" La vengeance procède toujours de la faiblesse de l'âme, qui n'est pas capable de supporter les injures. "

Allongée dans l’un des doux sofas de sa salle commune, Nina peinait à faire passer le temps. La nuit était déjà tombée depuis un moment ; pendant que certains étaient en cours, d’autres dormaient ou faisaient la fête on ne sait où. Nina, elle, n’avait aucune envie de dormir, mais pour une fois, n’avait pas envie de faire la fête non plus. Elle se prélassait tranquillement, appréciant un ennui qu’elle n’avait que très rarement la possibilité de ressentir. Avec une telle existence, le calme le plus parfait était une notion inexistante. Quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit, le plus infime des éléments de la nature environnante était source de désordre parfois insupportable. Que cela se passe à l’autre bout d’une cour ou juste à côté d’elle, le moindre rire, le moindre gémissement, le moindre chuchotement, le moindre frôlement … Tout, absolument tout, lui résonnait dans la tête, comme si sa fréquence avait été amplifiée par cent. Beaucoup se plaignaient de l’excitation de leurs animaux lors des fêtes de fin d’année, mais Nina comprenait. Aussi risible que cela était, la jeune femme parvenait sans peine à se mettre à la place d’une bête. Mais n’était-ce pas ce qu’elle était au fond ? Un être aux instincts primaires, incontrôlable et incompris ? Nina crispa les poings. Elle pouvait se lamenter aussi longtemps qu’elle le voulait, cela ne changerait rien. Elle était née loup-garou et mourrait loup-garou. Quand bien même elle damnerait son âme, jamais elle ne pourrait prétendre à une vie « normale », une vie de simple sorcier, ou mieux encore, de simple moldu. Ah. Que penseraient les autres s’ils la savaient en proie à tant de doutes et de craintes … Ils se moqueraient, assurément. Et plutôt que d’être traînée dans la boue, Nina préférait mille fois jouer les ingénues, et mieux encore, être un véritable petit diable. Il valait mieux un milliard de piques haineuses qu’un seul regard empli de pitié. Ah ça, oui. Plutôt mourir. Malgré la profondeur de ses pensées, celles-ci furent coupées par l’arrivée inopinée d’une petite bande de garçons, que Nina jugea être des vampires, à cause de cette espèce de parfum unique que dégageaient ceux de leur espèce. Plutôt que de faire un cas avec eux, la giena préféra les ignorer et ferma les yeux, tentant avec un peu de difficulté de retrouver un tant soit peu de solitude intérieure, malgré la présence de ces trois trublions. Cependant, les choses ne sont jamais aussi simples, et bien évidemment, il fallait que quelque chose lui tombe sur la tête. Nina rouvrit les yeux avec précipitation. Mais il était trop tard. Elle n’avait perçu qu’un mouvement, et déjà, elle retombait dans les vapes, assommée par le coup reçu à l’arrière du crâne. La soirée promettait d’être longue …

Des chuchotements. Des rires étouffés. Un bruit de chaine que l’on traine. Ses oreilles sifflaient. Un son insupportable bourdonnait au fond de ses oreilles. Nina entrouvrit péniblement les yeux, et dû cligner plusieurs fois des paupières avant que sa vue ne retrouve un tant soit peu de netteté. Ses cheveux se collaient à son visage, et lorsqu’elle tenta un mouvement du bras pour les arranger, ce dernier fut freiné dans son élan. Elle tiqua. La jeune femme leva un peu la tête, avant de grimacer face à sa découverte. Ses poignets étaient enchaînés au mur, si haut qu’à cause de sa petite taille, la giena ne parvenait pas à toucher le sol. Elle n’avait qu’un seul côté de ses chaussons, l’autre étant certainement resté dans la salle commune. Et bien évidemment, elle portait encore son pyjama. On avait osé la faire sortir en pyjama, elle. Bête remarque qu’était-ce cela dans un tel un moment. Puis, une main vint se poser sur son menton, coupant instantanément son observation. Elle fut contrainte de tourner la tête, face à la force mise dans le mouvement de main, et se retrouva nez à nez avec une paire d’yeux moqueurs et supérieurs. Ah oui, les vampires. C’était assez pénible pour Nina d’avoir à supporter un tel affront. Déjà, l’assommer, l’enchaîner, c’était vraiment très moyen. Depuis quand s’en prenait-on à une femme de la sorte ? Avec l’éternité devant soi vous allez me dire, perturber l’éthique n’avait en soit rien de bien effrayant. Et bien. « Nina, Nina … Ah ma petite Nina. Comme on se retrouve. Tu te souviens encore de nous, n’est-ce pas ? A moins que ton cul n’ait du mal à se rappeler de tout ce qui lui ait passé à travers ? » Nina serra les dents. Tout cela commençait à devenir vraiment très désagréable. Son regard dériva sur la droite, histoire de voir à quoi ressemblaient les deux autres ostrogoths, et le simple fait de les reconnaître sembla l’agacer encore plus. Bien sûr, qu’elle se souvenait. Comment pouvait-elle oublier tous les mauvais coups qu’elle avait bien pu faire. A sa place, elle se serait certainement qualifiée de « pétasse », ou autre sobriquet du même genre. Enfin. Ceux qui connaissaient les tréfonds de sa réputation la qualifiaient déjà de pétasse. Ha ha. Se jouer des garçons était un passe-temps qu’elle s’était découvert en arrivant à Dolya Shkoly, cinq ans auparavant. Cela avait commencé avec un petit belka, sur lequel elle avait voulu tester son pouvoir de séduction … Et depuis, elle ne s’était plus arrêtée. Qu’avait-elle cherché à se prouver en faisant tout cela, ça, Nina seule pouvait le déterminer. Et encore. Malgré toute l’assurance dont elle faisait preuve, la jeune fille était bien loin d’être sûre d’elle-même … Comme toujours, la giena se sentit dans l’obligation de rétorquer quelque chose, aussi débile que c’était. « Oh, oui, j’m’en souviens très bien. D’ailleurs, ton pote le timide là, il est certainement beaucoup plus doué au pieu que toi et … tes petits et pourtant si mignons attributs. » Critiquer un homme, qui plus est vampire, n’était assurément pas la meilleure idée que Nina avait pu avoir au cours de ces dernières heures, d’autant plus que la nuit semblait avoir décuplé la susceptibilité de la petite sangsue. Petite sangsue qui ne tarda pas à montrer les crocs et saisir la gorge d’une Nina très loin d’apprécier ce geste. Un éclair jaune traversa un instant son regarde, preuve non négligeable de sa colère grandissante et de l’éclatement imminent. Ils restèrent là à se toiser en silence, les yeux dans les yeux, dans une sorte de course à celui qui céderait le premier. Involontairement, Nina détourna le regard, alors que des « plic » incessants résonnaient dans ses oreilles. Elle fit alors le tour de la salle du regard, la main de l’autre demeuré encore sur sa gorge, et comprit alors qu’ils étaient dans les cachots. Constatation qui la ramena plusieurs années en arrière, alors qu’elle vivait ses premières transformations. Pour plus de sûreté, pour sa sécurité et pour celle des autres, son père avait jugé bon de l’enfermer pendant de longues heures, seule, dans le cachot présent dans le sous-sol de leur maison. Oh, bien sûr, Nina n’en avait jamais voulu à son père. Mais cela était bien loin d’être son souvenir le plus réjouissant. Se remémorer tout cela, plus l’emprise du vampire qui allait en se resserrant sur sa gorge, ajouté encore au fait d’être enchaîné, et ainsi de suite … Jusqu’à ce que Nina ne finisse par craquer.

" Lorsque les mains sont liées, la rage monte au cerveau. "

Les veines présentent sur son visage grossirent subitement, tandis que ses yeux viraient totalement au jaune. Sa mâchoire se serra avec rage, ses pieds se collèrent au mur, alors que son corps entier se crispait de douleur. Les muscles de ses bras se contractèrent violemment lorsqu’elle mit toute sa force pour détruire les liens qui l’enchaînaient. Et au moment où ils cédèrent, Nina se transforma. En une seconde, ses vêtements se déchirèrent, et son corps frêle laissa place à un loup d’une taille impressionnante. Son pelage était soyeux, d’un gris métallisé aussi élégant que sa personne ; même la blancheur de son ventre se fondait avec le reste tant sa couleur était claire et pure. Le jaune de ses yeux disparut alors, à la fin de la métamorphose, pour laisser place au regard sombre de Nina sous sa forme humaine. Comme elle venait à peine de commencer ses cours de maîtrise, son esprit peinait à contenir la rage qui menaçait de se déverser en elle par flot. Dans un rugissement de colère, elle griffa la joue de celui qui lui avait enserré la gorge, et aurait certainement fait pire si la vigueur de ses amis vampires ne l’avait pas rattrapé à temps. Même s’ils étaient vampires, ils savaient qu’un loup-garou incontrôlable pouvait faire bien plus de dégât qu’un vampire de force égale, et décidèrent donc avec précipitation de s’enfuir vers le labyrinthe. Mais là, face à un loup-garou sous sa forme complète, la fuite était inutile. Aussi rapide qu’eux, Nina les pourchassa, presque inconsciemment. On ne saurait vous dire combien de temps aurait été nécessaire aux trois vampires pour lui échapper. A force de bifurquer à travers les méandres du labyrinthe, même Nina finit par se perdre, et presque malgré elle, retrouva sa forme humaine, au beau milieu de cet immense casse-tête. Nue, allongée sur le sol poussiéreux et froid, elle peina à se relever. Femme de faible constitution, l’espoir de ne plus être aussi épuisée après une transformation était quasiment insensé. Lasse, Nina s’appuya contre l’un des murs pour se relever, et regarda un peu autour d’elle. Puis elle soupira. « C’est pas vrai … » La pauvre enfant n’avait aucune idée de l’endroit où elle pouvait être. Bien sûr, comprendre qu’elle se trouvait dans le labyrinthe des sous-sols n’avait pas été bien compliqué. Mais à quel point s’y était-elle enfoncée ? Nina n’osait même pas imaginer comment elle allait bien pouvoir retrouver la sortie, sans baguette en plus. Elle avança un peu, très peu à l’aise de se balader totalement nue dans un endroit sur lequel on avait raconté tant d’histoire … Un plan compliqué spécialement élaboré par les créateurs de l’école, dans lequel un bon nombre d’âmes s’étaient perdues, pour finir, pour la plupart, dépourvues de toute goutte de sang par ces « monstres » appelés vampires. Ne fut-elle pas étonnée lorsqu’elle retrouva un vieux squelette datant d’on ne savait combien d’années, mais dont elle ne se gêna pas pour voler le drap. Celui-ci n’était pas fameux, suintait la poussière, mais c’était bien mieux qu’être complètement dénudée. Chancelante, Nina continua de marcher pendant quelques minutes, mais finit par se laisser glisser contre un mur, abattue. Dans son état, surtout dans son état, elle ne risquait pas de trouver la sortie de sitôt … Elle ramena ses genoux contre elle et y enfouit sa tête, en soupirant pour la énième fois.

Quelle soirée.

La vie était résolument quelque chose de vraiment ennuyant. Cela faisait déjà pas mal d’années que le jeune homme qu’il était, attendait plus vraiment grand-chose de celle-ci mais à l’époque, il pouvait être un jour certain que la sienne se finirait. Oui, que comme toute autre personne vivant sur terre, celle-ci allait s’arrêtait un jour ou l’autre, qu’il ne sentirait plus battre son cœur et que dans un dernier soupir son âme et son cœur cesserait à tout jamais d’exister, ne devenant alors qu’une enveloppe corporelle sans vie. Cependant, il fallait croire qu’il s’était trompé sur toute la ligne, que ses espérances avaient été vaines puisqu’il était désormais résolument vivant, ou du moins dans un état qui se rapprochait plus ou moins de cette vérité pour toujours. En l’espace d’une seule soirée, il était passé de statut d’être humain à celui d’une âme en dérive. Une âme qui était résolument plus que jamais perdue dans les méandres d’un avenir qui lui avait jamais autant paru si sombre, si dénué de tout bonheur. Le bonheur était résolument quelque chose qui lui paraissait désormais tellement utopique, vain de croire possible. Lui, qui avait toujours été si idéaliste, lui qui malgré son apparence si froide, si austère était encore un enfant qui avait alors à l’époque tant d’espoirs pour l’avenir, pour retrouver le bonheur qui lui avait tourné le dos, un soir, semblait désormais alors si à l’opposé de ce garçon. Pourtant, il savait plus que quiconque que sa nouvelle condition était le résultat de son propre choix, un choix qu’il ne réfutait pas, ni ne regrettait car s’il en avait eu de nouveau la possibilité, il était évident qu’il aurait accepté de nouveau cette transformation qui s’opérait en lui. Ren, faisait parti de ces personnes qui étaient d’une loyauté telle qu’elle pouvait être totalement irréelle, idiote pour certaines personnes qui ne parvenaient pas très bien à comprendre ses agissements. Pour soutenir, protéger les êtres qu’il appréciait et chérissait, il était prêt à subir les pires injures, bassesses sans rechigner, ni changer la chose. Il pouvait alors être aussi fidèle qu’un chien qui ne pouvait quitter ses maitres, et ce malgré toute la profonde peine, douleur que cela pouvait lui apportait de rester à leurs côtés.

Autant dire que cette loyauté naturelle de sa part, qui avait fait de lui un yunikon lorsqu’il avait été un simple sorcier dans les couloirs de l’école qu’était Akiwa à l’époque, était parfois plus un fardeau qu’autre chose. C’était à cause de celle-ci qu’il avait été durant tant d’années si idéaliste, tâchant de trouver un moyen comme un autre de retrouver un bonheur qui ne pouvait, pourrait, nullement devenir de nouveau possible. Le temps qui s’écoulait, qui laissait passer la vie, était parfois trop chargé en souvenirs pénibles, en tristesse inavouées que même si les choses reprenaient leur courant normal, la douleur, la peine que cela avait produite sur les êtres étaient bien trop difficile à cicatriser, à oublier qu’il persistait à jamais une gêne qui ne pouvait alors disparaitre. Il lui avait fallut énormément de temps pour se faire à cette idée et on pouvait dire que c’était sa nouvelle condition qui lui avait permit de mettre un terme à tous ces espoirs vains qui avaient été les siens. Désormais, plus que jamais il ne pourrait refaire partie de cette famille qui l’avait isolé pour le bien d’une seule personne, d’un être qu’il chérissait plus que tout, cette personne qui était la moitié de lui-même, sa sœur. Pourquoi ? Tout simplement parce que dorénavant il n’était plus qu’un être sans âme, un simple vampire comme un autre. Plus jamais, il ne pourrait dire qu’il était qu’un simple sorcier, jamais plus il ne pourrait désormais faire valoir cette place d’héritier d’une haute lignée de sorciers de sang pur pour la simple et bonne raison qu’il n’avait résolument plus ce statut. Cette idée ne s’était pas faite sans peine pour le fier et orgueilleux garçon qu’il était mais désormais celle-ci semblait avoir trouvé sa place dans son esprit. Il ne pourrait plus désormais faire parti de cette famille et ce même si sa sœur devenait enfin sorcière, même si elle lui pardonnait, acceptait de nouveau son existence, et ce même si on lui redonnait la place qui se devait être la sienne. Il était résolument obligé de rester à jamais un orphelin aux yeux de sa propre famille, de sa propre personne tout en continuant à jouer un rôle qui faisait désormais parti entière de sa vie : celle de se faire passer pour ce qu’il n’était pas, ou du moins plus officieusement.

Soupirant las alors qu’il avait passé sa journée longé, sur la pelouse de ce parc ombragée par cette multitude d’arbres, qui lui permettait de savourer avec plus ou moins de facilité la douce chaleur de ce faible soleil qui parvenait parfois à franchir les branches de ceux-ci, il ferma doucement les yeux pour canaliser le léger malaise qui le traversa à cette idée. Qu’il était parfois idiot de penser à toutes ces choses qui ne faisaient que le faire souffrir dans une certaine mesure. Après tout, il était désormais tel qu’il était et personne ne pouvait changer ceci… Non même pas lui… Il lui restait alors que deux choix possibles à sa disposition : soit celui de haïr sa nouvelle condition ou celle de s’y accoutumer et le choix selon lui était vite fait. Même s’il ne supportait toujours pas l’idée de se transformer, de se nourrir que de sang et de sentir parfois ses crocs aiguisés faire leur apparition dans sa bouche, il s’habituait peu à peu à cette idée de devenir une créature de la nuit. Cependant comme toujours, l’être fier qu’il était ne souhaitait nullement qu’on le prenne ni en pitié, ni en compassion, ni même qu’on ait le culot de juger sa nouvelle condition… Non, il ne pouvait résolument pas supporter une telle chose alors même encore à l’heure actuelle, il tentait encore de mentir sur sa condition actuelle, se faisant passer pour un sorcier comme les autres mais l’état de son corps, de son visage ne faisait que peu à peu le trahir. Cependant il était quelqu’un d’entêté, parfois même d’insensé et bien que cela pouvait semblait ridicule, il persistait encore à reconnaitre officiellement qu’il était un de ces « vampires » comme si en faisant cela, il allait devenir un être inférieur, une pauvre erreur comme tant d’autres… C’était idiot et dans une certaine mesure, il en avait conscience mais il ne pouvait lutter contre son subconscient, ce que lui dictait son cœur.

C’est alors qu’il sentit une présence venir à lui, venant sauter doucement sur son ventre. Ouvrant alors doucement les yeux, il fit la jolie petite bouille de son chaton, Yume. Cette petite chatonne était le dernier cadeau de ses parents qu’il avait reçu durant ses vacances dans le domaine de ses grands parents. Cloué dans un loft dans un coin isolé du domaine, il avait alors passé de longues journées, semaines à prendre soin d’elle, elle qui était une petite bengal venant de la portée du chat de sa jumelle. A croire qu’ils étaient à jamais liés et ce même par leurs animaux communs et il ne pouvait nier que l’idée lui plaisait car même s’il refusait d’admettre cela. Il tuerait pour pouvoir de nouveau reprendre contact avec sa sœur, pour pouvoir la prendre dans ses bras et ressentir de nouveau cette impression d’être entier, comme il était intimement persuadé que quelque part en elle, celle-ci avait aussi cette sensation d’être incomplète. Souriant faiblement au minois de cette petite bouille qui venait d’atteindre son troisième mois d’existence, il se mit doucement à la caresser et s’amuser avec elle alors qu’il voyait désormais que le soleil avait laissé ses quartiers pour laisser place à la lune de prendre les siens, cela signifiant que ses cours risquaient de commencer sous peu. Cependant pas plus alarmé par la situation car il commençait relativement tard ce soir, il joua alors encore quelques minutes avec son chaton avant de la poser gentiment sur son épaule pour rejoindre ses quartiers. On pouvait dire que la journée qu’il venait de passer avait été des plus paisibles et la soirée qui l’attendait semblait prendre la même voie, ce qui ne le dérangeait pour le moindre du monde, lui qui aimait plus que tout la tranquillité et le silence d’être seul. La solitude ayant toujours eu une place importante dans sa vie.

Cependant en pénétrant dans la salle commune de sa maison, il remarqua rapidement la présence d’une demoiselle qui était loin de le rendre si indifférent. Song Nina. Rien qu’à l’énonciation de son prénom dans son esprit, il ne pouvait s’empêcher de sourire amusé par elle. Nina était résolument une des seules personnes dans cette école à pouvoir le faire sourire de la sorte, voir même rire faiblement lorsque l’une de leurs querelles amicales le permettait. Il faut bien avouer qu’il y avait rien de plus rafraichissant que de passer son temps à lui lancer des piques amicales, surtout lorsqu’il était contraint une nouvelle fois à la sortir d’un pétrin dans lequel elle l’avait entrainé. Elle était résolument son chat « noir » comme il se plaisait ainsi à la surnommer mais aussi surprenant que cela pouvait paraitre, il ne la détestait pas et l’appréciait ô grandement. Pourquoi ? Il ne le savait pas vraiment ou peut être souhaitait-il ne pas reconnaitre le fait qu’elle avait des yeux envoutants, un caractère de feu et une façon de lancer des piques qui lui plaisait ? Peut être… Pourtant il lui arrivait parfois de songer à l’embrasser, de passer du temps avec elle et à cet instant, il avait présentement envie de se diriger vers elle pour l’accompagner dans son ennui. Alors qu’il était sur le point de le faire, il sentit Yume miauler faiblement, lui indiquant donc qu’elle avait faim. C’est donc à regret qu’il poursuivit tout simplement son chemin et montant dans sa chambre pour satisfaire le besoin naturel de sa protégée alors qu’il se longeait doucement sur son lit pour se poser un temps. Ce soir, il commençait relativement tard à 23h et il avait encore largement du temps devant lui. Fermant alors doucement les yeux, il reposa ainsi son corps quelques dizaines de minutes avant de se souvenir qu’il devait se rentre à l’infirmerie pour continuer ces examens médicaux car celle-ci trouvait qu’il avait ô bien trop longtemps négligé son hygiène vie. Soupirant doucement à cela, il se redressa et prépara ses affaires pour pouvoir les prendre en revenant et il prit enfin la direction de l’infirmerie suivit de près par son chaton qui ne désirait nullement le lâchait tant qu’il ne la mettait pas lui-même dans son panier comme pour lui signifiait qu’elle n’avait plus le droit de faire.

Marchant la tête haute dans l’école en se dirigeant vers pechalʹnyĭ's castle qui se trouvait à quelques minutes des quartiers de sa maison, il ne fit pas particulièrement attention à Yume, supposant comme à ses habitudes que celle-ci marchait derrière lui, fière comme un félin de sa condition. Cependant c’est lorsqu’il grimpa la première marche de l’escalier de marbre du bâtiment qu’il remarqua qu’il ne voyait plus la légère ombre de sa protégée reflétée par les lumières du hall. Tournant alors vivement la tête alors que le hall était vide, ne voyant aucune âme qui vive, il remarqua son chaton prendre la direction des sous sols résolument intéressée par quelque chose. Il tenta plusieurs fois de l’appeler doucement mais celle-ci n’était pas décidée à l’écouter et sans qu’il ne puisse faire quelque chose, celle-ci s’élançant dans le couloir qui mené au sous sols. Ne cherchant nullement à réfléchir, il s’élança également à sa poursuite sans pour autant donner l’impression qu’il coursait son propre chat alors que celle-ci semblait disparaitre petit à petit de son champ de vision. Poursuivant ainsi son animal de compagnie dans ces couloirs, il ne remarqua nullement dans quel piège il s’était engouffré, se contentant alors seulement de retenir des détails qui pourraient lui permettre de retrouver la sortie alors que les couloirs semblaient de plus en plus être plongés dans une obscurité quelque peu lugubre. C’est donc qu’ainsi après de longues minutes passées à courir après son chaton sans connaitre la moindre fatigue qu’il parvint enfin à mettre la main dessus l’obligeant alors à rester dans ses bras alors qu’elle semblait finir son extra de la soirée. Une souris… La demoiselle l’avait fait courir, s’inquiéter pour une souris. Lui tapant gentiment la tête alors qu’il la fixait d’un air sévère celle-ci se contentant seulement de miaulait doucement, comme pour lui dire qu’elle avait bien mangé. Elle semblait tellement innocente qu’il ne pu s’empêchait de sourire alors qu’il attendait des pas affolés s’activer autour de lui ou du moins dans les couloirs adjacents au sien, entendant ainsi des bris de conversation.

« Espèce de con, tu es malade, elle a manquée de nous tuer, tu sais ? Par ta faute, on fait comment pour sortir de ce labyrinthe ? Je n’ai pas envie de crever dans ces couloirs, ni même de tomber de nouveau sur elle. »

Il n’avait aucune idée de qui pouvait être cette dénommée « elle », ni même ce qu’ils avaient pu lui faire ou dire pour qu’elle les ait presque tué, mais à vrai dire, il s’en moquait éperdument. La seule chose qu’il avait vraiment retenu, c’était qu’il se trouvait présentement dans ce labyrinthe dans lequel on avait bien soin de leur dire de ne pas s’aventurer. Lançant alors un regard un peu plus sévère à cette chipie, il soupira doucement et prit sa baguette en main pour tenter de se souvenir quels couloirs il avait prit avant d’attraper cette dernière. Marchant à pas de loup tout en tachant de se rappeler, il avançait doucement mais prudemment dans les couloirs de ce labyrinthe lorsqu’il cru reconnaitre une forme recroquevillait sur elle-même dans son champ de vision alors qu’il s’engouffrait dans un couloir adjacent. Stoppant alors sa marche, il plissa doucement des yeux pour tenter de la détailler plus en détail. Partagé entre l’idée de la laisser se débrouiller comme elle se le devait en tant que présumée sorcière, loup garou, peut être même, elle devait être capable de se sortir de là toute seule. Cependant, si elle s’était comme il avait cru comprendre transformée, elle devait présentement être horriblement fatiguée et horriblement diminuée. Soupirant doucement, il fit un geste à Yume pour qu’elle ne miaule pas, la déposant alors à terre et d’un pas léger se dirigea vers cette silhouette qui lui semblait alors de moins en moins étrangère. La minceur de ce corps recouvert par un simple drap, la naissance de cette nuque, la longueur de ces cheveux, tout ceci lui rappelait qu’une seule personne : Nina. S’approchant alors doucement d’elle, il lui attrapa doucement le poignet et dans un geste bref mais point austère, ni brutal, il l’aida à se relever, passant son bras autour de sa taille pour la soutenir en cas de chute et l’obliger à passer ses bras autour de sa nuque alors qu’il lui lançait simplement.

« Soyons clair sur un point, Nina. Je t’aide pas parce que tu me fais pitié ou autre, mais uniquement parce que tu n’es pas en état de sortir, ni même de te déplacer par tes propres forces. C’est tout ! Alors ne cherche pas à me repousser car j’ai bien l’intention d’oublier totalement notre rencontre en ses lieux, une fois sorti d’ici…ça te va ? »

Sa voix avait été claire et sévère, il comptait résolument ne pas lui donner la possibilité de refuser son aide, surtout que cela ne faisait pas parti en temps habituel de ses habitudes. Soupirant doucement, il ajouta seulement pour relativiser et détendre l’atmosphère dans une voix plus calme et amusée.

« En tout cas, je vois que tu es toujours aussi douée pour te fourrer dans des situations extraordinaires… et comme par hasard je me retrouve encore une fois impliqué, comme d'habitude. Tu n’en as pas marre de me faire subir tout cela, mon cher petit chat noir ? »

" Dans les ennuis, les tracas, l'homme est seul. Une fois que l'on est dedans, on doit s'en sortir par soi-même, pas de sauveur pour s'occuper de ces vétilles. "

Quand bien même s’était-elle cachée dans le creux formé par ses genoux, Nina n’en était pas pour autant devenue sourde, et n’en avait pas perdu son odorat non plus. Aussi léger que cela pouvait être, la jeune femme percevait l’infime claquement d’un pas qui se voulait mesuré, tout comme un parfum aux senteurs très bien connues titillait ses narines. Lorsqu’elle humait cette odeur, une douce chaleur s’insinuait quelque part au fond de son cœur, lui procurant ainsi une légère sensation de confort, alors que déjà, elle savait très bien à qui elle avait affaire. Pourtant, elle n’esquissa pas le moindre mouvement, se contentant d’attendre qu’il approche. De toute manière, qui aurait envie d’être vu dans un état aussi déplorable ? Pour une fille aussi suffisante et fière que Nina, cela pouvait même être pire que la mort elle-même. Très vite, elle sentit une main lui saisir le poignet, avant de la relever d’une façon aussi douce que délicate. Cependant, cela ne la réjouissait pas plus que cela. Pas du tout même. Dans cette façon qu’il avait eu de passer son bras autour de sa taille, ou encore de lui pousser à enrouler le sien autour de son cou, tout semblait avoir été mis en œuvre pour pousser l’agacement de Nina encore plus loin. Dans un moment comme celui-là, ce genre d’élan de bonté, de pitié, de compassion ou d’elle-ne-savait-quoi encore rendait Nina plus que mal à l’aise. Elle n’était absolument pas du genre à réclamer l’aide de quiconque, et pour ces mêmes raisons qu’étaient sa fierté et son orgueil, elle supportait encore moins ces marques de gentillesse. Bien que cela soit né d’une bonne intention, la jeune femme ne pouvait s’empêcher de penser comme cela. D’accord, d’accord, c’était pour l’aider, la secourir et tout le blabla. Malheureusement, Nina avait tendance à penser que l’on est mieux servi que par soi-même, et qu’une main extérieure n’avait aucunement besoin d’intervenir dans l’équation de sa vie. Et quand bien même avait-elle Ren en face d’elle, cela ne changeait aucunement sa manière de voir les choses. Encore moins même. Car étant l’un des objets de son désir, Nina avait toujours fait en sorte d’être bien présentable devant le jeune homme. Pas qu’elle ne prenait pas soin d’elle en temps normal, mais lorsqu’elle se savait devoir le rencontrer quelque part, la giena redoublait d’effort pour paraître plus jolie et attirante. Quoi de plus normal lorsque l’on trouve un garçon à son goût ? Il n’y avait rien de répréhensible dans l’envie de plaire à quelqu’un qui nous attire. Et bien évidemment, dans le cas présent, même l’idée de se terrer au fond d’un trou de semblait pas suffisante pour exprimer à quel point elle aurait voulu être ailleurs à ce moment-là, ou, au pire, qu’une autre personne soit venue la trouver. En même temps, il valait mieux Ren que quelqu’un d’autre. Qui sait ? Peut-être qu’elle serait tombé sur un maniaque, et si celui-ci avait eu une force de loup-garou ou de vampire, et vu son état, certainement aurait-elle fini violée dans un coin de ce labyrinthe, sort qui s’avérait encore une fois pour Nina pire que la mort elle-même. Mais même cette image ne fut pas suffisante pour lui permettre de relativiser. « Soyons clair sur un point, Nina. Je t’aide pas parce que tu me fais pitié ou autre, mais uniquement parce que tu n’es pas en état de sortir, ni même de te déplacer par tes propres forces. C’est tout ! Alors ne cherche pas à me repousser car j’ai bien l’intention d’oublier totalement notre rencontre en ses lieux, une fois sorti d’ici…ça te va ? » Nina fronça imperceptiblement les sourcils, tout en frisant le nez. Ca aussi, elle n’aimait pas. Il n’y avait rien de mal à dire cela, ça aurait même dû la rassurer, lui permettre de penser « ah, te bile pas Nina, de toute manière il s’en tape comme de l’an 40 de ton état ». Mais là encore, elle n’avait pas eu la même conception des choses. A ses yeux, cette phrase était l’écho d’une réelle pitié de la part de Ren. C’était la première chose qu’il lui avait dite, cherchant certainement à mettre directement les points sur les i, sans faire de détour. Mais avec une telle intention, cela poussait Nina à croire qu’il avait eu sincèrement pitié d’elle, mais que, pour la rassurer, il avait décidé de lui dire cela. Ca ne tenait pas vraiment la route, mais même sans aucune raison valable, Nina ne cesserait pas de le supposer.

" Il n'y a pas de honte à perdre ou à échouer. La honte, la seule qui puisse nous faire honte est d'être inférieur à nous-mêmes. "

« En tout cas, je vois que tu es toujours aussi douée pour te fourrer dans des situations extraordinaires… et comme par hasard je me retrouve encore une fois impliqué, comme d'habitude. Tu n’en as pas marre de me faire subir tout cela, mon cher petit chat noir ? » Lorsqu’il ajouta cela, Nina préféra faire comme si elle n’avait pas entendu sa première phrase et préféra se focaliser sur celle-ci. Son expression se fit alors un peu plus nette et moins renfrognée, alors qu’un léger sourire apparut sur ses lèvres. Il semblait totalement naturel, et pourtant sourire était bien la dernière chose qu’elle voulait faire. Mais puisqu’il semblait vouloir détendre l’atmosphère, autant jouer le jeu, n’est-ce pas ? Mine de rien, la jeune femme feignit à cette perspective en se dégageant fermement de la poigne de Ren. Cela n’avait eu rien de brutal. Mais Nina avait autant de force que Ren, cachée derrière son corps petit et menu de femme, et malgré sa fatigue, se confronter à une vigueur de vampire n’avait rien de bien sorcier. Tant que celui-ci ne tentait pas de la provoquer en duel bien évidemment. Son mouvement fut donc un peu trop sec, si bien qu’elle manqua de chavirer sur le côté. Elle ne dût alors son salut qu’au mince équilibre qui lui restait, et bien qu’elle tangua l’espace d’un petit moment, elle se retrouva bien vite sur ses deux pattes. Son sourire se fit alors plus large, alors qu’elle donna un sympathique coup d’épaule au jeune homme. « Bah, tu sais bien que t’attirer dans mes mésaventures est devenue mon activité favorite ! Mais quand même … Comment tu as fait pour atterrir ici ? Ce labyrinthe n’est pas vraiment un lieu pour une balade en solitaire … Enfin, personnellement, je ne serais pas venue ici pour une promenade de santé. Et puis surtout monsieur … L’heure tourne. N’es-tu pas sensé aller en cours ? Quel vilain garçon. » Bien qu’elle ne soit pas du genre muette, Une telle affluence de paroles n’était pas très normal chez Nina. Ou du moins, des paroles comme celle-ci, un peu inutiles et vides de sens. Elle continua de faire comme si de rien était, et se prit même à marcher d’un pas vif, oubliant Ren derrière elle. « Bon, c’est pas que, mais faudrait peut-être sortir d’ici, je n’ai pas envie de rester là plus longtemps » Son ton était joyeux et plein d’entrain, accompagnant à la perfection les pas de géants dont Nina usait pour avancer. Cependant, la fête fut de courte durée. Très vite, sa tête se mit à tourner, tandis que les os de ses jambes la tiraillaient. L’élancement qui remonta alors le long de son tibia fut tel qu’elle tomba, et cette fois-ci, aucun équilibre n’était venu à sa rescousse. Néanmoins, elle eut tout de même le réflexe de mettre ses mains devant elle pour ne pas se manger le parterre, même si elle ne parvint pas à retenir un petit aïe de douleur. Nina eut alors une profonde envie de disparaître. Pourquoi avait-elle encore essayé de jouer les dures ? La honte était maintenant encore plus grande. Elle se pinça les lèvres et ferma très fort les yeux, dans l’espoir de se réveiller, peut-être, au fond de son lit bien douillet. Mais bien sûr, le poids de la réalité revint très vite au galop, et elle fut bien obligée de comprendre que tout ceci n’avait rien d’un rêve. Pire.

C’était un cauchemar.

La vie était parfois surprenante et à vrai dire, il arrivait parfois au jeune homme de ne pas comprendre son véritable sens. Au cours de sa jeune vie, il avait traversé tant d’épreuves, qu’un être humain normalement constitué ne devrait jamais avoir à rencontrer sur sa route, qu’en toute honnêteté, il pensait sincèrement que la vie n’avait point de sens. A quoi bon était-il utile de vivre si notre existence n’avait que pour seul but de chercher un bonheur qui se trouvait tant utopique ? Comme la majorité des êtres humains, lui aussi à l’époque où il avait été bien jeune, il avait suivit cette longue route qui devait sans doute l’amenait vers un certain bonheur. Un bonheur, qui se devait par définition, rendre sa vie bien plus belle et gaie, masquant à merveille toutes les peines qu’il avait du endurer au cours de sa vie. Pendant de longues années où il avait été jeune, il avait cru qu’il avait droit à cette part de bien être autant qu’une autre personne et menait sa vie vers cette stupide quête pour le bonheur. Autant dire que la vision qu’il avait de la vie désormais était diamétralement opposée et à ses yeux cette quête était tout simplement illusoire. Le trou noir, voila à quoi se résumait sa vie désormais et cela ne l’énervait, ni l’attristait comme s’il était résolument fermé hermétiquement à toute émotion, ce qui n’était pas très éloigné de la réalité. Cependant, il n’en était pas pour autant un être insensible qui ne ressentait rien avec personne. On peut dire qu’il y en avait peu à ses yeux, mais il arrivait encore qu’il se laisse aller à de tendres émotions avec certaines personnes, qui en temps normal et s’il n’avait pas ressenti cet étrange sentiment, n’aurait du que lui être indifférent, à défaut de venir agrandir sa liste d’êtres qu’il exécrait plus que tout au monde.

Il est donc évidant que la jeune femme qu’il soutenait à l’heure actuelle, faisait partie de cette liste et qu’en toute franchise, il en était assez content. Pourquoi ? Il ne saurait le dire mais peut être était-ce due à leur ressemblance qui faisait qu’ils se comprenaient ? Peut être. Tout comme lui, la jeune femme était une fille fière, sure d’elle-même qui exécrait avec autant d’acharnement que lui, tout sentiment qui pouvait s’apparenter à de la compassion ou de la pitié. Lorsqu’on a longtemps était observé avec ce regard compensant ou empli d’une pitié sans précédent, il est facile de détester cela au point que cela nous en donne la nausée et l’envie de disparaitre six pieds sous terre. D’autant plus lorsqu’on est un être fier et sur de lui, il n’y a vraiment rien de pire pour soi que de montrer un aspect de faiblesse de notre part. Et en venant à la rescousse de la jeune fille tel un chevalier servant, il avait alors l’horrible sensation d’une impression de déjà vu qui le dérangeait énormément. C’est pour cette raison qu’il avait voulu mettre les points sur le i dès le début même si en y pensant, ça pouvait donner à la jeune fille, la sensation qu’il l’avait en pitié ou en compassion. Mais ce n’était résolument point le cas. En toute honnêteté, s’il avait vu que la jeune femme pouvait s’en sortir sans son aide, il l’aurait laissé se démerder ou du moins il serait resté à ses côtés avec cette nonchalance qui était caractérielle à sa personne. Cependant ainsi repliée sur elle-même, seulement vêtue de ce drap et après réflexion sur la situation dans laquelle elle se trouvait actuellement, il était intimement persuadé qu’elle n’était tout simplement pas en état physique ou mental de supporter de vagabonder dans les couloirs de ce labyrinthe, et ce même si en tant que loup garou, elle avait surement bien plus de flair que lui pour retrouver sa route vers la sortie.

Dans tous les cas, il n’avait pas pour ambition de s’imposer à elle et si elle s’éloignait de lui comme pour lui dire qu’elle ne souhaitait nullement son aide, il n’allait pas insister. Tout le monde avait ses moments de faiblesse et parfois on ne pouvait pas avoir d’autre choix que de l’être en présence d’une autre personne. Cela ne devait surement pas être facile pour quiconque mais il était indéniable que chercher de s’imposer à cette dite personne sous prétexte qu’on souhaitait l’aider n’était pas une bonne idée. Les gens les plus faibles pouvaient alors accepter cela mais ceux qui étaient têtus et fiers, ne faisaient que repousser ces dites personnes avec rage et acharnement, refusant tout simplement d’être pathétique face à ceux-ci. En attendant, il avait seulement voulu lui dire que ce n’était pas dans ces habitudes d’avoir un tel geste envers une autre personne ou du moins pas aussi franchement et ouvertement. Il n’était pas quelqu’un qui acceptait la facilité qu’avait les gens de réclamait de l’aider lorsqu’ils se foutaient dans la merde mais étrangement ce n’était pas non plus son genre de laisser les gens dans la merde. Assez complexe, n’est ce pas ? Oui et c’était toujours irritant pour lui d’être incapable de tracer sa route mais bon généralement il se contentait seulement de faire diversion ou de provoquer une catastrophe pour donner la possibilité à l’autre de se tirer de sa merde. D’ailleurs, Nina faisait partie de ces personnes. Elle avait vraiment le don de se fourrer dans des histoires invraisemblables et de l’entrainer dedans, ou disons peut être que c’était le destin qui le voulait. Dans tous les cas, il se retrouvait dedans et il devait souvent lui donner un petit coup de main même s’il se trouvait être très léger en fin de compte car il était même avec elle, nullement décidé à devenir un chevalier servant.

Comme il l’avait prévu, le petit froissement du nez de la jeune femme qu’il aperçût sur le visage de la jeune giena vint affirmer ses suppositions. Elle semblait croire qu’il avait pour elle de la pitié ou de la compassion, bien que son visage était inexpressif et son regard aussi neutre que d’habitude. Il ne pouvait pas lui en vouloir puisque lui-même n’était pas non plus très heureux de lui venir en aide car cela voulait tout simplement donner cette impression de compassion et de pitié soit dit en passant. Malgré cela il était quelqu’un de tellement franc et peut être même d’indélicat, que jouer l’hypocrite que ce soit de façon libérée autre qu’avec ses professeurs lui étaient insupportable, alors il n’allait pas lui mentir, quitte à ce qu’elle l’envoie balader comme il avait pu le faire avec une olen de sa connaissance. Si elle le faisait, il tracerait alors sa route sans un regard en arrière…ou plutôt, non rectification, il se contenterait de veiller au loin en avançant assez lentement comme s’il se perdait lui-même pour permettre d’avancer et de reprendre ses forces dans son coin sans l’avoir à ses côtés. Cependant malgré sa remarque qui avait fait que la jeune femme s’était sentie peut être froissée, elle semblait avoir prise la décision de passer outre cela et de rester concentrer sur sa petite pique qui se voulait être amicale, quoique peut être déplacée. Le léger sourire, qui se voulait être naturel mais qu’il pensait plus ressemblait à un sourire de rigueur à ses yeux, aussi hypocrite que sincère, ne lui fit même pas exprimer un semblant de sourire alors qu’il voyait la suite arriver comme dans une prémonition. Lorsqu’elle décida de se dégager de sa poigne d’un geste ferme, il la laissa faire même si elle manqua de perdre l’équilibre par son geste, il n’eut à son attention aucun geste de renfort qui pourrait lui éviter une quelconque chute. Si elle ne voulait pas qu’il la soutienne, il n’allait pas s’imposer à elle, bien que ces mots avaient dis le contraire…Comme quoi, il fallait vraiment jamais porter attention aux mots qu’il pouvait prononcer et il était même le premier à le reconnaitre.

Cependant elle reprit rapidement son équilibre et prit même le risque de lui donner un petit coup d’épaule en lui lançant sur un ton désinvolte qu’il devait bien savoir que l’attirer dans ses mésaventures était devenu son activité favorite, chose qui le fit sourire faiblement alors qu’elle poursuivait son monologue qui à ses oreilles ne servaient qu’à masquer sa faiblesse, sa fatigue et il voyait très bien qu’elle se fatiguait plus qu’autre chose. Pourtant il ne changea point d’attitude à son égard et l’écouta attentivement alors qu’elle lui demandait comme il avait fait pour atterrir ici. C’est alors que son regard se tourna vers la boule de poil qui se faufilait entre ses jambes pour se coller à lui et mettre ses pattes sur son genou avec ce petit air si innocent. Il la prit donc dans ses bras et la posa gentiment sur son épaule alors que sa compagne continuait dans son monologue, en lui disant qu’il était vilain garçon puisqu’il était sensé aller en cours au lieu de s’être perdu dans les dédalles de ce labyrinthe. Prenant la remarque avec humour, il se contenta seulement de sourire faiblement alors que celle-ci prenait déjà les devants comme si son malaise n’était qu’une histoire ancienne. Sans un mot donc il se contenta de la regarder avancer, prenant le temps de caresser yume qui réclamait un temps soit peu son intention alors que son amie lui lançait qu’il serait peut être temps de trouver la sortie, qu’elle n’avait pas envie de rester là éternellement. Son ton se voulait être joyeux et plein d’entrain comme si tout allait bien dans le meilleur du monde mais à trop vouloir faire comme si de rien n’était, l’inévitable arriva après quelques pas de géant. Le corps bien trop fatigué de la jeune femme rendit les armes, l’obligeant alors à s’écrouler au sol comme une masse sans vie. Il ne fit aucun geste pour tenter de la retenir, d’une parce qu’il se trouvait trop loin d’elle et de deux parce qu’elle semblait nullement disposée à accepter son aide, donc il n’allait pas insister.

Il détourna alors les yeux par respect et s’engouffrant dans un couloir adjacent pour regarder s’il reconnaissait un détail qui pourrait lui rappelait son entré, préférant peut être donner l’impression à la jeune femme qu’il n’avait point vu son malaise. Il avait conscience que peut être ne le verrait-elle pas de ce point de vue mais il n’avait nullement aucune compassion et pitié pour elle, elle était juste fatiguée, diminuée et fragile après sa transformation tout simplement. Donc par respect pour sa personne et parce qu’il savait qu’elle s’obligeait à agir de la sorte, il voulait juste qu’elle trouve assez de temps pour reprendre ses esprits et un peu plus contenance, tout simplement. C’est pour cela qu’il prit soigneusement son temps pour analyser ce dit couloir, regardant si un détail ne l’interpellait pas mais ne voyant rien qui aurait pu lui rappeler quoique ce soit, il retourna sur ses pas et se contenta seulement de s’appuyer sur le bord du mur en lançant dans un ton plus ou moins emplis de sarcasmes amicaux.

« Eh bien, on tient plus sur ses jambes, mademoiselle Song ? Ma beauté naturelle serait-elle trop éblouissante pour toi ? Je sais que je suis beau mais pas au point que tes jambes ne te soutienne plus… »

Caressant doucement yume du bout des doigts, il s’avança près d’elle et en la dépassant ajouta seulement.

« Pour en revenir à nos moutons, j’ai regardé le couloir d’à côté et je ne pense pas que ça soit celui qu’on doit prendre mais je pense que ton flair légendaire devrait être plus précis et nous être d’une grande aide. A moins que tu préfères te morfondre sur ma beauté et dans ce cas là, je vais devoir te trainer jusqu’à la sortie en comptant que sur mon bon vouloir ? »