On dit souvent qu'il y a de ces jours où on ne devrait pas s'être levé. Et si Jin n'avait jamais eut tendance à croire en ces fabulations dignes des plus grands imbéciles, il ne pouvait désormais que leur donner raison, vu l'affreuse situation dans laquelle il se trouvait. Il ne pouvait imaginer plus bête manière de devoir faire face à la personne qui nous effraie le plus au monde, et ce sans même en avoir le choix. Mais comment aurait-il pu deviner, en se réveillant ce matin, qu'il allait réussir à laisser ce qu'il avait de plus cher entre les mains de la personne qu'il voulait croiser le moins souvent possible? Et surtout...il ne voulait même pas y songer. Qu'allait-il bien pouvoir faire si le loupiot osait mettre son museau dans ses affaires, s'il les trouvait? Une montagne de problèmes lui tomberait probablement sur le front, et il n'aurait plus cette agréable anonymat qui lui permettait de s'échapper sans avoir besoin de s'expliquer à chaque tournant. Pourquoi avait-il fallut que le grand velu entre dans la pièce au moment où il était? Et pourquoi avait-il fallu que son ignoble, stupide, affreux, imbécile de crétin de porte-feuille décide que le canapé du havre de cristal était un bon endroit pour momentanément loger, sans l'accord de son propriétaire, alors que ledit propriétaire tentait de se sauver en bonne et du forme d'une personne qui ne devait absolument pas voir ce qui se trouvait dans ledit porte-feuille? Il ne pouvait maintenant que se morfondre. Il avait passé une bonne partie de l'après-midi à paniquer, à fouiller dans ses affaires et à espérer qu'il ait réussit à égarer son précieux porte-feuille quelque part dans sa chambre, dans une salle de cours, n'importe quoi, n'importe où, sauf là où évidemment, ce stupide petit objet semblait s'être déposé. Et maintenant, il était forcé d'admettre que la disparition de l'objet s'était belle et bien produite dans le havre, et qu'il n'avait alors d'autre choix que de s'y rendre pour récupérer son argent, ses cartes et...les autres trucs se trouvant dans le cuir ouvragé.

C'était dans ce but précis qu'il se dirigeait prudemment et nerveusement vers le lieu désigné plus haut, priant avec ferveur tous les dieux du ciel pour que l'objet de sa recherche l'attende sagement sur le canapé où il s'était assit plus tôt pour lire tranquillement son livre et profiter du soleil brillant de mille feux à travers les parois vitrées de la salle, et non pas entre les doigts d'un louveteau trop curieux. Et accessoirement, que le cabot en question ne soit pas dans la pièce. Parce que ce serait se mettre en présence d'un probable danger, et prendre des risques ne faisait pas vraiment partit de ses occupations préférées. Bien que le clébard ne soit toujours pas au courant de son identité -visiblement les canidés avaient la mémoire courte-, il ne voulait pas prendre de risque, parce que s'exposer trop longtemps à la vue de son ancien ami, c'était prendre la chance d'être reconnu, ce qui n'était certainement pas souhaitable. C'était tout ce à quoi il songeait en longeant les longs couloirs de l'ancienne prison, se rendant rapidement et discrètement dans la salle de repos préférée des élèves de jour. Ça avait d'ailleurs été idiot de sa part de se rendre là, mais le château était si sombre que ça en était déprimant, pour un élève habitué à la lumière du soleil et au rythme de vie diurne comme lui. Il avait de plus en plus de mal à dormir, et son corps commençait à en ressentir les effets. Mais il avait du mal à s'y faire, et convaincre son corps de se reposer efficacement contre son gré, c'était un peu difficile. Voir pratiquement impossible. Il savait qu'il allait finir par s'y faire -qu'il devait s'y faire- mais pour le moment, épuiser totalement son corps semblait la seule solution efficace pour lui permettre de pouvoir dormir convenablement de temps à autres.

Évidemment, s'il avait su qu'il croiserait le jeune homme en s'y rendant, il y aurait réfléchit à deux fois, et la noirceur lugubre du château aurait été clairement plus accueillante que la luminosité saine de la prison. Mais ce qui était fait était fait, et il se devait maintenant de réparer les pots cassés. Sans trop réfléchir de peur de laisser la nervosité s'emparer de lui, il poussa la porte du havre sans réelle douceur, mais en faisant attention de ne pas trop attirer l'attention, l'empêchant donc de se claquer contre le mur en retenant la poignée de porte entre ses doigts. Immédiatement, son regard parcouru la salle sans perdre l'ombre d'une seconde, ses yeux se fixant sur le canapé où il s'était assit plus tôt dans la journée. Puis remontèrent lentement sur la silhouette y prenant place, la panique prenant lentement mais fermement place en lui, avant de totalement l'emporter alors qu'il croisait le regard sombre de Yeon Hee. Assit à sa place. À l'endroit même où il se trouvait auparavant. Avec. C'était sûr. Il avait son porte-feuille. Il l'attendait. Il avait probablement vu l'intérieur, ses cartes, ses photos. Il savait. Il l'attendait et il allait devoir lui faire face une bonne fois pour toute. Mais il ne voulait pas! Il n'était pas prêt à affronter sa colère, sa haine, n'importe quoi...il ne voulait pas.

Aussi stupide qu'inconscient, son premier réflexe fut de refermer la porte devant lui, pour mettre une certaine barrière entre lui et la vision cauchemardesque d'une rencontre qu'il voulait éviter à tout prix. Et aussi rapidement que son action, il se frappa le front du plat de la main, maudissant son imbécillité. De quoi il avait l'air, là? Il devait paraître aux yeux de l'aîné comme un sale trouillard ou un idiot doublé d'un impoli. Soupirant, il colla un instant son front contre le bois frais de la porte, ignorant les regards surpris des élèves passant près de lui. Il n'avait rien à faire de ce qu'ils pensaient de lui. Il ne les connaissait pas, et même s'il les connaissait, il s'en foutait. Il n'avait qu'une idée en tête pour le moment, et c'était de trouver une solution simple pour éviter tout ce qui allait se produire s'il franchissait de nouveau cette porte. Pour ne pas paraître encore plus bête, il poussa la porte une seconde fois, la tête bien basse, entrant dans la pièce sans oser lever le regard sur le loup-garou, refermant silencieusement la porte derrière lui. Il n'y avait pas un bruit, il n'entendait rien, même pas le murmure d'autres élèves ou quoi que ce soit. C'était approximativement l'heure du repas, il était normal que les étudiants soient tous au hall, mais que cela soit vide à ce point...c'était l'évidence même que Yeon avait attendu son arrivée. Ils étaient seuls...c'était d'autant plus terrorisant. Il n'avait rien sur quoi se raccrocher si quelque chose tournait mal. Plus d'issue, plus de chance de fuite. Et le pire dans tout ça? Il n'avait plus le choix, maintenant. C'était ça, où il perdait ce qui lui était cher. L'argent, il s'en fichait, les cartes, tout autant, mais...les photos...il ne les avait pas en double, et elles représentaient toute sa vie en quelques images. Et il n'avait pas le droit de laisser ces souvenirs entre les mains d'une personne qui devait le haïr présentement... c'était salir les meilleurs moments de sa vie. Pour de la peur...

Puisqu'il était impossible de reculer, il avança. Lentement, le regard fuyant, le menton bas, les épaules un peu voutées, comme si elles supportaient un poids un peu trop lourd pour elles...ce qui était un peu le cas, même si c'était figuré. Puisqu'il ne pouvait plus fuir, autant profiter pour la dernière fois de la présence de son ancien ami. La gorge serrée, Jin prit timidement place sur le canapé, à côté du loup, n'osant même pas lui accorder un regard, murmurant d'une voix faible; «Tu...as quelque chose qui m'appartient je crois...» Il avait eut du mal à prononcer ces simples mots. Comment allait-il faire pour ne pas craquer et s'enfuir de nouveau? Il avait tellement peur de lui faire face, de recevoir ce qu'il méritait pourtant depuis si longtemps. De la rage, du mépris, de l'incompréhension...tout ce qu'il avait évité depuis son arrivée, depuis qu'il avait revu ce garçon devenu adulte qu'il avait autrefois abandonné...

Le hasard fait bien les choses. Il nous force bien souvent à aller dans certaines directions, directions plutôt inhabituelles. Celles que nous ne prendrions jamais, quoi. Sortir des sentiers battus, de sa zone de confort. Personne ne voulait vraiment faire ces actions de lui-même. Et c’était comprenable. Sortir de son petit cocon, de temps à autre, ce n’était pas si mal. Mais régulièrement, là, c’était un peu plus dérangeant. La première fois fut à ses douze ans. Yeon Hee le renfermé, petit garçon aux notes ni excellentes ni mauvaises, s’aventurait souvent sur un terrain connu. Le lieu de travail de sa mère. Étant un jeune garçon âgé de douze ans, celui-ci avait une soif intarissable de connaissances. Plus précisément de connaissances médicales puisque sa mère était médicomage. Les sorts, les fioles, les médocs. Oui, ça l’intéressait. Lui, petit désintéressé de la vie et de presque tout ce qu’elle contenait, trouvait un malin plaisir à observer sa mère passer d’un patient à un autre, aux petits soins. Il se demandait même pourquoi elle était plus attentive aux besoins de ses malades plutôt qu’aux siens – mais il n’était pas du genre à s’en plaindre. Malheureusement. Il avait peut-être tout ce dont il avait besoin, mais l’attention maternelle était loin d’être le point fort de la famille. Le jeune enfant cognait à la porte, passait sa tête par le cadre. Un grand sourire de soulagement s’imprégnait sur le visage de la jeune femme, s’avançant vers son unique enfant pour ébouriffer sa chevelure d’ébène. « Mon bébé est enfin là. Tout s’est bien passé ? » Le fils unique des Ahn sourcillait à l’appellation. Yeonnie aurait fait l’affaire, mais pas bébé. À la maison peut-être, mais pas dans une chambre occupée par un parfait inconnu qui devait présentement rire de la situation un peu trop familiale. « Justement, je t’attendais. » La dame attrapa une compresse d’eau froide, la posant dans les mains de son rejeton, le poussant fermement vers le lit d’hôpital. « Alors j’aimerais que tu restes dans cette chambre jusqu’à 18h. Je viendrai te chercher à ma pause repas, tu retourneras à la maison avec ton père. Oh. Et il se nomme Jin Jung. Bonne soirée mon poussin! » Quoi ? Elle osait le laisser avec inconnu et c’est elle qui lui demandait de ne pas s’en approcher ? Mais où allait le monde, par la barbe de Merlin! Le coréen s’approchait du lit, la porte se refermant derrière sa mère. Puis il fixait l’amas de couverture d’où sortait une tête à la chevelure brunâtre. La compresse se posait sur le front de la dite personne. Puis il lui murmurait son nom, regardait la couverture s’abaisser sur le visage tuméfié d’un jeune garçon – bien plus jeune que lui. Il devait avoir sept ans, huit ans gros maximum. Et malgré les contusions qui ornaient son visage enfantin, celui-ci avait réussit à lui offrir un sourire.

Dès sa sortie de l’hôpital, le jeune chinois était venu chez lui. Les heures passées ensemble dans la chambre du malade avaient servit de pont à leur relation, faisant d’eux des amis presque inséparables. Mais un malheur n’arrive jamais pour rien. L’affreux traumatisme du plus âgé suite à sa transformation. L’annonce quelques jours plus tard. Le départ précipité du jeune Cho. Rien pour arranger sa situation. Et ce qui devait arriver arriva finalement.

Le hasard fait bien les choses. Se retrouver à Dolya ne faisait pas du tout partie de ses plans. Aucunement. Et se retrouver dans cette salle pleine de miroirs à squatter le canapé en plein centre ne faisait également pas partie de ses plans. Le portefeuille au cuir minutieusement travaillé qu’il tenait entre ses longs et fins doigts ne lui était pas familier. Après tout, comment reconnaître un portefeuille parmi tant d’autres. Ils étaient tous différents, fournis de trucs plus divers les uns que les autres. Et étonnamment, le Giena n’osait pas fouiller dans celui-ci. Si le propriétaire se rendait compte de la perte de son bien, peut-être penserait-il à revenir ici. Donc, la meilleure chose à faire était d’attendre. Ce qu’il faisait depuis un petit moment. Et comme tout être humain normalement constitué, la patience se fit de moins en moins présente, jusqu’à être substituée par la curiosité. Il tourna une nouvelle fois l’objet bien inutile entre ses doigts, remarquant un petit bout de papier blanc en dépassant. Et ce fut plus fort que lui. Il tira. Et ce qu’il trouve la laissa perplexe. Il se reconnu parfaitement. Sur cette photo, il devait frôler les treize ou quatorze ans. Les cheveux ébouriffés, un grand sourire collé au visage. Les anciennes belles années, quoi. Et à ses côté se tenait un petit brun, les cheveux également en bataille. Les prunelles noirâtres, des traits déjà bien définis, mais portant pleinement les traces de la jeunesse. Des enfants. C’est pertinemment ce qu’il voyait. Et pourtant, le doute empli rapidement son cerveau. À qui pouvait bien appartenir ce portefeuille comportant une photo de sa propre personne ? Il regarda les cartes. Cho Jin Jung. Ses yeux s’agrandirent un moment sous la surprise, replaçant la carte comme s’il n’en croyait pas ses yeux. Et bien non, ce prénom ne lui disait rien.

La porte s’ouvrit après un moment, brisant le silence de mort qui s’était installé dans la pièce vitrée. Un jeune homme brun aux yeux presque noirs, ressemblant étrangement à celui sur la carte d’identité. La porte qui se refermait rapidement. L’incompréhension qui se dessinait sur le visage du rouge. Ces Olen étaient bien difficiles à comprendre, mh. Le jeune homme croisa les jambes un instant, serrant ses doigts sur le cuir en ayant la nette impression d’un déjà vu. Ce nom ne lui disait peut-être rien, mais le visage du garçon, lui, un peu. Et lorsque celui-ci se décida que la pièce était bien le bon endroit où il voulait aller, le doute vint une nouvelle fois l’assaillir. Non, il ne l’avait pas seulement croisé que dans le réfectoire. C’était plus profond. Comme s’il l’avait connu depuis longtemps mais qu’en fait, ce n’était pas du tout le cas. Il le regarda venir vers lui, presque timide. Le regarda s’asseoir. « Tu... as quelque chose qui m'appartient je crois... » Le Giena releva lentement le portefeuille, laissant un regard las valser sur celui-ci. « Tu veux dire que cette chose désuète et sans intérêt t’appartient, Cho Jin Jung? »

Il ne se gêna pas pour ouvrir le dit morceau de cuir, reprenant la photo pour la foutre sous le nez de l’olen. Son doigt valsa un moment sur le visage du plus jeune, comme pour s’assurer qu’il était bien en sa présence, revenant ensuite sur son propre visage. Ses sourcils se froncèrent, ses yeux se fichant dans son regard. « Je peux savoir ce qu’un jeune homme comme toi fait avec une photo de moi dans son portefeuille ? » Il laissa donc la photographie reposer contre la cuisse du plus jeune, se relevant pour arpenter la pièce, le silence s’installant entre eux. Non, sa mémoire ne lui jouait pas de tours. Il ne se souvenait pas d’un Jin Jung. Pas depuis sa transformation, en tout cas. L’amnésie était peut-être un bon moyen pour faire oublier les frayeurs d’une quelconque personne, mais elle portait son lot d’inconvénients. « À moins que tu sois un genre de parano super bizarre qui s’amuse à épier tous les faits et gestes d’une personne ? » Il sourit. Non, c’était impossible. Jin Jung avait l’air trop innocent pour être ce genre de personne. C’était ça ou il cachait vraiment bien son jeu.

Il était si stressé que les sons parvenaient à peine à ses oreilles. Il avait passé outre le commentaire sur son porte-feuille, et la froideur du plus vieux ne faisait que renforcer son sentiment de malaise, et la certitude qu'il éprouvait de s'être attiré la haine du giena.  « Je peux savoir ce qu’un jeune homme comme toi fait avec une photo de moi dans son portefeuille ? »  La question mis un certain temps à se rendre à son cerveau pour être analysée, et la réponse fut trop rapide à sortir pour être réfléchie. «Euh...je, en fait...attend. Quoi? » La surprise emporta l'habituel sentiment d'effroi qu'il éprouvait lorsqu'il se trouvait en présence du loup-garou. Surprise, euphémisme même. Non. Ce n'était pas de la haine qu'il entendait là. Ce n'était même pas de la surprise, ni de l'ironie...c'était. De la curiosité. Il ne se souvenait pas, il ne faisait pas le lien entre lui et cette photo, il... il ne se rappelait plus. Plutôt que d'être soulagé de ne pas à avoir subir un élan de haine, Jin se sentit plutôt énormément insulté, bafoué. Trahi, même. Son premier et plus vieil ami, qui n'en était probablement plus un, n'avait même pas la décence de se souvenir de son existence? Ses doigts se serrèrent sur la photo que cet inconscient avait laissé tomber sur sa cuisse. Il baissa le regard pour éviter de permettre à yeon hee de voir à quel point il était complètement dépassé et anéanti par cette simple phrase. Gardant les yeux baissés, il n'osait même plus relever la tête, pour ne pas croiser son regard, sentant déjà l'explosion approcher. Cet oubli complet de sa personne était encore pire que toute la haine qu'il aurait pu lui porter. C'était plus blessant, bien plus blessant. Il n'en fallait pas plus pour que son esprit se ferme totalement, bloquant ses émotions pour éviter une crise qui finirait probablement par le rendre plus vulnérable qu'autre chose.

« Si tu n'étais pas aussi stupide, tu verrais que y'a pas que toi sur cette photo, Ahn Yeon Hee. » Il avait prononcé son nom comme si c'était une insulte, comme si ces mots lui arrachaient la bouche. Jin releva finalement la tête, un masque de froideur peint au visage. Il devait sortir. Il devait partir. Et vite avant que cet air qu'il s'était monté de craque. Il avait toujours eut du mal à contrôler ses émotions depuis son entrée à akiwa. Ce monde l'avait totalement changé, et il avait été plusieurs fois manipulés, joués par d'autre. Ça avait cassé une partie de ce qui lui permettait de garder son sang-froid, et maintenant, il était pratiquement incapable de jouer la comédie. Surtout face à lui. Yeon hee avait été présent pour lui pendant une partie de son enfance. Un ami tout d'abord, un grand frère ensuite. Un modèle, complètement. C'était son idole, son professeur, son soutient. Il l'avait aidé, lui avait fait prendre goût aux études et il avait enfin pu sortir de son cocon de timidité pour réussir à aller vers les autres sans être effrayé de se faire rejeter. Une des personnes les plus importantes de sa vie, jusqu'à maintenant et...et il l'avait oublié. Comment faire pour réagir à ça? Une vague de souvenirs remontaient, des plus simples au plus complexes, et il avait tellement envie de tout lui envoyer au visage, tellement envie de faire exploser chaque vitre de la pièce, tellement envie de se lever, là, et d'aller le frapper de toutes ses forces, même s'il savait pertinemment que ça ne changerait rien, parce que yeon hee était un loup-garou, et que c'était probablement sa main qui allait en souffrir le plus. Il avait envie de lui hurler qu'il avait été son meilleur ami, qu'il était celui qui lui avait apprit le coréen, qu'il se souvenait très bien que c'était lui qui s'était occupé de lui quand il avait été à l'hôpital. Mais il ne pouvait pas. Cela serait chercher son attention, sa pitié. Chercher son amitié de nouveau, alors qu'il ne méritait que sa haine. « Cette photo m'appartient, parce que JE suis dessus. Et je peux savoir qui t'as permit de fourrer ton sale museau dans MES affaires? » La colère prenait le dessus. Il avait du mal à tenir en place. Ses doigts fourmillaient tant l'envie de lui casser la gueule était envahissante. Il remit fébrilement la photo dans son porte-feuille, ses doigts tremblant presque violemment. Il jura discrètement, se dépêchant de mettre l'objet de cuir dans sa poche, gardant ses mains près de lui, essayant de se calmer, certain de se manger le sol s'il essayait de se lever maintenant.

Il n'avait pas spécialement envie de rester ça pour entendre des explications, ou pour se faire questionner. Mais ses jambes semblaient avoir perdues tous leurs muscles et un étrange étourdissement lui donnait des vertiges, comme s'il allait s'évanouir d'une seconde à l'autre. Le choc de cet oubli était peut-être un peu trop fort pour lui? Il croyait que c'était que de la science-fiction, les "chocs émotionnels". Ou du moins, pas ce genre de réaction face à un trouble. C'était un peu fort d'en ressentir quelque chose de physique, selon lui. Enfin, il n'avait jamais été très sentimental auparavant, il était donc un peu normal qu'il soit aussi déstabilisé par un truc aussi gros. Il s'enfonça un peu plus dans le canapé, déviant son regard vers l'extérieur, son ton de voix sec et cassant s'affaiblissant drastiquement, devenant pratiquement un murmure « ...T'as vraiment oublié..?» Il se trouvait pitoyable sur ce coup, il aurait du se taire et juste attendre que les tremblements cessent pour pouvoir partir. Il se maudissait d'être aussi faible face à lui, et de parler sans réfléchir, et de laisser ses émotions prendre le contrôle sur lui. Il était tellement stupide de demander ça. Non seulement c'était évident qu'il avait oublié, mais en plus c'était juste demander à ce qu'il se souvienne. Et s'il se souvenait, il allait le haïr, alors à quoi bon essayer si dans tous les cas il en ressortait perdant? Qu'est-ce qu'il espérait en posant ce genre de question? Un pardon? Il n'était pas là pour se blanchir de ses erreurs...il ne voulait que récupérer son porte-feuille et disparaître, pas discuter. Pas de ça. Pas maintenant, pas ici, et surtout pas avec lui. Il n'avait pas besoin de retomber dans la dépression, ni de faire resurgir tout ce qu'il avait éprouvé en le quittant, puis en le revoyant la première fois. C'était invivable juste d'y penser.

Un déjà vu. C’est troublant, vous ne trouvez pas ? De se retrouver devant une scène ou une personne qui nous est franchement familière, qu’on est sûr de connaître alors qu’au final, c’est notre esprit qui nous joue un tour. C’était ça, en ce moment. Non, il ne comprenait pas. Il ne cherchait probablement pas à comprendre non plus. Sa mémoire avait été effacée à la veille de son entrée à Dasy et même ce petit détail lui échappait complètement. Des souvenirs ? Oui, il en avait. Avec sa famille, ses anciens anniversaires, d’anciennes journées mémorables qui étaient restées gravées au fin fond de son subconscient. Avec de vieux amis, de jeunes hommes qu’ils ne sauraient probablement plus reconnaître. Et il y avait cette tache au tableau. Ce Jin Jung qui débarquait comme un cheveu sur la soupe, lui disant que s’il n’était pas si stupide, il verrait qu’il n’était pas seul sur cette image. Mais ça, il en était bien conscient. Et si cette photo lui appartenait, le second jeune garçon devait être l’olen. Il n’était pas si idiot, il était apte à faire le lien, oui. Mais de là à tout comprendre sans aucune explication… Non. C’était le blizzard total dans son crâne, la tempête du siècle. Tout se mélangeait et, franchement, il ne savait plus où donner de la tête. Il ne savait plus s’il devait écouter le jeune homme, le laisser passer sa petite crise de jeune enfant ou s’il devait se lever et simplement partir, lui redonner son portefeuille et l’oublier. Une nouvelle fois. « Cette photo m'appartient, parce que JE suis dessus. Et je peux savoir qui t'as permis de fourrer ton sale museau dans MES affaires? » Bon, au moins, il avait visé juste. C’était bien le petit môme frustré qui se trouvait à ses côtés sur cette photographie. Parce que oui, il émanait la colère. Tout en lui lui prouvait qu’à ce moment précis, il était fâché. Ses doigts qui tremblaient. Le juron, si discret, mais bien audible pour lui. Sa hâte de remettre son portefeuille dans sa poche. L’envie de partir qui pointait le bout de son nez. Peut-être que le jeune homme essayait de cacher tout ceci, mais c’était peine perdue. Observer les gens était bien une chose que le jeune Ahn n’avait jamais oubliée et qu’il n’oublierait jamais. C’était fondamental. Le seul moyen de collecter un minimum d’informations sur les gens sans devoir leur adresser la parole, seulement en observant leur comportement.

Et pourtant. Il semblait le connaître. Oh oui. Ses manies. Ses traits encore un peu rondelets. Certes, c’était le jeune homme de la photo. Et celui qui figurait sur certaines de ses photos à lui, bien rangées au fond de sa valise. C’était pratiquement les seuls souvenirs qu’il conservait de sa « vie d’avant ». Celle d’avant l’accident. Accident qui changea son existence à tout jamais. « ...T'as vraiment oublié..? » Yeon Hee releva lentement la tête vers son homologue, fronçant les sourcils. Sa première réaction aurait été de lui demander ce qu’il avait oublié, mais il se fit violence. Le plus jeune le prendrait probablement pour le pire idiot du monde, incapable de se souvenir de quoi que ce soit. Mais ce n’était tout de même pas sa faute. Enfin, si, mais c’était relatif. Le jeune homme se releva lentement, arpentant la pièce dans un silence absolu, regardant ses milles et un reflet dans les miroirs ornant les murs. Trouver une réponse qui ne le choquerait pas. Qui ne le ferait pas sortir un peu plus de ses gonds. Mais comment essayer de comprendre tandis que lui-même ne comprenait plus rien à la situation ? Sincèrement, tout ceci le troublait au plus haut point. « Oublié quoi ? » C’était sortit tout seul. Sans vraiment prendre le temps d’y repenser, dit totalement sur un coup de tête. Le regard sévère du jeune homme se posait de nouveau sur l’olen, l’incompréhension pourtant accrochée à son visage. Il se jouait de lui ? Il tentait probablement de le faire culpabiliser pour un truc qui n’était pas vrai. Un pari pour voir combien de temps le giena resterait calme, combien de temps avant que son poing ne parte de lui-même pour s’arrêter contre la joue du bleu.

La tempête se calmait peu à peu. Le vent s’épuisait, laissait finalement un répit à sa boîte crânienne déjà bien douloureuse. Les morceaux du puzzle semblaient se mettre en place sans vraiment qu’il n’en prenne conscience. Tout était franchement logique, oui. Quel âge Jin Jung avait sur cette photo ? Si c’était avant ses quinze ans, alors tout s’éclairait. Tout s’emboîterait parfaitement et il pourrait lui balancer la bonne raison en plein face. Il revint lentement vers le jeune homme, contournant finalement le canapé pour se poser derrière lui, son regard se relevant vers le plafond. « Je. Connais ton prénom. Et j’ai des photos de toi dans ma chambre. » Long soupir. Comme si cette simple petite phrase venait de lui prendre toute son énergie, tout son courage. Comme si ce fait lui brûlait la langue depuis que ses prunelles s’étaient posées sur la photographie. Elles étaient bien rangées, amassaient probablement la poussière et ne voyaient la lumière qu’une ou deux fois au cours de l’année. Comme si le simple fait de jeter un regard sur ces vieux clichés lui donnait un petit regain de bonne humeur, un sentiment d’attachement à au moins une seule personne dans ce bas monde. Personne qui, jusqu’à lors, lui était inconnue. Et voilà que le voile obscure se levait sur l’existence du petit asiatique à ses côtés.

« Et pourtant, je ne saurais dire d’où je te connais vraiment. Ce qui nous unissait auparavant. Comment on s’est rencontré… » Ses prunelles noirâtres se relevaient vers la chevelure du chinois, hésitant à venir reprendre sa place à ses côtés. Ainsi, du moins, il pourrait poser ses mains contre les épaules du plus jeune si l’envie de détaler lui prenait soudainement. Ses doigts se serraient lentement, formant des poings tandis qu’il inspirait un long moment, de nouveau assaillit par le doute. Comment pouvait-il se confier si aisément à un jeune homme qui lui était parfaitement inconnu ? Il n’en savait rien, mais il était déconcerté de voir à quel point les mots sortaient sans réels efforts, sans aucune barrière. « Les seuls souvenirs que j’ai remontent à mon entrée à Dolya. Je venais tout juste d’avoir quinze ans. Mais avant. C’est le néant total. » Et il disait vrai. Sa vie était constituée de grands trous noirs qu’il n’avait jamais pu combler, même en demandant l’aide de ses géniteurs. Ceux-ci restaient muets lorsque le rouge leur posait des questions sur le sujet, changeaient directement de conversation vers ce qui les arrangeaient le mieux. Yeon Hee revint lentement au devant du canapé, laissant son cerveau s’imprégner du visage de l’adolescent face à lui. « Alors si tu sais quoi que ce soit, même le détail le plus insignifiant… J’aimerais bien cesser d’être dans l’ignorance. Sans rien omettre. » Il reprit place à ses côtés, laissant toutefois son regard dévier vers la porte. La fuite était toujours possible, oui. Mais vu le ton que l’olen avait employé à ses dernières paroles, celui-ci semblait regretter quelque chose. Et la curiosité l’emportait franchement sur sa raison.

Oublier. C’était l’une des choses les plus effrayantes pour le genre humain. Ou plus ou moins humain, puisqu’on pouvait oser croire que cela pouvait affecter loup-garou et vampire aussi. L’amnésie, magique ou pas, n’apportait jamais rien de bon à personne. Ou du moins, c’était ce qu’on pensait, ce qu’on disait, ce qui logiquement devait nous apporter ce genre de révélation. Mais en ce moment, face à la personne qu’il avait blessée le plus en ce monde, il ne pouvait se résoudre à voir l’oubli comme une malédiction. C’était la chance d’un nouveau départ, d’une nouvelle relation, de quelque chose de mieux et d’entièrement refait…mais. Mais pour ça, il devait mentir. Refaire leur histoire. Renier le passé pour refaire le présent…était-il prêt à ça? Baser une relation sur un mensonge tellement gros, tellement lourd, qu’il ne ferait que peser sur ses épaules pendant toutes les années à venir? Mentir pour ne pas blesser, c’était une chose. Mais mentir pour ne pas être blessé, c’en était toute une autre. Il n’avait pas envie de voir la haine étirer les traits de ce visage bien connu, la souffrance et la trahison qu’il avait espéré pouvoir oublier, volontairement, au fil des années. Malgré tout, pouvait-il se prétendre prêt à dire la vérité, toute la vérité, et toute l’histoire, comme Yeon Hee semblait le vouloir? Ce dernier voulait savoir, certes, récupérer la mémoire, ses souvenirs, des instants magiques et agréables qu’il était en droit de garder, mais aussi des moments mauvais, ingrats, que tout le monde aurait préféré oublier, ce que lui avait fait… Mais peut-être était-ce mieux ainsi. Peu importe ce qui avait fait perdre la mémoire au giena, la nature –ou la magie- en avait probablement voulut ainsi…cela voulait peut-être dire quelque chose, qu’il valait mieux ne pas faire resurgir tout ce qui était désormais bien enfermé dans son esprit, intouchable. Mais il avait le droit de savoir…non? Si? C’était si difficile de savoir comment réagir, ce qu’il devant faire, ce qu’il devait éviter de dire. Mentir n’était plus un choix. Il avait beau retourner la situation dans tous les sens, rien de bon ne revenait à mentir. Yeon Hee était pour lui une personne précieuse, un ami –perdu, certes, mais un ami quand même- à qui il n’avait jamais souhaité mentir, et à qui il ne souhaitait toujours pas cacher la vérité. À quoi bon de toute façon? Il allait finir par savoir s’il mentait ou non. Et probablement que, quelque part dans son inconscient, le giena savait encore comment déceler les signes de mensonge chez le jeune olen. Cela ne l'aiderait sans doute pas...

Mais le problème était énorme. Il fallait déjà qu'il réussisse à parler de leur rencontre, ce qui n'était pas si compliqué, puis de leur amitié...puis de sa transformation...puis...son propre départ...avec la trahison qui venait avec. Et tous les sentiments qui renaissaient en lui juste à la pensée de lui refaire revivre tout ça, c'était insoutenable. Comment parler alors que sa gorge se nouait d'avance? Que ses paroles s'étouffaient, non pas dans sa gorge, mais dans son cerveau même? Étouffées par la crainte, le doute, la compassion aussi...et par la peur. La peur atroce qu'il ne le haïsse finalement, après avoir réapprit à le connaître et à savoir ce qu'il avait fait. Que son regard change du curieux au colérique. Que ses traits encore vides et un peu indifférents ne deviennent hargneux et méprisant. Qu'il ait ce qu'il mérite après tout ce temps...mais qui veut recevoir le poids de ses fautes en plein visage, surtout après avoir volontairement parler de ces erreurs oubliées à l'autre personne concernée? C'était pourtant son devoir d'en parler. Il était le seul à pouvoir le faire, à part évidemment les parents du rouge, mais ceux-ci n'avaient visiblement pas l'intention de le faire, et il se doutait même de leur implication dans la perte de mémoire soudaine et étrangement bien tombée de son ami d'enfance. Probablement pour lui faire oublier la douleur et les atrocités de sa transformation en loup-garou, il s'en doutait bien, il connaissait bien la mère de son ancien meilleur ami...elle ne ferait pas ça simplement pour le plaisir ou par envie. Elle était une bonne mère et tenait à son fils comme à la prunelle de ses yeux, si pas plus. Jin avait d'ailleurs longtemps considéré Yeon chanceux d'avoir une telle famille, surtout une telle mère. Elle avait été encore plus maternelle avec lui que sa propre génitrice, et c'était peu dire. Il avait pratiquement apprit le sens du mot famille avec les Ahn. Il rêvait encore quelques fois à ces moments heureux et chaleureux, et ses pensées dérivaient encore sur son envie de faire partie de cette famille. D'être le frère de Yeon Hee. Mais vu le manque de souvenir à son égard dudit yeon, ce rêve avait encore moins de chance qu'auparavant de se réaliser. Humpf. Comme s'il avait déjà eut une chance de se réaliser. Yeah, right. Il avait abandonné lâchement son meilleur ami par peur. Les parents du loupiots le détestaient probablement de toute façon.

Il n'avait plus de chance de se rattraper, plus de chance de s'en sauver, plus de chance de regagner sa confiance, de se refaire une relation. Qu'avait-il à perdre désormais? Plus rien. Il n'avait qu'à. Qu'à tout dire et fuir ensuite. Très vite, très loin, et s'assurer de ne plus jamais le croiser, quitte à devoir manquer les repas communs et éviter la prison comme la peste. Vivre jour et nuit dans le château pour ne plus le revoir. Ce n'était pas un problème. Il irait manger une fois par jour, et irait peut-être piller une ou deux fois la cuisine si sa faim s'avérait trop pressante. Et voilà qu'il s'imaginait déjà devoir vivre comme un bandit. Tout ça pour ça...il débloquait complètement. Sa panique était beaucoup trop grande. Après un moment -trop long- de silence, l'attente de l'aîné planant toujours dans la pièce, Jin releva un peu les yeux et, à son grand étonnement, se rendit compte que ses mains tremblaient encore plus. Tout son corps tremblait en fait. Bloqué au fond de son esprit, il voyait comme dans un brouillard et sentait sa respiration un peu accélérée se dérégler. Il étouffait. Il voulait fuir. Il se sentait mal, nauséeux. Malade. Allait-il être malade? Non...il ne sentait pas de reflux acide ou de hoquet dérangeant. Et, maintenant qu'il y pensait, toujours bien enfoncé dans son esprit, totalement détaché de son corps, il reconnaissait bien ces symptômes. Ce n'était pas la première fois qu'il avait ce genre de comportement...Dans l'avion en partant pour l'Amérique... et puis plusieurs fois pendant sa dépression. Avant de rencontrer Kessy... et puis quand il avait dû quitter les terres américaines pour retourner brièvement en Corée avant son entrée à Akiwa...une crise de panique. Oh merde... Ce n'était pas le temps...il doutait fortement que Yeon Hee ait reçu les enseignements nécessaire pour faire face à ce genre de situation, même si sa mère travaillait dans le domaine hospitalier. Il devait se calmer. De lui même. Et rapidement surtout.

Fermant les yeux, il s'appuya fermement contre le canapé, serrant les poings en essayant de chasser le déséquilibre qui s'était installé en lui sans son consentement. Mais plus il fermait les yeux, plus il essayait de se calmer, plus ses pensées revenaient, le malmenaient, l'agressaient et le poussaient un peu plus vers la peur panique qu'il détestait éprouver. Il n'aimait pas ça. Ooooh qu'il n'aimait pas ça. Se sentir faible et incapable de dire quoi que ce soit avant même d'avoir commencer son histoire. La leur. Et le seul truc qu'il connaissait pour se calmer, c'était sa mère qui s'en occupait habituellement, en voyant son fils sombrer dans une de ces paniques incontrôlables mais pas spécialement dangereuses ni assez importantes pour le conduire à l'hôpital. Mais...il n'allait tout de même pas demander à Yeon Hee de lui caresser la tête en lui chantonnant des berceuses. Il doutait que le rouge accepte, et de toute façon il n'allait pas s'abaisser à lui demander son aide. Il s'obligea par contre à parler, essayant de feindre la colère pour cacher son état pourtant peu discret. "Tu veux savoir quoi? J'ai rien à te dire." Certes, c'était sec. Mais avec un peu de chance, cela allait décourager l'aîné et peut-être, avec b-e-a-u-c-o-u-p de chance, l'encourager à partir sèchement et à le laisser se sortir de son état seul par irritation. Il ne voulait pas que l'autre ne l'aide par pitié. Il n'avait pas besoin de sa pitié, ne voulait pas de sa compassion et n'avait pas droit à sa gentillesse. C'était comme ça, et c'était tout.