il se confiait uniquement à son renard, mais depuis quelques temps, il s’était trouvé un nouveau compagnon à qui raconter tout, comme s’il écrivait dans un journal intime. Un hibou. Noche. Le bridé a toujours eu une grande facilité à apprécier les autres animaux, alors tout de suite, il s’était senti assez en confiance avec l’oiseau qui était resté pour commencer à lui raconter sa vie. Pourquoi ? Il ne le savait pas et ne voulait pas tellement en chercher la raison. Ça lui faisait du bien, c’était tout ce qui lui importait. Ça lui faisait du bien de parler de ses problèmes de couple à quelqu’un sans se faire quasiment aussitôt proposer un plan qui ressemblait presqu’à un viol. Alors, Lukas avait simplement arrêté de vouloir se confier à ses amis et s’était tourner vers les animaux. Eux, ils ne parlent pas. Eux, ils ne te propose pas un tas de solutions qui ne changeront rien. Eux, ils écoutent et c’est tout ce dont il avait besoin...

Il donna son accord à Fuego pour qu’il aille courir librement dans la forêt. Ce dernier y trouverait son repas et reviendrait repu. Puis de toute façon, Choi savait toujours où se trouvait son renard. Pas exactement, bien sûr, mais il savait quand ce dernier était trop loin. C’était une impression qu’il avait développé avec les années. En fait, le renard roux est totalement natif de cette forêt. Lukas l’a trouvé lors de sa propre première année entre ses murs, après une pleine lune. Visiblement, c’était lui qui l’avait blessé et il s’était senti si mal qu’il s’était juré que plus rien ne ferait de tord à cette pauvre bestiole. Or, Fuego est un mâle fière et têtu. Au début, le canidé refusait que le loup-garou l’approche. Il l’a même déjà mordu à plusieurs reprises, mais avec le temps, leur relation s’est améliorée jusqu’à devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Lukas adore son renard. Il était probablement le meilleur allié dont il aurait pu rêver..

Le cours de ses pensées fut interrompu par le sourire d’une inconnue. Cette fois, l’australien était bien résolu à savoir le fond de l’histoire. Pourquoi lui souriait-elle ? Ils ne se connaissaient pas. Pourtant, Choi était exactement le genre de personne à parler et sourire à n’importe qui, alors il était probable qu’il lui ai déjà adressé la parole, mais qu’il avait oublié. Voulant savoir l’origine de ces nombreux sourires précédents, il fit volte-face pour partir en sa direction. Mais tout le monde connait Luckycharm et sa légendaire maladresse. Heureusement pour son visage, le Belka avait d’excellents réflexes et pu donc s’empresser d’aller empoigner le bras de la blondinette. Son regard trouva celui de la jeune femme et il parla le premier, jusqu’à ce qu’elle le coupe dans son impression de se faire draguer. Elle rigolait, ce qui fit comprendre à Lukas qu‘elle n‘essayait pas de le séduire. Pfiou. « J'le sais patate, tu me l'as répété des centaines de fois, en long, en large et en travers ! Et puis noch... » Il figea. Quoi ? Elle était bien sur le point de dire « Noche », n’est-ce pas ? Et une seule personne sur cette planète savait qui il appelait ainsi : le hibou lui-même. Elle l’espionnait ou quoi ? Toutefois, sa façon de parler laissait croire que c’était directement à elle qu’il avait raconté ses histoires. Ils étaient là, un en face de l’autre à ne plus bouger, comme des cons en fait. Le coeur de Lukas ne battait plus et ses yeux avaient atteint leur limite de rondeur. « Oublie, j'ai rien dit ! » Mais oui... Elle se libéra de son emprise sans difficulté puisque lui était toujours incapable de bouger, cherchant à comprendre comment elle pouvait être au courant.

Il la regarda filer à l’anglaise et seulement quelques mètres plus loin, se ramasser magnifiquement contre le plancher. Animagus. Ce mot le frappa de plein fouet. C’était la seule option plausible. Profitant du fait qu’elle venait de se planter, Lukas en profita pour aller de nouveau vers elle, l’empoignant par l’épaule alors qu’elle se relevait, la forçant ainsi à revenir face à lui. « Animagus. » Lâcha-t-il, simplement comme premier mot avant de poursuivre. « Tu es une animagus, c’est ça ? C‘est la seule explication que je vois. » Il la fixait, la pressant de son simple regard à lui dire la vérité. Certes, même sérieux, Choi n’a pas grand chose de menaçant tant qu’il n’est pas habillé d’une épaisse fourrure, mais tout de même. Mais il était également inquiet. Le loup-garou était paniqué à la simple idée qu’un autre être humain soit au courant de sa vie et ce, de long en large. Il voulait tellement garder tout ça pour lui. Garder ses nombreuses querelles avec May-Lee une fois les deux dans un lit - et que le tout finissait toujours par un simple dodo -. Garder ses secrets, secret. Parce qu’un loup-garou cache forcément des choses horribles. Cacher le simple fait que son propre père souhaitait le tuer d’une balle entre les deux yeux depuis qu’il est ce qu’il est. Même Hwang ignorait combien il était dangereux pour lui de retourner dans sa maison durant les vacances. Non. Vraiment, le Belka ne souhaitait pas une telle chose. C’était bien la dernière des situations qu’il voulait vivre : partager ses secrets avec un autre humain - enfin, loup-garou, vampire, sorcier, peut importe -.

Ses yeux semblaient presque tristes et son coeur avait recommencé à battre et ce, d’une manière effrénée. Si elle était réellement un animagus, Lucky aurait donné toute sa fortune pour qu’elle lui ment. Or, il voulait la vérité. Il ne se comprenait plus et détestait cette impression. Puis finalement, il ferma les yeux une seconde ou deux avant de les rouvrir, lâchant l’épaule de la blonde. Il ne se faisait pas d’idée, c’était sûr à presque cent pourcent. La façon dont elle avait parlé était trop simple d’analyse.

« Dit-moi juste la vérité. »

Animagus ? Pour Cheryl à une certaine époque ce fut comme un rêve, quelque chose de non réalisable qui sortait juste de l'imaginaire. Elle s'était mainte fois dit, que c'était impossible, que tout ce qu'elle accomplissait dans cette quête allait de toute façon, avec le temps, s'évaporer comme si tous les efforts, qu'elle avait fourni, ne servaient à rien. Devenir Animagus était surement quelque chose de compliqué et de laborieux, avoir une totale confiance en soit, était plus que nécessaire et Cheryl ne l'avait pas cette confiance en elle, même si elle travaillait durement, elle se disait toujours au fond qu'elle ne réussirait jamais, qu'il n'y avait que les sorciers expérimentés qui pouvaient réussir et qu'en plus elle n'était pas sorcière. Ce n'était qu'une simple vampire sans particularité, autre que ses canines pointues. Mais elle devait le devenir et faisait tout, même désespérément, pour s'accrocher à ce rêve ou plutôt à cette résolution. Car au départ, pour elle s'était loin d'être un rêve, mais plutôt quelque chose de tellement évident... Quand elle apprit qu'on pouvait se transformer en un animal voulu, elle a tout de suite pensé à sa mère défunte et à son hibou disparu, elle avait donc commencé naturellement à travailler, mais c'était rapidement décourager, vu l'ampleur du travail.

Mais ce fut tout de même avec un peu d'espoir et de l'intelligence, qu'elle réussit enfin à devenir l'animagus qu'elle était devenue, car oui pour être animagus, il faut être intelligent et doué. Il faut avoir de bon contact aussi, comme le prof de métamorphose, qu'elle avait surement harcelé des centaines de fois, sur des questions entourant les transformations et l'animagus en général. Mais pour autant, elle avait trouvé un moyen pour ne pas lui révéler son projet, ne voulant tout simplement pas que ça se sache par n'importe qui. Et puis, le prof ne pouvait tout simplement pas l'ignorer, elle faisait, tout de même, partie des meilleurs éléments de sa classe, chose naturelle pour une personne qui cherche à devenir animagus. Alors, après quatre années de dur labeur à devoir lécher les bottes de son prof ou encore à devoir se cacher des regards indiscrets pour s'entrainer dans le calme, elle était enfin parvenue à se transformer en hibou. Ce hibou ressemblait presque parfaitement au hibou de sa mère, ce fut la seule image qu'elle avait en tête lors de ses entraînements, ce fameux hibou, il n'avait que lui qui comptait, elle ne voulait pas d'autre animal et n'aurait surement pas pu supporter se transformer en autre chose que le hibou, c'était impossible, elle voulait être un hibou et serait donc un hibou.

Alors, on pouvait facilement comprendre pourquoi elle ne voulait pas montrer son dur travail à n'importe qui, car même si naturellement, elle aurait eu envie de le montrer à tout le monde, elle voulait absolument le garder pour elle et le montrer à personne et surtout pas à quelqu'un de totalement inconnu. Et puis rester dans "l'animagus anonyme", le simple animal tout à fait normal, était surement mieux, elle pouvait approcher les autres sans difficulté et cette forme lui permettait le plus souvent d'être sous une couverture fiable. Alors, après en sachant ça, entendre le mot « Animagus » sortir de la bouche du belka, la choqua légèrement, ce qui la laissa bouche-bée. Car même s'il n'était pas un total inconnu, loin de là même. C'était lui et principalement lui, qui devait rester dans l'anonymat. Il ne devait rien savoir, même si Cheryl avait grandement envie de le lui dire, il ne devait pas, en aucun cas. Mais comment faire marche-arrière, là, maintenant, tout de suite ? Elle ne pouvait plus, c'était bien trop tard, elle avait craché quelque chose qu'il ne fallait surtout pas dire et la voilà maintenant dans la bouse, oui on pouvait clairement dire que c'était une belle bouse. Elle avait surement pensé, que peut-être, elle aurait pu se transformer et s'éclipser rapidement. Mais il y avait trop de monde et Lukas avait les yeux rivés sur elle. Pourquoi était-elle tombée comme une nouille, elle aurait pu continuer à courir et se transformer quand plus personne n'était dans les environs, pour pouvoir lui échapper plus rapidement. Mais le destin n'était décidément pas de son côté ces jours-ci. «Tu es une animagus, c'est ça ? C'est la seule explication que je vois. ». La kaban qui était piégé, son bras bloqué par le belka, ne pouvant plus bouger. De toute façon, elle avait tellement les idées embrumées qu'elle ne pouvait même pas se tenir droit. Le mot Animagus l'ayant tout de même légèrement extirpé de son choc avec le sol, elle avait compris la situation. La blonde savait mentir, c'est ce qu'elle faisait le plus souvent, surtout quand il était question d'animagus, elle ne pouvait pas faire autrement et elle était surement assez intelligente pour inventer des trucs assez cohérents pour qu'on la laisse tranquille. Mais cette fois-ci, c'était autre chose et ce n'était surement pas n'importe qui.

Le visage rouge à cause de la chute puis aussi légèrement gênée, elle sentait son nez douloureux, la première et surement seule partie du visage à être touché par cette chute. Elle ne l'avait pas cassé, mais surement légèrement fêlé. La blonde essayant de ne plus sentir cette douleur, ne regardait pas le jeune homme dans les yeux, elle ne le pouvait pas, c'était impossible. Son regard se dirigea vers Lukas quand celui-ci lâcha son bras. Il avait les yeux fermés, comme s'il priait ou quelque chose qui s'y apparenté. En voyant cela, elle ne pouvait que mentir, elle ne voulait pas le blesser, donc ignorer la vérité et mentir n'était que la meilleure solution pour lui et pour elle. Mais avant qu'elle ne puisse l'ouvrir, il formula un « Dit-moi juste la vérité. ». Cheryl eut un léger mouvement de recule, comment après ça, pouvait-elle mentir. Elle pouvait être sans cœur, quand elle mentait, mais malgré tout elle en avait un et devoir cacher la vérité généralement, était douloureux. Elle pouvait s'enfuir, il l'avait lâché, mais à quoi bon, si elle s'enfuit ou si elle avoue tout, rien ne changera de toute façon, leur ancienne relation était complètement terminée. « Ani... Ani... Anima... gus », en formulant ce simple mot elle remarqua qu'elle tremblait. Son corps tout entier tremblait et elle ne pouvait rien faire contre, son cœur battait tellement vite. Elle reformula, en essayant de reprendre totalement sur elle « Hum... Animagus » fit-elle toujours en tremblant légèrement. « Oui, je le suis, pourquoi ? » déclara-t-elle en toute innocence un grand sourire forcé aux lèvres, comme si elle ne savait pas pourquoi il lui posait cette question. Elle ne lui avait pas menti, mais pourtant, après ça, elle s'en voulait encore plus, elle aurait voulu continuer par un « Comment tu le sais ? Tu veux toi aussi le devenir, je peux t'aider si tu veux ! » Mais non, c'était impossible, elle s'en voudrait à mort après ça et puis à quoi bon continuer, il avait compris, sa gourde de tout à l'heure était trop évidente et puis Lukas n'était surement pas si stupide que ça, elle le savait très bien.

Cheryl le regarda douloureusement, son cœur battait tellement fort, qu'elle ne sentait même plus la douleur de son nez, elle abaissa ses yeux, se tue quelque instant, puis tout en s'abaissant doucement vers le sol, la tête vers le bas, elle tenta de s'excuser avec son corps pour après formuler « Désolé, sincèrement désolé ! J'aurais dû... J'aurais dû, tout te dire dès le début ! ». Ce qu'elle avait fait, était surement pour quelqu'un qui était extérieur à la situation, peu grave. Mais elle s'était tout de même immiscée dans la vie de quelqu'un sans lui avoir demandé la réelle permission et ça elle-même n'aurait pas apprécié. Alors, maintenant qu'elle était découverte, au lieu de s'enfuir, simplement s'excuser était l'une des meilleures choses à faire. Elle se releva vers le jeune homme, elle venait juste de tout lui avouer, à sa propre façon. Elle fit un sourire légèrement triste et décida en se retournant, de s'éloigner d'un pas lent. Enfaîte, même si elle était assez triste, elle sentait un peu mieux, les mensonges peuvent devenir étouffant à force.