Rendez-vous à 22h devant la forêt pour la cueillette. Quelle connerie ! Maintenant qu'elle relisait le message de sa chère camarade de classe, marchant rapidement sous le ciel noir, elle regrettait d'avoir accepté. S'occuper du devoir de botanique à pareille heure, dans un lieu si dangereux, quelle idée. Maintenant, allez savoir qui était la plus bête des deux ; celle qui proposait, ou celle qui acceptait ? Sur le coup, angela n'avait pas cherché. Studieuse, elle avait hoché la tête, mettant ensuite la papier de côté pour s'en occuper plus tard. Voilà un de ses soucis qui était réglé, elle pouvait retourner à ses autres occupations. Mais, maintenant, elle tremblait comme une feuille. Se retrouver seule, la nuit tombée, en dehors de l'école était vraiment quelque chose de stressant pour elle. Enfin, pour tout le monde en réalité, excepté les vampires et les garous. Au final, stressant pour une centaine de personne pas plus. C'était effrayant, il était fort possible que ¾ des élèves soient dans les environs. Et, au lieu d'être rassurée par la présence -bien qu'elle ne voyait personne- de ces derniers, elle se sentait davantage mal à l'aise. Ils étaient cannibales après tout ! Et si ils n'étaient pas dans leurs chambres ou en cours, là, c'était sans nul doute parce qu'ils chassaient. Elle se sentait observée. Déglutissant silencieusement, la canadienne poursuivait son chemin, rejoignant rapidement les abords du bois. Bon, elle était où su yeon ? Tendue, angela scrutait les environs, espérant voir sa camarade arriver d'un instant à l'autre. Si c'était une blague, elle la tuerait, oh dieu que oui. Après tout, qui dans cette école ne savait pas que la brunette avait une peur bleue des loups ? Même les gens qui ne la connaissaient pas devaient s'en douter. Suffisait de parler de ces derniers pour qu'elle évite la conversation, changeant de sujet ou se trouvant un prétexte pour partir. Plus les minutes filaient, plus la pression montait, la moquerie devenant évidente : on lui faisait un sale coup, c'était obligé. Raide comme un piquet, jouant nerveusement avec ses jambes et ses mains, la kaban essayait de se persuader que celle qu'elle attendait n'avait simplement pas vu l'heure, l'oubliant. Voilà, elle n'allait pas tarder. Mais, et si un vampire l'agressait durant ce laps de temps, comme l'autre jour ? Alors qu'elle s'était sagement dirigée vers sa salle de cours, un dénommé andrew l'avait attrapée, désireux de boire son sang. Bien sûr, elle avait refusé : et, par sa faute, un innocent s'était fait sucer. Un fan de twilight, heureusement, sa culpabilité en avait grandement été soulagée. Mais imaginez un peu si ça avait été quelqu'un de plus jeune, de plus faible ? Mon dieu, elle n'aimait pas les morts-vivants. Elle ne savait jamais à quoi s'attendre avec eux, ni comment réagir. Tenir tête ou la fermer et baisser les yeux ? Gros dilemme. Ils avaient de toutes façons le dessus, il fallait juste trouver le truc pour s'en sortir indemne, ou presque. Et, surtout, éviter les dommages collatéraux. Parce que ce que les autres victimes étaient beaucoup plus importantes qu'elle, à ses yeux. Malheureusement, de nos jours, les gens étaient, pour la plupart, tous des égoïstes endurcis et il était bien rare de les voir changer, ne serait-ce que l'espace d'une seconde. Le vent soufflant dans les feuilles épaisses la fit sortir de ses pensées ; bon, elle était toujours absente. Pitié, qu'elle ne lui pose pas un lapin. Ça serait vraiment dégueulasse. Déglutissant pour la énième fois, la sorcière se retourna alors brusquement, entendant un craquement derrière elle. Par réflexe, elle poussa un cri, reculant rapidement, se prenant les pieds dans un bout de bois. Le poul rapide, elle plissa les yeux, cherchant à connaître la raison de tout cet affolement. Rien, il n'y avait personne. Le noir et le silence total. Elle était paranoïaque, voilà tout, et à tous les coups, douée comme elle l'était, c'était elle qui avait marché sur une brindille, provoquant le bruit qui l'avait faite paniquer. Appuyant ses mains sur le sol, dans l'herbe, angela se redressa, lèvres entre-ouvertes. D'accord, d'accord, mieux valait qu'elle rentre. Elle se trouverait bien une excuse au cas où sa camarade venait finalement, un peu plus tard. Après tout, le rendez-vous avait été à 22h, pas à 22h30, et c'était dangereux d'attendre ici toute seule. Elle n'aurait jamais dû venir, voilà tout. Glissant une mèche de cheveux derrière son oreille, prête à rentrer, la brunette entendit alors un nouveau bruit, différent du précédent. Quoi, qu'est-ce que c'était ça encore ? Avait-elle attiré des carnivores en criant ? Ou bien était-ce su yeon qui débarquait finalement avec une trentaine de minutes de retard ? Prenant la confiance, persuadée qu'il s'agissait de son amie, l'asiatique s'avança vers les bois, serrant les poings. Oh, oui, elle était en colère : ou, peut-être pas. Mais énervée, ça c'était certain.

Pourquoi lui avait-elle manqué de respect en lui faisant ça ? Retard, phobie, proposition dangereuse. Ne me dites pas qu'elle ne s'était pas doutée qu'angela serait mal, très mal ? Ou, peut-être qu'elle avait une excuse valable. Oui, ça devait être ça. Se calmant, la kaban fut même surprise de se sentir soulagée si vite. Maintenant elle ne serait plus seule. C'est ce qu'elle croyait. Cependant, elle avait tort. La dite su yeon était absente plus que jamais, la laissant en tête à tête avec son pire cauchemar. Son cœur s'arrêta net de battre : que les dieux me viennent en aide. Un loup-garou, imposant, bleu nuit, s'avançait vers elle, les yeux comme révulsés. Oh, jamais elle n'avait vu pareille créature, même dans ses rêves les plus effrayants. C'était plus fort qu'elle ; un hurlement passa ses lèvres, déchirant le silence. Nul doute que si elle n'avait pas été complètement paralysée en ce moment précis, elle aurait couru plus vite qu'un lièvre fuyant son chasseur. Mais, voilà, elle était crispée et il lui était impossible de faire le moindre mouvement, prise au piège. Elle était comme une touriste, tombée d'un bateau en plein océan, se retrouvant face à un requin. Que devait-elle faire ? Cette bête désirait-elle la dévorer ? Était-ce un élève qu'elle connaissait ? Cette personne savait-elle se maîtriser ? Des centaines de questions envahissaient son esprit, l'empêchant de prendre la moindre décision. Son cœur tambourinant dans ses tempes, elle ne pouvait plus quitter le roi de la pleine lune de ses prunelles vertes, serrant les dents. Ses connaissances en sorcellerie, son talent même, ne lui étaient plus d'aucune utilité. Il y avait juste sa peur étouffante qui lui tenait compagnie, la rendant comparable à une poupée de cire. Plus un battement de cils. Plus un seul bruit ; elle avait cessé de respirer, croyant naïvement qu'elle allait disparaître. Mais la bête avançait, ne la quittant pas de son regard pénétrant ; su yeon, petite pute. Elle allait défaillir, d'un instant à l'autre, se laissant dévorer sans même la moindre résistance, trop tétanisée pour se défendre. Clac. Acte divin ou non, un piège de braconniers venait de se refermer sur la patte du loup, le faisant s'écrouler sur le côté en un gémissement horrible. Un gémissement qui déchirait le cœur à tel point que tous les connards de ce monde auraient pu devenir de bons samaritains pour éviter de l'entendre. « oh mon dieu. » lâcha alors angela, ses poils s'hérissant. La créature avait totalement changé d'expression, ses pupilles traduisant à présent toute la douleur qu'elle ressentait. Insupportable. La kaban entre-ouvrit les lèvres ; quoi, pourquoi la regardait-elle comme ça ? Elle voulait qu'elle l'aide ? Mais c'était trop dangereux ! Imaginez qu'après ça, elle se jette sur elle et la dévore. C'était peut-être que du cinéma. Et, peut-être, encore, qu'il valait mieux qu'elle profite de cette occasion pour prendre la fuite. Mais en était-elle vraiment capable ? Capable de tourner le dos, les talons, de ne pas tendre la main à son prochain ? Ce loup restait un humain, dans le fond, et il s'agissait peut-être même d'un de ses amis. Il serait vraiment dégueulasse qu'elle s'en aille par peur ; cela ne rentrait pas dans ses principes. Il fallait qu'elle aide la moindre personne, et ici la moindre bête, elle marchait comme ça. Déglutissant, la gorge sèche, puis inspirant et expirant un bon coup, la brunette s’avança doucement vers maddox ; son organe vital, se trouvant au creux de sa poitrine, était maintenant au bord du gouffre. Encore un peu et c'était l'arrêt cardiaque. Bordel, que faisait-elle. Un pied devant l'autre, puis encore un, et un... elle s'approchait et, l'air de rien, elle était déjà trop près à son goût. Heureusement, elle se rappela qu'elle avait sa baguette sur elle. Parfait, elle pourrait donc rester là, près de cet énorme tronc, et délivrer la créature à distance. La sortant de sa poche, elle la pointa en direction du giena, soupirant. « allez angie, c'est qu'un loup. Tu lances ton sort et c'est fini, on s'en va. » folle ? Non pas vraiment. Disons juste qu'elle n'avait pas la chance de s'appeler Pinocchio et d'avoir un criquet comme conscience matérialisée. Elle se remontait donc le moral toute seule, avec les moyens du bord. Prononçant quelques mots en latin, elle força les dents métalliques à relâcher la hyène ; bien, ça c'était fait. Maintenant, elle pouvait courir comme une dératée à travers les bois pour sauver sa vie. La bonne chose dans tout ça ? Elle mourrait la conscience tranquille.

Oh. Mon. Dieu. Alors qu'angela s'était apprêtée à tourner les talons pour laisser la bête s'en remettre tranquillement, ne prenant pas le risque de finir en cure-dents humain, cette dernière avait dévoilé son identité. Elle n'en croyait pas ses yeux : maddox. Depuis quand était-il quadrupède ? Non, quelle question idiote ; elle s'en était toujours doutée. De un, à cause des rumeurs et de deux, parce qu'il n'avait pas été scolarisé à akiwa. Donc, logiquement, il faisait partie de ce que l'on appelait communément créatures dangereuses. Mais le voir sous ce nouveau jour, ce masque lunaire, était réellement effrayant ; choquant même. Cela sortait de l'ordinaire à tel point qu'elle n'en croyait pas ses yeux. Finalement, elle avait toujours eu peur des garous sans jamais en croiser un seul ! Et le premier qu'elle rencontrait s'avérait être quelqu'un qu'elle appréciait. Cet homme qu'elle côtoyait, qui était si charismatique, si imposant (...) non, décidément, elle ne l'avait pas une seule seconde imaginé vêtu d'un costume si monstrueux. Mais le voilà qui, maintenant, se retrouvait recroquevillé, blessé, nu, devant elle. « a-angela. n’aie plus peur. c’est que… c’est que moi. » maddox. La brunette restait debout, malgré ses jambes tremblantes, une main appuyée contre l'épaisse écorce du chêne se trouvant à ses côtés. Diable. Pourquoi était-ce lui et pas un autre qui était en train de souffrir devant ses yeux ? Vision douloureuse. Sûrement pas aussi insupportable que ce qu'il endurait, c'était certain, mais cela lui étreignait le cœur, lui donnant envie de pleurer. Qui était le connard qui avait installé un piège ici ? Qui était le connard qui avait osé blesser son ami ? Façon de parler. Ce mot, ami, n'était sûrement pas le bon. Pas tout à fait, du moins. Angela ne voyait pas réellement maddox comme un simple pote. Certes, lui la casait sûrement dans la rubrique connaissances mais ce n'était pas le cas de cette dernière. Il représentait plus, tellement plus qu'un simple mec parmi tant d'autres. Qu'un simple camarade. Qu'un simple baek. Il l'attirait, indéniablement, depuis son arrivée à dasy. Elle l'avait rencontré le premier jour où elle avait été manger au réfectoire ; elle avait pu le voir, dépité, face à son assiette de légumes. Cette vision l'avait faite sourire : un petit garçon qui ne voulait pas avaler le moindre aliment vert ou orange. Un caprice. Et c'était donc avec amusement qu'elle avait été lui proposer un échange : sa viande contre les horreurs qu'il refusait catégoriquement de toucher. Ça avait tout de suite collé entre eux et c'était même devenu une habitude que de filer discrètement son assiette à l'autre, évitant soigneusement les regards soupçonneux des professeurs. Oui, décidément, il était plus qu'un simple élève avec qui elle faisait du commerce ; et elle ne pouvait pas se cacher qu'elle rêvait d'être beaucoup plus que ça à ses yeux. « aaah putain. ça fait un mal de chien j’ai l’impression que je vais tourner de l’œil à chaque fois que je pose mon pied sur le sol. » il venait de tomber après une brève tentative pour se remettre sur ses jambes. Rapidement, entre-ouvrant les lèvres, la brunette fonça vers lui, posant ses mains sur son torse pour essayer de le soutenir. Quelle blague. Comment allait-elle le porter ? Il devait faire deux fois son poids. Trop de muscles. Trop grand. Mais elle n'allait pas le laisser moisir ici, pas moyen, tant pis si, pour ça, il fallait qu'elle se brise la colonne vertébrale. Il était dans un était si pitoyable, c'en était effrayant. Fiévreux, en sueur, possédé par des spasmes. Jamais elle n'aurait pensé que cela puisse faire si mal que de se retrouver le mollet croqué par des dents d'acier. Enfin, pas au point de finir comme ça ; il semblait à la limite de tomber dans un gouffre sans fond, dans le coma. La jaune avait la mauvaise impression qu'il allait la quitter d'un instant à l'autre. Déglutissant, plissant les lèvres pour contenir sa peine, angela fronça les sourcils, se maudissant intérieurement de ne pas être un homme juste l'histoire de quelques minutes. Elle aurait ainsi pu le transporter et l'emmener rapidement à l'infirmerie. L'impuissance, quel horrible sentiment.

Elle était là, à genoux à côté de lui, sa main posée sur son front brûlant -elle avait abandonné l'idée de le porter après l'avoir vu se rallonger à terre-. Que devait-elle faire ? « désolé de t’avoir fait peur, j’avais entendu un hurlement. mais tu as l’air d’aller bien… me laisse pas… me laisse pas crever ici tout seul, angela. » ravalant un sanglot, la sorcière se pinça davantage les lèvres, ses yeux clairs s'embuant. Il ne fallait pas qu'elle pleure, non, il n'avait vraiment pas besoin de ça. Mais comment rester de marbre, stoïque, sûre de soi face à une telle situation ? Elle l'aimait. Voilà, elle en avait conscience, là, clairement. Son cœur s'étreignait toujours un peu plus au fil des secondes, l'entraînant lentement vers l'écroulement : si ça continuait, elle allait étouffer, son organe vital l'abandonnant sous ce trop plein de tristesse. Et pourtant, dans le fond, elle était heureuse d'être tombée sur lui. Si seulement il ne lui était pas arrivé ce satané malheur. Elle se sentait coupable, tellement coupable. C'était de sa faute, c'était elle qui lui avait infligé toute cette souffrance sans nom en hurlant comme une débile. Quelle connerie. Se mordant finalement la lèvre inférieure alors que deux larmes roulaient sur ses joues en silence, angela lança un regard en coin à sa baguette magique. Connaissait-elle seulement un sort capable de l'aider ? Quelque chose qui apaiserait la douleur de son ami. Rien, rien, elle avait tout oublié. Ces sentiments qui s'enchaînaient l'empêchaient de penser normalement, la privant de tous ses points forts. « maddox... » murmura t-elle finalement, séchant ses joues d'un revers de manche. Il fallait qu'elle soit forte. Qu'elle lui montre qu'elle n'était pas inutile. Elle était la seule coupable, elle ne pouvait pas se dérober ou garder ses mains dans ses poches. Il fallait qu'elle agisse, maintenant. « je ne vais pas te laisser tout seul, je te le promets. » dur fut l'effort pour ravaler ses larmes, encore une fois, sa voix se cassant. On inspire, on expire et on prend les devants. Retirant rapidement son manteau à l'odeur de vanille, la kaban souleva avec soin la tête de son camarade, plaçant le vêtement en dessous. Ça serait déjà un peu plus confortable. De même, elle retira sa veste, se retrouvant simplement dans sa tenue d'écolière, recouvrant le corps de maddox. « ça va aller. Je vais te sortir de là. » elle ne put s'empêcher de caresser la joue de son interlocuteur du bout des doigts, tentant de le rassurer. Ses prunelles plantées dans les siennes, la voilà qui esquissait un faible sourire, essayant de ne pas perdre son attention. Il ne fallait pas qu'il s'endorme : qui sait si il arriverait à se réveiller après ? Peut-être même qu'il sombrerait dans le coma. Bordel, pourquoi ne s'était-elle jamais intéressée de près à la médecine ? Elle aurait réglé la situation en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Se creusant la tête, elle fouilla dans toutes ses connaissances. Bingo. Elle n'était pas vraiment sûre de la formule mais c'était sûrement mieux que rien. Pointant sa baguette vers la jambe blessée du garou, la jaune inspira avant de souffler « vulnera samento. » espérons que ça marche, ça lui sauverait sans aucun doute la vie. Non pas qu'il était sur le point de mourir, quand même pas, mais ça éviterait qu'il ne perde trop de sang ou que la plaie s'infecte. Ça lui ferait du bien. Observant la blessure se refermer, chaque marque de croc disparaissant lentement, la chair se raccommodant, angela soupira de soulagement. Dieu merci. « ça marche. Ça marche ! » enjouée, ça, oui, elle l'était. Un énorme sourire venait de se dessiner sur ses lèvres, faisant davantage briller ses yeux. Larmes de joie, peu importe ce que c'était : ça ne pouvait qu'aller mieux maintenant. Ils allaient attendre que tout se remette correctement en place, ici, tous les deux. Elle ne le lâcherait pas et comme elle n'était pas en mesure de le déplacer, elle veillerait sur lui. Comme le ferait une maman avant son enfant. Passant ses bras autour du corps de dox, forçant un peu pour le faire grimper sur ses genoux, le calant contre son buste histoire qu'il se sente comme dans un cocon, bien au chaud, la canadienne ajouta « tu peux compter sur moi. Toujours. Toujours. »