Un gars, Mikio, fouillait dans les affaires du personnage, Suh Dong Wook. Ce dernier l'a surpris.

« - Je... euh... rien. »

Dong Wook haussa un sourcil à ces mots. Rien ? Il ne faisait rien ? A deux mètres de ses papiers, il ne faisait rien ? C’était une plaisanterie, n’est-ce pas ? Qui plus est, ses hésitations le trahissaient davantage. Il avait quelque chose à se reprocher, à cacher. Quelque chose de suffisamment important pour qu’il ait peur au point de trembler. Si ce "quelque chose" n’était simplement que le chef des Kuroi, ce pourrait aussi justifier ses yeux qui criaient à l’aide. Mais le coréen n’y croyait pas, pourtant bien conscient de l’effroi qu’il peut provoquer chez les autres. Non, il y avait quand même autre chose. Des dizaines de raisons traversaient l’esprit de Wook, sans pour autant qu’il en favorise une qu’il trouvait plus vraie qu’une autre.

« - Non, je n'ai... touché à rien. Ce... C'était dans... cet état à mon arrivé. » tentait-il à nouveau.

Croyait-il vraiment que Wook ne savait pas reconnaître quelqu’un qui mentait ? Il n’arrivait pas à aligner trois mots sans se trahir d’une hésitation. Quelque part, le Kuroi le trouvait de plus en plus courageux. Après s’être permis de fouiller dans ses affaires, il osait lui mentir. Jusqu’à présent, ils ne s’étaient jamais réellement parlé et le Tsujouu n’avait encore aucun différent avec le coréen. Ce n’était donc pas un règlement de compte. Quelqu’un lui aurait demandé de lui rendre service ? Un Akai ? Un Fushou trop rancunier ? Il ne pouvait rien déterminer, il ne le connaissait absolument pas. Il lui parlerait encore, essaierait pendant quelques temps de le faire parler. Peut-être que Mikio ne sera pas assez fort mentalement pour tenir plus de dix minutes. Passé ces dix minutes, Wook perdrait patience et trouverait un autre moyen. Des espions, il en avait. Des gens qui savaient tout sur tout le monde, il en connaissait. Savoir les fréquentations les plus proches de ce premier année était un jeu d’enfant.

Dong Wook se redressa afin d’être au même niveau que Mikio. Son regard était plongé dans le sien, froid et impassible, tandis que le jeune homme tentait plutôt de le fuir. Ses lèvres ne souriaient même pas d’un sourire sadique, non, rien. Il n’y avait sûrement pas de quoi être à l’aise face à cet effrayant visage.

« Il est écrit « Menteur » sur ton front, tu sais ? » dit-il d’une voix plate et presque lassée.
Puis, il se recula et se laissa tomber sur son lit. Il mit sa main dans la poche de son baggy en jean pour vérifier la présence de son téléphone portable : il était bien là, et lui était prêt à le sortir à tout moment. Le compte à rebours avait commencé. Il se donnait dix… voire peut-être quinze minutes de patience. Bien que ça lui paraissait long, très long. Surtout vu son humeur, pas réellement bonne. Décidément, le p’tit Tsujouu n’avait pas de chance : se faire prendre la main dans le sac par Wook, c’était une chose, alors que ce dernier était de mauvaise humeur, c’en était une autre. La seule chose qu’aurait voulu le Kuroi, c’était se coucher tranquillement, histoire de rattraper un sommeil perdu durant les folles nuits précédentes. Il n’avait aucunement l’intention de se prendre la tête ce soir-là. Quel manque de pot pour lui aussi !

« Bon, éventuellement, on peut ne pas tourner autour du pot. Qu’est-ce tu foutais là ? Ta vie était trop paisible, t’as voulu t’attirer des emmerdes ? C’est ça en fait, hein ? T’aurais pu commencer par un gars plus indulgent et gentil que moi, je pense… Enfin, t’fais c’que tu veux, quoi. T’es ptet trop nouveau pour savoir le strict minimum sur les plus dangereux de Gyokuseki. »

Il était craint, fort, imposant et il le savait, alors pourquoi se cacher derrière une fausse modestie ? Ce n’était franchement pas son genre. Il était hautain, voire arrogant par moment. Tout le monde le savait, il n’avait plus de bonne réputation à tenir – d’ailleurs, il n’en a jamais espérée.
Il s’arrêta un bref instant, puis repris finalement.

« Allez, crache le morceau, ce sera vite réglé. »

Il prit son téléphone par la suite, écrit d’un sms « Balance tout ce que tu sais ou ce que tu ne sais pas sur Kimura Mikio. » qu’il enregistra mais n’envoya pas de suite. Non, il accordait quelques minutes de patience. Or, il se connaissait, il pouvait très bien s’énerver d’un coup et perdre ce qu’il appelait « sa patience ». A ce moment là, il chercherait à résoudre ce mystère bien plus rapidement.

C’était malgré tout une sacré prise de tête pour Dong Wook qui ne pouvait pas déterminer par lui-même ce que foutait ce sale gamin dans ses affaires. Et si, tout simplement, le Kuroi était trop sur les nerfs ? Mikio ne mentait peut-être pas en disant qu’il n’avait rien fait… Non, impossible ! Longtemps qu’il n’était pas aussi crédule. Ce qu’on vous apprenait mieux à Gyokuseki que les mathématiques ou l’histoire, c’était bien la méfiance et la manipulation. Malheureusement pour les plus naïfs, ça ne leur réussissait pas… Beaucoup apprenaient bien plus vite qu’eux. Et ainsi, l’université se retrouvait composée de bourreaux et de leurs victimes. Certains tortionnaires avaient même des préférences. Dong Wook avait des petits préférés … Et si Mikio ne se décidait pas rapidement à s’expliquer véritablement, il pourrait très bien apparaître sur sa petite liste.
A vrai dire, si l’idée ne traversait que furtivement l’esprit de Dong Wook, il avait plus la tête à se reposer et terminer ça très vite. Le plus simple pour lui aurait même été de laisser tomber. Or, ce n’était pas son genre. C’était laisser Mikio gagner. Se déclarer perdant. Non, il avait l’habitude de terminer victorieux des sales histoires, ce n’était pas un p’tit Tsujouu qui se mêle des affaires des grands qui allait changer ça !

Dong Wook se leva vers son bureau, jeta un coup d’œil furtif à ses papiers quelque peu écarquillés. Son colocataire avait tenté tant bien que mal de tout remettre en place. Des feuilles sans importance, des brouillons, des cours – ou quelque chose qui tentait d’y ressembler – et d’autres paperasses inutiles.

« Déçu ? » balança-t-il froidement à Mikio, sous-entendant qu’il n’avait rien pu trouver d’intéressant.