Sous le clair de lune profondément encré dans l'air frais de cette soirée, il marchait lentement sur les berges du lac. En fait, il ne faisait ça que peu de fois, voir trop rarement pour qu'on définisse cet endroit comme le sien ; se promener n'était qu'un quotidien comme un autre certes, mais son quotidien était bouleversé encore ce jour-là par la simple visite d'une inconnue, ou plutôt non, une jeune femme bien trop familière à ses yeux. Il ne serait que trop douter que Song Ji Eun aurait aujourd'hui laisser un petit mot à son attention alors qu'il n'avait dormi qu'une heure. Certes il s'était empressé de s'habiller dans une tenue plus adéquate pour sortir dans la nuit sombre et clair à la fois. Sombre car tout les couloirs grouillaient surement de préfets et qu'il aurait aimé se faire tout petit. Clair car la lune éclairait bel et bien parfaitement tout les terrains verdoyants du jardin nocturne du château. En fait Alexsy avait bien trop à faire pour se préoccuper d'être momentanément arrêter dans son élan de mièvrerie incertaine qui le poussait déjà à répondre à l'appel instantanée de Ji Eun sur lui. Il était déjà passé au côté de l'immense clocher majestueux à l'extérieur et se dirigeait vers la sortie vers le village et la forêt. N'avait-il pas déjà fait ce chemin une ou deux fois en compagnie de cette propre meilleure amie qui lui suivait momentanément partout depuis que ce chantage les avaient liés comme les doigts de la main ? Aujourd'hui, il se rendait seul sur ces lieux marchant d'un pas décidé vers le lieu de « rendez vous » qu'elle lui avait donné. Ca avait toujours été ainsi avec mademoiselle Song ; un mot et il suit en silence ; un mot et il s'agit d'un effondrement constant dans son esprit qui fait qu'il exécute les ordres de sa belle et unique meilleure amie de vingt et un ans.

Il revoyait encore la légère moue de la jeune fille quand ils s'étaient rencontrés et qu'elle avait croisé son regard et sa voix. Oui. C'était ainsi qu'ils s'étaient connus ; par un chant quelconque de sa part à elle, par un chant quelconque auquel il avait répondu sans trop de honte. Non généralement Alexsy ne chantait pas ; surtout pas lui ; mais la douce et mielleuse voix de Ji Eun avait semblé lui donner des ailes, comme-ci il était irrévocablement normal qu'il réagisse ainsi face à elle. Mais semblait-il aussi que personne ne soit au courant de ce secret et il entendait déjà sa voix de changer en ton sombre et froid le menaçant déjà. Un sourire se dessinait lentement sur les lèvres de Alexsy tandis qu'il empressait son pas en arrivant à la lisière de la forêt qu'il contournait. De loin, il apercevait déjà les berges froides et fraichement éclairés par la blancheur de cette lune parfaitement visible. Pendant un instant il repensait que la froideur de cette soirée ne l'atteignait pas lui mais surement elle ; elle sa meilleure amie sorcière. Juste une sorcière oui. Elle n'était doté d'aucunes capacités surnaturelles ni rien ; elle n'était doté qu'aucunes différences autre. Elle était juste elle. Ji Eun et simplement Ji Eun ; souriante et douce ; confiante par moment surement plus avec lui qu'il ne le pensait. Traversant rapidement les quelques mètres le séparant de la berge il s'aperçut trop tard qu'il avait pris son mal en patience et que sa meilleure amie ne semblait ne pas être encore arrivé. Il était vrai que tout sorciers ayant eu cours le jour est censé dormir, mais Ji Eun traversait des risques et des dangers juste pour être en sa présence à lui.

« Le ciel est noir. La lune est blanche. Contraste. Parfait... » déclarait-il pour lui dans un soupir qui voulait tout définir pour lui. Soupir de déséspoir. Soupir de considération à ne vouloir que vivre au jour le jour à ce moment-là, rire, sourire, vivre, danser, être joyeux. Comment pouvait-il l'être au fond, joyeux, rieur, souriant ? Il ne l'avait été que trop rarement pour savoir comment vraiment s'y prendre et jusque là il n'y a eu que de rares fois qu'il souriait ou poussait des soupirs suivit d'un rire doux et lent. Mais seule Ji Eun avait réussi à faire apparaître ces traits doux et attentionnés de Alexsy ; Ji Eun et Aika ; les seules meilleures amies de Alexsy depuis des lustres. Aika le connaissant depuis plus longtemps que Ji Eun ; cela n'empêchait pas que sa tendresse ne s'arrêtait qu'à de brèves étreintes encore trop molle et lente pour être réellement des câlins attentionnés et aimants. Mais Alexsy y travaillait ; la preuve il se préparait déjà à approcher Ji Eun et à l'enlacer amicalement, du mieux qu'il pouvait. Associable. Nul. Idiot. Stupide et complétement introvertie à vie. Il n'a vraiment aucuns sens de l'orientation où il aurait pu s'être tromper dans l'endroit où ils devaient se rejoindre ? Non pas qu'il croyait qu'elle était vraiment en retard ou quoi que ce soit mais la simple idée de la savoir potentiellement en danger fit sursauter son coeur. Il glissa contre le flanc d'un arbre à quelques mètres de la berge et ferma les yeux un instant. L'image de Ji Eun en danger aurait du s'installer dans son esprit mais seul celle de Gabrielle s'instaurait là. Pourquoi il était question du danger de cette ignoble fille alors qu'il.. ? Un craquement retentissait à quelques pas de lui. Un sourire se dessinait déjà sur ses lèvres lentement ; vrai sourire ; faux sourire ; on n'aurait su discerner si il était sincère ou moqueur face au léger retard et à l'anxiété qu'il l'avait perturbé en deux secondes seulement. Il savait juste que l'image de Gabrielle s'était chassé lentement de son esprit, se tâtant à rester dans un coin pour ressurgir un peu plus. Mais il tentait déjà de se focaliser sur la silhouette de Ji Eun s'approchant lentement.

(pardon jiji mon post est nul é.è )

« Je m’ennuie, j’aimerais que l’on se voit.
Que dirais-tu, ce soir, d’une petite balade sur les berges du lac? Je t’y retrouve dès que tu peux.
J’ai hâte de te revoir. Ne m’oublie pas, hmm?

À ce soir,
Ji Eun »

Une dernière caresse à Capucine et son chat était déjà parti porter son message à l’intéressé. Cela faisait déjà un moment que la nuit était tombée sur Dasy et ses environs. Cela faisait un moment aussi que les cours vampires étaient terminés. Ji Eun le savait mieux que quiconque, pour avoir étudié l’horaire vampire avec attention, cherchant la journée – ou plutôt la nuit – la moins chargée pour éviter d’empiéter sur les heures de cours. Oh, si quelqu’un d’autre devait la voir dans cet état, elle ne pourrait tout simplement pas s’en remettre. Fébrile, elle attendait patiemment que Capucine revienne de sa quête. Elle n’était pas encore habillée, trop concentrée à guetter la porte, tendant l’oreille pour entendre ce grattement si caractéristique que faisaient les griffes de son chat noir sur la porte de la chambre. Celui-ci ne tarda pas à arriver, ce qui arracha un soupir de soulagement à la maîtresse de l’animal, qui se leva pour aller lui ouvrir la porte. Bravo, ma Capucine, lui avait-elle chuchoté à l’oreille en lui caressant le dessus de la tête, faisant miauler le chat. Finalement, sous le regard scrutateur de l’animal, elle s’était dirigée vers sa malle, histoire de s’habiller convenablement.

On croyait presque avoir affaire à une autre Ji Eun, lorsqu’elle allait passer du temps avec Alexsy. La façade perfide et manipulatrice qu’elle affichait en public semblait avoir été enfouie au fin fond de sa malle, alors qu’elle en tirait une toute autre personnalité. Une Ji Eun plus aimable, plus douce, plus souriante, plus…surtout plus affectueuse. Avec lui, les masques étaient tombés depuis belle lurette, se cacher derrière son attitude d’être détestable n’était plus nécessaire. Alexsy et Ji Eun était un de ces duos qu’on ne voyait pas du tout ensemble. Et c’était probablement la raison pour laquelle on les laissait tranquilles. Ensembles plus que séparés, ils étaient deux personnes anonymes, qui passaient inaperçus, et qui pouvaient agir comme bon leur semblait sans subir de représailles. Du moins, c’était ce que Ji Eun osait espérer. Les raisons qui liaient l’étudiante à son meilleur ami étaient plutôt obscures. Il faut avouer que déjà, avec un horaire différent l’un de l’autre, il était difficile de croire qu’ils pourraient un jour avoir un lien si approfondi surtout que tout avait commencé lors de cette nuit où il l’avait surprise en train de chanter, activité qu’elle préférait pratiquer seule que devant des gens, cela pouvant porter atteinte à sa réputation de jeune femme froide et distant. A little white lie, pour certains, mais un vice caché pour elle, ce qui l’avait fait réagir, pour faire en sorte que cet inconnu n’aille pas répéter ce qu’il avait vu à tous ses petits amis dentus. Tout dans cette situation aurait pu présager une relation négative entre les deux protagonistes, mais le fait de partager un secret ensemble, alors qu’ils ne se connaissaient aucunement, les avaient poussé à passer du temps tous les deux. Et, depuis ce temps, avec la force de l’habitude, les deux jeunes gens étaient devenus un duo comme on n’en voyait peu souvent. C’était l’histoire de leur amitié. Impossible de la changer, de lui ajouter une variante, car elle était en soit parfaite comme elle était.

L’étudiante de septième année, tout en ressassant cette rencontre, trouvant enfin ce qu’elle cherchait. En se tournant vers la fenêtre, elle se dit qu’il était peut-être judicieux de s’habiller chaudement. Ce qu’elle fit, s’emmitouflant dans un pull qui était à deux doigts de passer dans la catégorie des manteaux d’hiver tellement il semblait épais et doux. Lorsqu’elle fut enfin prête, elle enfila une paire de souliers de toile et quitta sa chambre avec Capucine perchée sur son épaule, sans oublier de prendre sa baguette magique avec elle. Dans le temps de le dire, elle était dehors. Elle avait déjà pris du retard en cherchant un vêtement digne de ce nom pour la tenir au chaud. La fatigue de la journée de cours n’avait pas arrangé les choses, qui plus est. Il fallait tout de même qu’elle fasse attention en se promenant dans les couloirs; ceux-ci grouillaient de dentus à cette heure de la nuit et elle ne tenait pas nécessairement à finir en chair à pâté pour vampire. Elle avait l’impression d’être ralentie à tout bout de champ alors qu’elle voulait retrouver son meilleur ami au plus vite.

Une fois sortie du bâtiment, Ji Eun essaya de se rappeler la direction à prendre. La nuit, malgré que le paysage soit inchangé, elle avait l’impression que son sens de l’orientation lui faisait plus défaut qu’à l’habitude. Après avoir avancé à tâtons pendant quelques minutes, elle vérifia qu’il n’y avait personne aux alentours avant d’articuler le sort « Lumios » afin de voir un peu où elle marchait. De la lumière jaillit de sa baguette magique, lui arrachant un sourire satisfait. Elle continua sa route tranquille, caressant Capucine qui se pressait contre son visage en ronronnant. La sorcière se retenait pour ne pas éclater de rire, croyant préférable de se faire discrète. Enjambant avec précaution les racines des arbres qui pouvaient border le lac, elle arriva finalement au point de rendez-vous, non sans avoir fait craquer quelques branches au passage. Ji Eun tira sur les manches de son chandail, histoire de les couvrir un peu.

La sorcière jeta un regard circulaire à l’endroit. Tout était désert sauf… Assis au pied d’un arbre, elle pouvait voir une silhouette qui se détachait subtilement de l’écorce, celle de son meilleur ami, son meilleur ami discret, tourmenté. Il était assit là et la regarder, attendait patiemment qu’elle vienne à sa rencontre. Et elle accéléra le pas pour le rejoindre, courut presque. Un doux sourire apparut sur ses lèvres alors qu’elle s’approchait de lui en lui tendant la main, histoire qu’il puisse se relever plus facilement. Le regard qu’elle lui servit alors voulait tout dire. Tout va bien maintenant, je suis là. Car même s’il était présent, elle avait compris au fil du temps qu’il y avait quelque chose, une pensée qui lui laissait un sentiment doux amer. Et chaque fois, elle était là pour lui, pour lui faire se changer les idées. Capucine descendit d’un bon souple de son épaule, comme si elle avait compris qu’ils étaient arrivés à destination. Lorsqu’il fut debout, elle ne put résister à cette douce tentation de le serrer dans ses bras, de l’étreindre comme si cela faisait des années qu’ils ne s’étaient pas vu alors que cela faisait simplement quelques jours.

« Tu m’as manqué, tu sais? Dit-elle en s’écartant, ne le lâchant pas des yeux. »

La lumière provenant de sa baguette magique éclairait avec douceur les traits de son meilleur ami. Elle semblait même se refléter au fond de son regard, rendant celui-ci plus beau que jamais. Ji Eun s’accrocha au bras d’Alexsy et entama leur marche jusqu’aux berges, pour profiter de la brise marine qui leur caressait le visage. Le regard levé vers l’astre d’argent, elle poussa un soupir de béatitude. Un moment de répit comme elle n’en avait que peu. Un moment qu’elle se préparait à figer dans un coin de sa mémoire, comme on garde précieusement un fossile dans un musée.

« Tu m’as manqué, tu sais? » Le sourire qui traversait le sourire de la jeune femme raidissait le corps de Alexsy tandis que leur étreinte ne durait surement que quelques secondes et que au fond de lui il ne sut vraiment si ses mains devaient suivre la ligne de son dos ou juste se poser sur ses épaules, avec un sourire doux. En fait, il ne savait strictement jamais comment se comporter avec Ji Eun ; avec les filles plus généralement ; jamais ; strictement jamais. C'était d'ailleurs une part de lui qui instinctivement se laissait faire quand elle attrapait son bras d'un geste vif et que Capucine les suivait en miaulant doucement ; c'est seulement là qu'il pensa que Chatbulle aurait du venir. La lune se reflétant lentement sur la chevelure brune de Ji Eun, un léger sourire parvenait à s'installer sur son visage tandis qu'ils marchaient lentement et tranquillement le long de la berge du lac. Elle avait beau être là ; il se sentait étrangement solitaire et silencieux ; c'était une part de Alexsy qui faisait que même en présence de sa meilleure amie il se sentait toujours comme avant et non détruit, déchirer et complétement néfaste à son interlocuteur qui peut ou pas tenter de lui arracher les mots ou non de la bouche. « Manquer ? Oh j'm'en doute.. bizarrement. » lâchait-il dans un soupir tandis que la pression des doigts de Ji Eun sur son bras lui rappelait alors qu'il était censé jouer parfois au gentleman ; qu'il n'était pas. Il échappait un soupir. Non il ne l'était certainement pas ; ce qui était drôle, c'était que Ji Eun semblait totalement différente en sa présence alors que lui restait toujours aussi passif bien que son attention et son affection s'interdéveloppent avec le temps. C'était vrai en plus ; car à chaque fois qu'il revoyait sa meilleure amie ; en cachette de tout les regards curieux et de toutes les rumeurs possibles à fonder sur un pseudo couple vampire/humain ; bien que ce soit totalement et irrévocablement faux et qu'ils n'entretenaient qu'une amitiée fusionnelle ; tactile à certains moments avouons le.

« Que faisons-nous maintenant ? » échappa t-il tandis que le silence qui pesait sur l'atmosphère le gênait quelque peu. « J'veux dire... On est sur les berges du lac. Qu'es-ce que tu voulais y faire au juste ? On aurait pu rester dans notre tour non ? Quoi que... » Quoi qu'il était susceptible de la recroiser un jour ; à un moment. Il évita de penser à cette simple personne lui torturant l'esprit et attardait son regard sur Ji Eun et son regard dans le vague. Ji Eun avait toujours réussi à fasciner Alexsy en quelque sorte ; vraiment. Ses humeurs qu'autrefois ; de leur rencontre ; étaient complétement différentes. Tantôt froide, menteuse et complétement folle avec ses airs menaçants à la noix ; Alexsy n'en avait que trop pas du tout peur ; c'était juste amusant de voir les colères de Ji Eun crées des joues énormément rouges et remplis de colère ; un regard froid qui devait tout dire sur son état d'esprit. Il aurait pu en rire encore tellement il lui semblait que cela datait que de nombreuses années derrière eux et qu'il était quelqu'un d'autre à l'époque ; il était pourtant juste lui.  « J'aurais du emmener Chatbulle ; ca aurait au moins occupé Capucine.. » lançait -il alors que le chat noir de Ji Eun venait se frotter aux jambes de Alexsy avant de le fixer et de miauler afin d'entre-apercevoir ses canines de chat. Il échappait un soupir. Au fond de lui, ses canines n'étaient que moins semblables aux siennes quand il provoquaient ne serait-ce qu'une part de son côté vampire. Il échappa un frisson dans son échine et s'arrêta, silencieux. Levant le visage vers l'astre qui les éclairait, il souriait et s'imaginait dans un autre corps, dans une autre vie, en étant quelqu'un d'autre. Dans son coeur, il aurait aussi bien aimer être avec une autre personne ne cessant de hanter son esprit à toute allure ; mais Ji Eun était la seule qui l'approchait autant ; qui était capable de le sortir de sa torpeur de le faire courir à sa rencontre à n'importe quel heure de la journée, quitte à même sortir le jour si il y a coin d'ombre.  « Il faudrait que je te parle d'un truc... » échappait-il lentement tandis que son bras se frayait un chemin hors de sa prise pour entourer les épaules de sa meilleure amie en souriait. Son regard s'était posé sur elle et il soupirait malgré lui.  »En bonne meilleure amie que tu es ; tu te dois de m'écouter, nee ? » C'était juste une obsession incertaine dont il voulait se persuader qui était fausse et irrévocablement idiote et stupide. C'était juste cette obsession qui perdurait et qu'il devait à tout prix mettre fin en restant aux cotés de sa meilleure amie ; en se changeant les idées. « Non en fait je n'ai rien dit. On... on va.. tiens. Une barque. On y va. » Changement de sujet et action. Il l'a tire déjà vers la barque et embarque.

réponse nulle à chier =.=

Malgré le fait que Ji Eun aime énormément son meilleur ami, elle ne pouvait s’empêcher de penser qu’il faisait peine à voir. Mal à l’aise, un peu gauche, il avait un petit quelque chose d’attendrissant mais elle voyait son désarroi ; elle le voyait dans son regard inquiet, dans son hésitation à la serrer dans ses bras. Elle ne pouvait tout simplement pas lui en vouloir. Ji Eun avait toujours eu de la facilité à gérer ses sentiments. Avec les gens, même si elle n’allait pas les voir, elle savait quelle attitude adopter, ce qu’elle pouvait se permettre et ce qu’elle devait garder pour elle, ce qu’elle devait afficher et ce qu’elle devait cacher. Or, Alexsy avait toujours eu de la difficulté à nouer avec la gente féminine et ça, elle n’était que trop au courant. Désemparé, sans armes devant le sexe opposé, il essayait dans bien que mal de cacher son malaise tandis que dans son regard transparaissait son inquiétude. Malgré tout, Ji Eun était très indulgente envers lui. Il avait un je-ne-sais-quoi qui lui inspirait douceur, patience et calme, plutôt que haine et agacement. Alexsy avait réussi à percer l’épaisse carapace de l’étudiante et s’y était lové sans que la jeune femme ne cherche à l’en déloger. C’était pour dire à quel point il avait une place importante pour elle. Il ne lui jamais vraiment avoué comment il figurait leur amitié, mais c’était ainsi qu’elle la voyait. Agréable, sans complication, juste de bons amis qui se voient lorsque le temps leur permet. Avec lui, elle se permettait pourtant quelques contacts physiques. Une étreinte, une tête appuyée sur l’épaule. Des contacts physiques chastes, sans arrière-pensées, du moins pas de son côté, et la réticence de son ami à y répondre lui laissait présager que c’était la même chose pour lui.

Toujours accrochée à son bras, Ji Eun déposa sa tête sur l’épaule d’Alexsy, celle-ci tentait au mieux de l’apaiser, de lui montrer qu’il avait sa place à cet endroit, à ce moment. C’est entre autres pour cela qu’elle lui tenait le bras ainsi, comme pour éviter qu’il ne décide de disparaitre, de s’en aller. De voir son meilleur ami si tourmenté l’inquiétait, si bien qu’elle l’écoutait parler et restait à l’affut de son ton de voix, prête à lui demander ce qui n’allait pas si ses soupirs se faisaient trop nombreux. L’étudiant ne tarda pas à placer une autre réplique, ce qui la rassura, en quelque sorte.« Que faisons-nous maintenant ? J'veux dire... On est sur les berges du lac. Qu'es-ce que tu voulais y faire au juste ? On aurait pu rester dans notre tour non ? Quoi que.. » Elle s’empressa alors de répondre, d’un ton plus que convaincu :

« Non. Notre tour, c’est beaucoup trop banal. »

Et elle y croyait dur comme fer. Quoi de plus simpliste que de rencontrer un de ses amis, le meilleur, même, à même le dortoir des Olen? Non seulement c’était ridiculement ennuyeux mais en plus, il y avait possibilité de rencontrer n’importe quel idiot qui tout de suite irait crier au scandale. C’était ridicule, puérile. Elle préférait de loin profiter des moments passés avec Alexsy loin des regards curieux et infantiles des autres. Des autres qui ne comprenaient pas. Une autre phrase de la part du jeune homme vint briser le silence de la nuit. Ji Eun s’en vit quelque peur rassurée; bien que le silence ne la mette pas mal à l’aise, loin de là, elle trouvait bon d’entendre son ami parler, même si son ton avait une pointe de regret. C’était en lien avec Capucine, son fidèle chat noir qui se plaignait du manque d’affection qui lui était prodigué en se frottant sur Alexsy. Incorrigible, cette Capucine.

« Oh, et bien…Commença la Olen en fixant son chat avec un regard tendre. Si Chatbulle a besoin de compagnie, je peux envoyer Capucine. Ce sont des animaux facteurs, après tout. Elle devrait être en mesure de retrouver son chemin. »

Lorsqu’elle fut certaine d’avoir l’attention du chat, elle lui donna les indications pour se rendre jusqu’à la chambre d’Alexsy. Elle avait confiance en son animal. Si elle ne pouvait entrer par le porte, elle trouverait un autre moyen. Elle était surprise de la dévotion que son chat lui portait. Peut-être Capucine n’était-elle pas consciente de la fidélité qu’elle vouait à sa maîtresse, mais elle accomplissait toujours les tâches que celle-ci lui donnait. Discrètement, sans être pincée, sans reproche ni erreur. Ji Eun avait une confiance aveugle en son animal de compagnie, lui confiant toutes les lettres et colis qu’elle devait envoyer. Lorsqu’elle eut terminé de décrire sa tâche à son chat, elle crut voir celui-ci hocher la tête en signe d’acquiescement. Bien sûr, il n’y avait qu’elle qui pensait ça, puisqu’elle était très proche de son animal. En fixant Capucine, le regard ancré dans ses prunelles jaunes, une pensée lui traversa l’esprit. Était-ce trop dangereux pour elle de refaire le chemin inverse jusqu’au dortoir Olen? Les oiseaux pouvaient éviter certains dangers au sol mais qu’en était-il des animaux terrestres? Lèvres pincées, la jeune femme décida de chasser cette horrible pensée de son esprit. Capucine était plus intelligente que cela, tout de même! Allez, vas-y ma mignonne, dit-elle d’un ton maternel, preuve irréfutable qu’elle portait énormément d’affection. Le chat noir prit alors la direction de l’école, laissant sa maîtresse avec un léger pincement au cœur.

Lorsque la fine silhouette de Capucine fut disparue et que même la lumière de sa baguette ne l’éclairait plus, Ji Eun poussa un soupir et se concentra de nouveau sur Alexsy; c’était tout de même pour lui qu’elle était là. Justement, il lui rappelait ses devoirs de meilleure amie en lui enserrant les épaules. « En bonne meilleure amie que tu es ; tu te dois de m'écouter, nee ? »

« Mais bien sûr, c’est tout… »

Naturel, termina-t-elle dans sa tête alors que le jeune homme changeait déjà de sujet. Ji Eun ne dit rien, pensant que c’était tout en son droit de taire certaines choses. Une barque? Idée charmante. La jeune femme se laissa traîner, serrant la main de son meilleur ami dans la sienne jusqu'à ce qu’elle atteigne l’embarcation, dans laquelle elle se hissa en s’agrippant aux rebords en espérant qu’elle s’arrête rapidement de tanguer. Un peu mal à l’aise, elle alla réquisitionner l’avant-bras d’Alexsy. Autant il avait besoin de soutient psychologique qu’elle avait besoin de soutient physique. Des amis qui se complètent, tout simplement.

Il paraissait que leur tour était un endroit trop banal pour mademoiselle. Ce fut pourtant un endroit tellement banal que Alexsy s'y plaisait beaucoup trop pour changer d'un jour à l'autre d'endroit de lieu de rendez vous avec sa meilleure amie, mais passons. Il souriait lentement à sa réplique tandis que dans un élan ils s'étaient élancés sur les berges froides de cette soirée éclairé par la lune seule. Alexsy avait vraiment trop pris l'habitude de s'attacher au gens, pire, son attachement était irrévocablement fort pour Ji Eun depuis le jour où ils s'étaient rencontrés, comme pour n'importe quel fille il avait bien du mal à se faire à ses contacts physiques surtout que par inadvertance il était tombé sur une meilleure amie tactile et uniquement tactile, comme-ci il fallait qu'elle se prouve qu'il était bel et bien là pour avancer. Mais au fond, tout ça, ça plaisait à Alexsy. Dans un sourire il avait soupiré lentement, soupir de déséspoir à cette obsession de toujours. En fait, il tentait mainte et mainte fois de se prouver le contraire, que tout ça n'était qu'une illusion qui le rendait fou et la simple allusion dans sa tête de se voir main dans la main avec une autre que Ji Eun, avec elle le faisait vraiment tremblé de peur. Après tout ils étaient censés se détester aux yeux de tous, pourquoi cela changerait ? Il inspira profondément une bouffée d'air quand le vent vint frappé son visage de pleins fouets déplaçant malencontreusement ses cheveux déjà en bataille. La tête de Ji Eun posé sur son épaule ne le déstabilisa pas vraiment plus qu'il ne l'était à ce moment-là. Il avait vraiment trop d'imagination pour imaginer d'autres personnes à la place de sa meilleure amie. Il hocha la tête de gauche à droite et se refusa de croire à une telle hypothèse, bien que plausible sur certains points. Après qu'elle eut renvoyé Capucine vers une nouvelle destination, ils s'attardèrent à rester debout jusqu'à ce qu'il brise le silence avec une de ses explications à deux balles et de prétendre que la barque à quelques mètres pourraient changer le sujet qu'il avait lancé difficilement. Sujet lancé inconsciemment. Sujet totalement idiot. Il valait mieux passer outre à son avis propre, c'est ainsi qu'il l'avait déjà tiré vers la barque dans laquelle ils s'empressaient de s'installer lentement mais étant donné qu'elle tanguait déjà de gauche à droite il s'empressait de s'assoir, Ji Eun à sa suite. Valait mieux ne pas chavirer maintenant, ca serait idiot et stupide et signé Alexsy en toute lettres d'ailleurs. Un sourire feint son visage et d'un coup de baguette qu'il avait sorti aussi rapidement de sa poche, la barque s'élançait sur les rives de l'immense lac se frayant un chemin à travers les rayons de lumière de la lune argenté qui les éclairaient difficilement biens ce soir-là. Au diable les vieilles méthodes moldus pour river sur l'eau, il n'en avait que faire de se prendre à pagayer comme un forcené dans ses eaux troubles. Au bout de quelques minutes de silence il parvint à sentir la pression des doigts de Ji Eun sur son bras et son visage se tournait immédiatement vers elle.

« Donc.... Qu'as-tu donc à raconter de beau.. toi ? » Il tentait d'échapper à parler de lui. Il détestait tellement cela. Ce n'était d'ailleurs que trop peu son habitude de parler de lui directement. Non en fait, Alexsy ne s'attardait que sur la vie des autres, beaucoup plus intéressantes et mouvementés que la sienne. A quoi bon s'attarder sur Alexsy et ses histoires stupide de vampire solitaire ? D'ailleurs, il n'y avait rien à dire de sa journée. Ennuyante. Désastreuse. Sans un pique de folie ou d'action prévisible. Pour une fois disons... puisque la plupart du temps il croise toujours quelqu'un que le sort de sa torpeur et le fait courir à travers les couloirs pour échapper à cette dite personne. Persécuté ? Peut-être bien. Par des plus grands que lui, de sa maison principalement, puis parfois des autres, mais ils ne le connaissent pas tous, heureusement... pour lui... et pour eux. « Hm... Je suppose que ta journée n'a pu être que plus maussade que la mienne après tout. Je... Raconte moi en détails, tout. Quitte à répéter des histoires sur le dernier siècle que tu as entendus en histoire de la magie, ça m'amusera forcément plus que... que d'entendre le silence pesée autour de nous. » Il échappa un léger rire et son sourire parvint à rester plus d'une minute visible sur son visage tandis que sa main venait se poser sur son bras et sa tête son l'épaule de sa meilleure amie avant qu'elle n'ai pu le faire elle même. Physique. Il ne l'était que trop peu, et pourtant le médicament dont il avait besoin était Ji Eun, oui parce qu'elle en était un finalement, il n'agissait ainsi qu'en sa présence à elle, comme-ci c'était irrévocable qu'il se « lâche » en sa présence, et c'était le cas. La dernière fois on les entendait du haut de la plus haute tour du château, criés autant qu'ils pouvaient leurs moeurs et leurs désespoirs. C'était une sorte de libération incertaine qui leur procurait du bien être ; le pire c'est que ça avait vraiment fait du bien à Alexsy qui en était revenu libre comme l'air dans son dortoir quand il fut parvenu à trouver un semblant de sommeil. « Nee... Ji Eun... Tu connais les sentiments amoureux toi ? » Surpris lui même par sa question, ses yeux revinrent ronds et il lâchait son bras pour poser sa main sur sa bouche tout en fixant dans le vague l'horizon noir qui s'offrait à eux. Il devenait vraiment fou, stupide, crétin et idiot.

Ji Eun resta silencieuse jusqu’à ce que la barque quitte la berge, poussée par une force qu’elle-même n’arrivait pas à imaginer. La situation avait quelque chose de féérique, et cette impression était nourrie par le paysage, par la lune, par la nuit. Ji Eun même aurait voulu vivre cela avec quelqu’un d’autre. Avec quelqu’un qui aurait pu être plus important pour elle qu’Alexsy. Pourtant, elle ne pensait à personne d’autre qu’à lui pour l’accompagner dans ses délires émotionnels. Car une personne plus importante pour elle n’existait pas. Du moins, pas encore. D’autres jeunes hommes auraient pu être avec elle, cette nuit là, dans cette même barque, à voguer sur le glacis de ce même lac. La liste était certes très courte, mais elle avait quand même quelques options. Pourtant, aucun d’eux n’arrivaient à la cheville d’Alexsy, lorsqu’il s’agissait d’échapper au monde réel, de s’en aller loin avec une personne et de laisser tout le reste derrière, de s’abandonner, de s’oublier. Il y aurait pu y avoir quelqu’un d’autre, mais il n’y avait personne. En un sens, cela la peinait un peu de savoir qu’elle entraînait une personne qui n’était pour elle rien de plus qu’un ami – bien qu’il soit le meilleur – dans ce genre d’expéditions nocturnes, mais d’un autre, elle était contente de se retrouver avec quelqu’un à qui elle tenait et pas avec…quelqu’un d’autre. Se rendant pourtant compte de l’absurdité de la situation, de ce rendez-vous qui par n’importe qui d’autre aurait pu être considéré comme un rendez-vous galant, mais qui pour ces deux êtres généralement plus qu’associables ne signifiait qu’une preuve de confiance infinie, elle bougea un peu sur son banc, manifestant un peu son malaise. Pourtant, elle ne chercha pas à reprendre ses distances. Car c’était devenu comme ça, entre eux. Comme ça et puis c’est tout. Elle ne pouvait imaginer une autre relation avec Alexsy, comme si elle avait capturé l’instant où ils étaient devenus si proches sans pour autant l’être complètement, et qu’elle l’avait enfermé dans un bocal, comme un papillon d’une beauté qui valait plus que tout l’or du monde.

Elle fut surprise de constater sa manière peu subtile de déplacer la conversation le plus loin possible de son sujet. Pourtant, elle ne pouvait pas en vouloir au jeune homme. Entre deux personnes qui n’aimaient pas confronter leur propre vie, il allait au plus rapide des deux d’avoir le privilège de ne pas parler et d’éviter les questions. En général, c’était souvent elle qui écopait. Elle devait jouer le jeu, lui parler de sa vie, de ce qu’elle pouvait bien ressentir. Alors qu’en fait, ce qu’elle pouvait ressentir, elle s’en foutait. Cela lui passait bien dix pieds par-dessus la tête. Peut-être même plus. Ji Eun n’avait jamais réellement été quelqu’un qui se laissait affecter par ses sentiments. Tu as envie de pleurer? Alors pleure. Mais ensuite, c’est fini, c’est parti, c’est effacé, éradiqué. Avec le temps, la jeune fille était devenue un peu apathique, les joies n’étant plus réellement des joies et les déceptions, plus vraiment des déceptions. Elles allaient et venaient sans vraiment trouver hôte, la jeune femme étant trop habituée à vite les oublier puisqu’elle n’avait personne avec qui les partager. Pourtant, lorsqu’elle avait à parler de ce qu’elle vivait à Alexsy, elle était forcée de retourner jouer dans cette masse difforme de souvenirs inutiles, elles était obligée d’aller chercher profondément en ceux-là même qu’elle voulait oublier. Quand il lui demandait comment avait été sa journée, il lui demandait l’impossible. Pourtant, l’impossible n’existait pas et toujours, elle arrivait à lui donner ce qu’il attendait. Des informations, des faits, des histoires. Ça lui permettait d’oublier ses déceptions, et peut-être aussi ses joies, mais ça le permettait de s’évader et de penser à autre chose, au moins pendant un petit moment. Elle réfléchit donc, histoire de divertir au mieux son ami. Elle fut agréablement surprise lorsqu’il vint poser sa tête sur son épaule, et la sienne vint irrémédiablement l’y rejoindre sa tempe effleurant doucement sa chevelure sombre. Son regard alla se perdre dans le ciel exempt de tout nuage, alla se river sur la lune, seul point d’encrage dans cet infini couleur d’encre.

« Je doute que ce que j’ai appris en histoire de la magie ne t’intéresse, surtout que tu as probablement vu la même chose dans ton dernier cours. Quant au silence, j’essaierai au mieux de le combler, mais la prochaine fois, ce sera ton tour. »

Elle sourit, sourire qu’elle dédiait au silence qui était chassé à grands coups de paroles. Que pouvait-elle bien lui raconter, mis à part ce qu’elle avait appris en classe? Pas grand-chose, en fait. Pas qu’elle ne faisait rien de ses journées en dehors des cours mais qu’elle n’était pas réellement une adepte des clubs sociaux. Elle n’était même pas certaine qu’il y en ait à Dasy, de toute façon. Et puis, à la base, les activités parascolaires avaient été instaurées pour favoriser les interactions sociales. En avait-elle vraiment besoin? Non, pas du tout. Parce que des interactions sociales, même si elle n’en voulait pas, elle finissait par en avoir et c’était probablement ce qui la sauvait de devoir s’inscrire à des trucs débiles et inutiles dans le genre du club des petits tricoteurs de pulls de Dasy. La jeune fille retint un petit rire, cette pensée ne lui arrachant au final qu’un petit rictus qu’elle effaça en pinçant les lèvres, puis en les relâchant.

« Boh, tu sais, je n’ai pas grand-chose à raconter. Des ragots sur moi que j’entends par-ci, par-là. Des types que j’engueule, des filles avec qui je joue les hypocrites, bref, la routine, quoi. Confrontation avec mon ex, une petite kaban qui s’est retrouvée dans ma chambre ‘par erreur’… »

Difficile de croire que la Ji Eun qui parlait avec Alexsy cette nuit là était aussi exécrable avec ses petits camarades de classe le jour. Elle n’avait pas le choix, pour assurer sa popularité. Certains choisissaient une voie, celle de l’hypocrisie, et d’autres choisissaient celle de la peur. Quand à Ji Eun, elle avait joint les deux voies en une seule pour s’assurer que tous lui mange dans la main, ou subissent son courroux. Le silence revint s’installer entre eux deux. C’était un habitué de leur conversations, il finissait toujours par s’incruster. Pourtant, il fut cette fois rapidement balayé par Alexsy, qui posait une question eut tôt fait de prendre l’étudiante au dépourvu. Les sentiments amoureux? Elle? L’air béat qu’elle affichait s’assombrit quelque peu. Certes, elle avait déjà eu un ou deux petits-amis, mais de là à prétendre qu’il s’agissait de l’amour…Elle ne savait trop quoi en penser. Si en fait. Elle savait que penser de l’amour. L’amour faisait mal. Il faisait peur. Il se dressait comme un mur de briques, comme une montagne sur le chemin qui menait au bonheur. L’amour était dur et impitoyable. Ji Eun poussa un soupir et utilisant sa main libre pour caresser doucement les cheveux de son ami, elle lui répondit, du mieux qu’elle le pouvait, le plus sincèrement possible.

« Je m’y connais un peu, mais je crains que ce que j’aie à te dire sur l’amour ne soit pas aussi gai et aussi merveilleux que ce que tu penses. »

Sa main alla se reposer sur ses cuisses, alors qu’elle scrutait l’horizon, qu’elle écoutait les clapotis de l’eau sous la barque, qu’elle suivait l’embarcation alors qu’elle tanguait doucement sur l’eau tranquille. Ainsi donc son ami voulait en savoir plus sur les sentiments amoureux. Il devait y avoir une fille qui lui était tombée dans l’œil, à celui-là. Un petit sourire vint éclairer son visage un instant, avant de s’évanouir après une petite bourrasque de vent. Elle pouvait bien lui en parler un peu, mais il devrait se forger sa propre opinion sur l’amour, car se fier à ses expériences serait comme se fermer les yeux, se boucher les oreilles et attendre que ça passe. Et de le conseiller de sorte qu’il n’ait pas confiance en l’amour serait mal intentionné. Elle l’aurait fait pour quelqu’un d’autre, mais pas pour lui. Voyant pourtant qu’il attendait quelque chose, une histoire, elle se jeta à l’eau, métaphoriquement parlant.

« J’ai été amoureuse, il n’y a pas si longtemps de cela, commença-t-elle en fixant l’horizon comme elle savait si bien le faire. Au début, je croyais pouvoir m’en protéger, je croyais pouvoir passer à côté et pouvoir en tirer des bienfaits sans être totalement plongée dedans…Mais bien vite je me suis fait prendre. J’aurais pu…avoir un petit-ami aimant, avoir quelqu’un avec qui partager mon affection mais…Je n’étais pas prête pour ça. Ça me terrorisait. Tout le monde n’est pas fait pour avoir une autre personne avec soi quasi 24h sur 24. Je n’étais pas prête à tout dire à ce garçon. Je voulais garder des choses pour moi, garder mon intimité, mon petit jardin secret, et j’avais peur que quelqu’un y entre et essaie de le piétiner. C’est toujours le cas d’ailleurs. »

Ji Eun s’arrêta de parler un moment. Elle disait tout cela avec amertume et plus elle avançait dans son histoire, elle avait l’impression que son masque d’indifférence se fissurait toujours un peu plus. Tout le monde a ses blessures d’amour, Ji Eun, songea-t-elle en serrant les dents. Certains plus tôt que d’autres. Elle prit une inspiration avant de reprendre son récit là où elle l’avait laissé.

« J’ai été lâche et j’ai fini par tout arrêter…Ou plutôt par tout faire rater, et avec intention. Pourtant, une fois le processus lancé, l’arrêter produit des retombées désastreuses. Pour essayer de taire un mal, j’en ai créé un autre, et je dois dire que c’est probablement la pire chose à faire. L’amour me fait terriblement peur et je crois que le temps aura raison de ma réticence dans un bon moment. Un très long moment. »

Ji Eun ramena sa main libre sur elle et ferma les yeux, ne se sentant pas aussi pleine d’assurance qu’elle l’était en rejoignant son meilleur ami sur les berges ce soir là. Était-ce trop dur pour elle de ramener à la surface ces souvenirs? Ou peut-être qu’en en parlant à son amis, ils finiraient par aller s’endormir au fond du lac avec les poissons? Peut-être, ou peut-être pas. Peut-être étaient-ce des blessures qui ne partiraient jamais. Pourtant, elle voulait bien faire confiance à Alexsy pour partager avec lui des secrets qu’elle n’aurait jamais avoués à personne.

[ ok deux choses. Un, pardon pour le temps de réponse. Ça a été horriblement long et je suis désolée x_x Deux, pardon aussi pour l’émotivité accrue de cette réponse…meh owo ]

How to love ? C'est surement une possible question que tout être vivant s'est déjà posé, mais venant de Alexsy cela sonnait si étrangement que l'on pouvait parfaitement voir que ce n'était point ce genre – de réfléchir ainsi. Comment savoir si on peut aimer, si on peut tomber amoureux, si il s'agit d'une erreur, ou au contraire d'un consentement parfait que l'autre désirait autant ? Alexsy n'a que trop gâcher ses chances de vivre une belle histoire d'amour avec les autres femmes qui pouvaient éventuellement faire partie de sa vie si il le désirait. Hyo Joo a surement été la mieux placé pour savoir à quoi ressemblait Alexsy quand il était éperdument amoureux d'elle. Hyo Joo a surement été aussi la mieux placé pour savoir que la passion de leur amour s'est rapidement transformé en haine non commune. Il s'en est voulu, pendant tant de mois qu'il aurait voulu créer un sortilège pour retourner dans le temps – aurait-il du utiliser un retourneur de temps ? Même le destin ne lui aurait pas accorder cette clémence de retourner dans le temps pour changer tout cela – sinon comment aurait-il su qu'une toute autre jeune femme pouvait faire battre son coeur ? Une toute autre jeune femme que Hyo Joo elle même, s'entend.

How to love ? Peut-être que Ji Eun serait capable de lui montrer comment il pourrait aimer, comment il pourrait éventuellement faire tomber amoureuse une quelconque personne de lui, comment il pourrait changer pour aimer. Peut-être ou peut-être pas. Alexsy avait beau être le genre de garçon très lent à la détente, généralement solitaire et introverti, cette soirée où ils se retrouvèrent dans cette barque à naviguer lentement sur l'eau fluide du lac, le rendrait surement meilleur qu'il n'était déjà. Alexsy espérait changer au fond – il espérait devenir quelqu'un de bon – quelqu'un qui puisse assurer une assurance parfaite face à tout ce qu'il entreprendrait ; mais ça seul les plus forts et les plus courageux sont capables de le faire ; mais ça seul les plus populaires, les plus logiques, les plus « beaux » en sont capables. Il échappait un soupir tandis que sa meilleure amie enchainait tant bien que de mal ces nombreuses répliques – tirade même, car Alexsy ne daignait même pas l'interrompre, contemplant chacune des émotions visible sur son visage, chacun de ses gestes. Alexsy connaissait trop bien Ji Eun pour savoir que quelque chose pouvait sans doute la bouleverser à un moment ou un autre – mais en grand dieu innocent, il n'agissait jamais en conséquence et restait souvent les bras ballants aux côtés de la jeune femme qui pourrait pourtant lui en vouloir pour son manque de tact, son manque d'affection. Alexsy n'est pas affectionnée ; il n'éprouve jamais d'affection pour qui que ce soit – rarement du moins – les rares fois où cela se fut produit, c'était bien avant Hyo Joo ou pendant sa relation avec Hyo Joo – il vivait, il était plein de joie de vivre, et c'était presque possible que la raison de ce revirement de situation, de personnalité, était en l'occurrence sa rupture avec la jeune femme ainsi que la problématique qui se fut installé par la suite : sa transformation indésirable. C'était sans doute vraiment problématique dans le sens où il avait par inadvertance jouer avec le feu contre son gré avec elle. C'était sans doute vraiment perturbant pour Alexsy de se rendre compte d'une impuissance telle que celle-ci. Incontrôlable. Il l'avait été. Incontrôlable. Il a peur d'être.

How to love ? C'était normal que l'obsession incertaine qui s'instaurait dans son esprit le rendait indéniablement niaise et trop peu sur de ce qu'il pourrait dire, faire, entreprendre ? Je veux dire, cela paraissait si soudain que Alexsy parle d'amour – que Alexsy exige de trouver l'amour. Exige ? Comme-ci il en avait besoin. Il ne croyait plus vraiment en grand chose depuis le problème de Hyo Joo qui subsistait encore à le hanter même en cette soirée si éclairé par la lune blanche. Le vent avait beau frapper le visage du garçon pour tenter d'assouvir son envie de se tuer ou de se pendre, car le petit Hwang en serait capable, inévitablement, si il pouvait échanger sa vie contre l'humanité de Hyo Joo il l'aurait fait – si il avait pu changer le court des choses... il l'aurait fait depuis des années, des mois, des jours. Mais c'était sans doute impossible de croire en l'impossibilité même. Il échappait un soupir qui détruisait le silence qui pesait après la longue tirade de sa meilleure amie sur sa vue de l'amour, sur la vue de tout ce qu'elle a pu ressentir. Il était presque désolé de lui avoir fait parler de cela – peut-être que cela la blessait au fond d'elle et qu'il ne le savait pas – peut-être, mais comment aurait-il su ?

« Dit... dit... Jiji... tu vas bien, j'espère ? J'veux dire. C'est très constructif comme réponse que tu m'as fait là, donc, je me demandais si c'était normal. Non je ne dis pas que c'est étrange, bizarre, ou quoi... Ca ne te ressemble pas... de parler comme ça. Je suis... j'suis bête de t'avoir fait parler ainsi, non ? Vouais j'aurais du pas poser de questions et garder un silence pesant, même ça, ça vaut mieux à côté de Ji Eun fatigué par l'amour acharné qui fait peur. »

Il échappa un soupir suivit d'un sourire vers sa meilleure amie et attrapa sa main dans la sienne. C'était rare qu'il agisse de la sorte en la compagnie de filles, mais Ji Eun était différente à tout point de vue – elle était... elle était sa Ji Eun et quoi qu'il arrive il savait qu'elle pouvait compter pour toujours dans son coeur ; et vice versa.

« C'est juste que... Alexsy est peut-être obsédé par une fille. Peut-être hein? Et... et j'aurais voulu comprendre la contenance des sentiments que l'on peut ressentir. J'veux dire, j'ai déjà eu des petites amies, bien sur... mais... fin... »

Nouveau soupir ; vaut mieux se taire dans ces cas-là.

Personne n’agit comme ça avec son meilleur ami.
Demandez à n’importe qui et il vous dira qu’une amitié aussi physique n’existe pas, que c’est futile et que c’est surtout pour cacher des sentiments plus profonds. Demandez à Ji Eun et elle ne vous répondra pas, parce qu’elle est beaucoup trop orgueilleuse pour parler d’amitié. Pourtant, elle pensera que les gens ont faux sur toute la ligne. Qui n’a jamais rêvé d’avoir quelqu’un avec qui on peut agir avec complète honnêteté? Avec qui on n’a nul besoin de jouer la comédie et avec qui se laisser aller à certaines envies, et je dis bien certaines, est acceptable? Ji Eun savait très bien jusqu’où elle pouvait aller avec Alexsy. Elle avait compris qu’il y avait énormément de choses qu’elle pouvait se permettre avec lui, et cela lui convenait parfaitement. Une main posée sur la sienne, une tête accotée sur son épaule, une étreinte tout ce qu’il y a de plus chaste. Ils auraient étés frère et sœur qu’ils n’auraient pas eu une relation aussi purement affective. Et, dans ce domaine, elle en connaissait un rayon. Un sourire se dessina sur ses lèvres lorsque la main d’Alexsy vint chercher la sienne. Tiens donc, pensa l’étudiante avec un certain amusement. C’est qu’il fait des progrès, mon Alexsy. Avec son pouce, Ji Eun caressa la main de son ami alors qu’il culpabilisait de lui avoir posé une telle question. Elle laissa échapper un petit rire, lui montrant de ce fait qu’elle n’était pas triste en lui racontant tout ça. Nostalgique, amère peut-être, mais pas bouleversée. Elle s’empressa d’ajouter pour qu’il ne culpabilise pas plus qu’il ne le faisait déjà :

« Alexsy, mon chaton, tout va bien je t’assure. Si je te raconte ça, ce n’est pas pour que tu aies pitié de moi. C’est quelque chose qui m’est arrivé par le passé et qui maintenant fait partie de moi, tu comprends? Je sais que c’est bizarre de m’entendre parler comme ça parce que devant les autres je peux faire comme si de rien n’était, mais je tiens beaucoup à toi et je ne veux pas que tu fasses une erreur aussi euhm…primitive. »

Elle n’hésita pas une seule seconde à mettre l’accent sur cet adjectif aussi péjoratif. Au fil des années elle était devenue une pro pour ce qui était de mépriser certaines attitudes et la lâcheté, bien qu’elle en ait fait preuve dans ses déboires antérieurs, en faisait partie. En fait, elle agissait en maître jedi avec Alexsy que parce qu’il lui avait posé la question. Il devait de son côté avoir vécu au moins autant d’idylles qu’elle, peut-être même plus. Alors peut-être que ses histoires n’étaient pas nécessaires, peut-être qu’elle aurait tout simplement pu répondre par oui ou par non. Cela aurait-il enrichit la discussion? Peut-être pas, mais ces deux mésadaptés sociaux avaient manifestement besoin de s’épauler l’un l’autre, de quelque manière que ce soit, et il lui prouva avec la réplique qui suivit. Ce à quoi elle réagit en serrant un peu plus la main de son ami dans la sienne. Elle avait beau se dire que c’était normal que le jeune homme regarde ailleurs, fasse d’autres liens et tombe sous le charme de d’autres filles, c’était toujours un peu plus délicat dans le cas où elle ne connaissait pas leur tempérament. Peut-être la demoiselle dont Alexsy lui parlait verrait d’un œil mauvais ses fréquentations. Peut-être même qu’il ne lui en ferait jamais part. Cela faisait beaucoup de peut-être en une seule soirée. Pourtant, la vie est faite de peut-être, et c’est en cédant à la tentation qu’on pouvait voir si on faisait les bons choix dans la vie. Elle avait appris cela au fil des années, en vieillissant, et jamais à ce jour elle n’avait pu se servir de cette leçon de vie. Dans le genre « faites ce que je dis mais pas ce que je fais », Ji Eun avait un certain talent. Bref revenons à nos moutons pendant qu’ils ne sont pas trop loin. L’étudiante réfléchit un instant à ce que son ami venait de lui avouer. Une obsession? Le terme n’était-il pas un peu fort? Il avait l’air sérieux, pourtant. Elle pouvait le déceler malgré tous les mots et les expressions hésitantes qu’il avait ajoutés à son aveu. Parce que c’était bien évident, les gens comme eux disaient toujours un peu le contraire de ce qu’ils pensaient. Ji Eun ne savait pas trop comment lui répondre. À voir sa réaction à son explication, à son expérience de vie, il cela devait le surprendre qu’elle parle de manière si émotive, peut-être même que cela l’étonnait qu’elle soit si gentille, alors qu’elle était une véritable statue de glace avec les autres. En un sens, elle comprenait son étonnement. Pourtant, elle n’allait tout de même pas être méchante avec son meilleur ami, ce n’était pas rationnel, ce n’était pas…gentil. Et comme elle tenait à ce qu’Alexsy reste l’exception qui confirme la règle de sa vie sociable, il valait mieux qu’elle ne montre pas du mépris face à ce qu’il daignait lui dire, non?

Ji Eun leva le regard vers le ciel, cherchant encore et toujours les bons mots pour lui répondre. Il avait beau avoir le même âge qu’elle, Ji Eun avait l’impression de toujours devoir choisir ses mots. Pas parce qu’il était spécial, trop sensible ou quoi que ce soit d’autre. Juste parce que leur relation de l’un à l’autre était trop belle pour l’entacher avec des paroles lancées à la va-vite. Si le silence s’imposait, c’était pour mieux leur donner le temps de réfléchir pour arriver à des réponses exemptes de toute idiotie pouvant être prise au sérieux, vide de toute connotation. De l’honnêteté, tout simplement.

« Des petites-amies, oui, mais elle, elle est spéciale, dit-elle, comme si elle terminait la phrase qu’Alexsy venait d’entamer. À ça je vais te répondre un truc digne de n’importe quelle comédie romantique américaine : si tu crois que c’est la bonne, ne la laisse pas filer. »

Elle avait dit cela avec une pointe d’amusement dans la voix, trouvant quelque peu naïfs les propos qu’ils échangeaient. Pourtant, ça n’avait rien de mal. Tout le monde avait le droit de s’interroger.

« Alexsy, mon chaton, tout va bien je t’assure. Si je te raconte ça, ce n’est pas pour que tu aies pitié de moi. C’est quelque chose qui m’est arrivé par le passé et qui maintenant fait partie de moi, tu comprends? Je sais que c’est bizarre de m’entendre parler comme ça parce que devant les autres je peux faire comme si de rien n’était, mais je tiens beaucoup à toi et je ne veux pas que tu fasses une erreur aussi euhm…primitive. » Il voulait bien croire que l'amour n'était pas une simplicité parfaite. Au contraire, il savait déjà bien assez la difficulté que cela pouvait apporter à la vie entre deux personnes – il ne l'avait que trop rencontrer l'amour imparfaite, implicite avec lui même, primitive ? Erreur primitive ? Ne l'avait-il pas déjà faite, cette erreur là, en compagnie de la jeune Kang Hyo Joo qu'il avait soit disant tant bien que de mal aimé ? Oui il avait aimé, un jour comme un autre, Alexsy était un garçon qui était amoureux et puis le lendemain, il gâchait toutes les possibilités de rester en compagnie de ce simple être aimé avec qui il s'était si bien sentie pendant une longue et éternelle année. Alexsy s'en voulait encore et les atrocités que Hyo Joo était capable de dire en son égard ne le méprenait en aucun cas, il comprenait – irrévocablement. Et ca le tuait un peu plus de la savoir mal dans sa peau un peu plus maintenant. Un soupir et ses doigts glissent sur la main de sa meilleure amie. Cette amitié si fusionnelle qu'il a beau partagé avec elle ne pourrait provoqué que beaucoup trop de soupçons auprès des autres élèves de l'école – d'où le fait qu'ils s'éloignent des regards malvenues. Alexsy n'apprécie que trop sa meilleure amie au fil des heures qui passent, et de simples minutes à passer auprès d'elle, à partager quelques anecdotes torturant leurs coeurs mutuellement, il les aime tout autant – torturant son coeur ou non, la situation n'était pas si peu enjoué que si ils courraient dans un pré aux herbes hautes en riant de bon coeur. Parler c'était surement une solution plutôt envisageable quand il s'agit de se trouver avec sa meilleure amie – après tout, certes elle ne servait pas qu'à cela, mais elle était là pour l'écouter, quoi qu'il arrive, quoi qu'il ai à dire. Un léger sourire se dessinait sur le visage du garçon tandis que dans son esprit, un flot d'images ne cessaient de vivre et revivre en boucle. Flot d'images le hantant tant bien que de mal, lui et ses neurones déjà peu inactifs. Flot d'images auxquels il aimerait cessé de penser. Flots d'images que... « Des petites-amies, oui, mais elle, elle est spéciale, qu'il n'oublierait surement pas à cause de sa pauvre meilleure amie qui ne faisait qu'accentuer le problème dans l'esprit du garçon. Eventuellement, elle ne savait pas jusqu'où allait cette « obsession » incertaine pour une jeune femme aveugle et arrogante envers lui, mais si il lui annonçait la couleur du problème, peut-être changerait-elle de refrain incessant ? Surtout que... À ça je vais te répondre un truc digne de n’importe quelle comédie romantique américaine : si tu crois que c’est la bonne, ne la laisse pas filer. » Et bam. Dans la face à Alexsy. «  Ne la laisse pas filer » et c'étaient les mots de trop éventuellement. Alexsy leva les yeux au ciel et fixa un instant la lune blanche qui s'acharnait à les éclairer du mieux qu'elle pouvait. Etait-elle de mèche avec le présent qu'il vivait actuellement ? Etait-elle de mèche contre son mal-être incessant envers Hyo Joo ? Et son éventuelle obsession pour Gabrielle ? Il s'était promis d'arrêter tout cela – arrêter de penser aux autres – arrêter de penser à elle, cette foutue fille qui n'avait rien à faire dans ses plus simples pensées du monde. Il trouvait ça stupide de penser à une fille qui ne s'intéressait décemment pas à lui, alors pourquoi il continuait, il persévérait à croire que. En même temps, Ji Eun ne l'aidait pas dans sa possible solution. En même temps, Ji Eun ne faisait qu'accroitre les minces chances que les rêves et les désirs de Alexsy s'exaucent. Cela sonnait si faux. Si... faux. Il échappait un soupir et glissa sa main gauche jusqu'à la chevelure de la jeune femme. Posant sa main doucement sur le haut de son crâne, il glissa son regard vers elle et la fixa un instant.

« T'sais quoi ? Toi t'es pas compliqué comme fille. Donc je t'aime encore plus que toutes les autres, mon chou. » Échappant un léger sourire sur ses lèvres, son visage seulement éclairé par la lueur de la lune de cette rafraichissante, il laissa sa main glissé sur les cheveux de sa meilleure amie, ébouriffant par la même occasion ceux-ci. Alexsy n'était que trop peu attentionné d'habitude, trop peu depuis Hyo Joo en fait. Et Ji Eun avait bien de la chance de pouvoir être privilégié par tout – et ne pas avoir un Alexsy mort vivant comme camarade et meilleur ami. C'était la principale raison qui faisait qu'il aimait partager des moments avec elle ; il revivait avec elle. « Erm... pour reprendre la conversation dans le sens... erm.. l'amour, nee? Toute façon, elle est loin de m'aimer donc autant la laisser filer... tu vois? » Un léger sourire sur le visage du garçon qui ne s'adressait qu'à elle, qu'à sa simple meilleure amie qu'il arrivait à comprendre aussi facilement que ça. Elle s'ouvrait presque comme une huitre et lui aussi par ailleurs - c'était si simple de parler avec elle - et si compliqué pourtant de comprendre les filles.

Mon chou, mon chaton, que de petits noms qui agissaient comme de petites douceurs sur l’âme meurtrie. Non, on ne pouvait pas dire que Ji Eun était quelqu’un de compliqué. C’était un des rares mérites qu’on pouvait lui donner. La vie elle-même était déjà assez compliquée, alors pourquoi s’entêter à la compliquer encore plus par simple volonté? Mhh, que de philosophie, ici. Mais la simplicité de la vie de Ji Eun était une philosophie, en soit. Une manière de penser pour éviter de se laisser affecter par les problèmes, pour éviter de prendre part aux problèmes des autres. Un détachement volontaire pour faire de la vie quelque chose de moins compliqué, de plus agréable à vivre. Mais attention. Il ne s’agit pas ici de simplicité d’esprit, mais plutôt de simplicité existentielle. Il n’était pas rare pour elle de se poser des questions, et elle avait eu son lot de problèmes, ce qui faisait qu’elle était plus complexe qu’elle en avait l’air, mais le fait de ne pas trop s’attarder aux embûches que les autres pouvaient bien avoir sur leur chemin faisait qu’elle avait plus de temps pour penser, plus de temps pour se concentrer sur soi-même. Compliqué? Peut-être. Nombrilisme? Peut-être aussi selon le point de vue. Dans tous les cas, ce qui faisait que Ji Eun était Ji Eun, c’était un tas de petites façons de pensées du genre. Donc même si elle essayait d’être simple, elle était compliquée, consciemment ou pas.

Bon, trêve de philosophie brumeuse, revenons à ce qui pouvait bien se passer sur le lac. La barque dérivait encore sur la surface paisible du lac, ses deux passagers occupés à parler de tout et de rien, de l’amour surtout. La main qu’Alexsy passa sur la chevelure de l’étudiante, autre petit geste tout bête, lui faisait pourtant beaucoup de bien. Quoi qu’elle alla passer ses doigts dans ses cheveux lorsque son ami vint les ébouriffer car elle ne supportait pas que sa chevelure soit mêlée. Elle avait l’air d’une gamine de dix ans, à brosser sa tignasse brune à l’aide de ses longs doigts fins, à répéter le mouvement jusqu’à ce que ses cheveux soient assez doux à son goût. Et alors qu’elle croyait avoir fini de replacer ses cheveux, elle donnait un dernier petit coup rapide pour s’assurer que tout était parfait.

Une fois cela fait, elle se concentra de nouveau sur son meilleur ami, histoire de répondre à la question qu’il venait de lui poser. Elle ne savait pas trop quoi répondre à son ami, celui-ci semblant tiraillé entre l’abandon et l’amour aveugle. Pourtant, la bonne réponse à ce charabia était difficile à donner, car il y avait une chance sur deux que ce soit la bonne, et une chance sur deux que ce soit la mauvaise. Elle ne pouvait pas lui conseiller d’abandonner car elle risquait de se tromper, tandis que si elle lui conseillait de s’accrocher, il risquait de se retrouver dans des situations un peu trop délicates pour le garçon maladroit qu’il était. Voilà pourquoi elle évitait de se mêler aux problèmes des autres. Néanmoins, il n’était pas n’importe quel « autre » et elle se devait de l’aider un peu, du moins l’aider à trouver des pistes pour qu’il trouve la solution par lui-même? N’était-ce pas de l’influence, ça, d’ailleurs? Hésitant, elle prit une inspiration avant de lui répondre. Il était maintenant temps de ressortir les notions du parfait petit guide de la parfaite meilleure amie.

Étape numéro 1 pour donner des pistes afin de régler un problème : Poser des questions afin d’en savoir plus sur le problème. À froid, comme ça, elle ne pouvait pas forger son opinion sur la fille, ni savoir quoi conseiller à Alexsy. Il savait simplement qu’il avait l’impression qu’elle ne l’aimait pas. Peut-être cachait-elle le fait qu’elle était aussi anxieuse que lui? Peut-être était-elle trop gênée pour afficher ses véritables pensées à l’égard du Olen? Voilà pourquoi elle devait poser des questions. Si elle voulait pouvoir interpréter l’attitude féminine, il fallait qu’elle en ait un exemple.

« Cette fille, elle est au courant que tu l’aime bien? Demanda-t-elle finalement. Je veux dire…Tu lui a dis ou pas? »

Commencer par le point faible des Olen : la communication avec autrui. Beaucoup de bleus préféraient de loin être seuls plutôt qu’accompagnés puisque de parler avec les autres étaient difficiles pour eux. Affirmation qui n’était pas tellement vraie dans le cas de Ji Eun, mais elle était une des rares exceptions qui confirmaient la règle. Quoi que les moments où elle ouvrait la bouche était soit pour envoyer une réplique assassine à quiconque venait lui chercher des poux, soit pour répondre à une question posée par un quelconque professeur. Il n’empêchait qu’elle était douée de parole et qu’elle savait s’en servir, contrairement à d’autres. Elle ne savait pas si, en dehors des moments qu’il passait avec elle, Alexsy était aussi doués avec les mots qu’elle. Elle allait bien finir par le savoir. En attendant, il valait mieux qu’elle se concentre sur l’extension d’elle-même, sur son meilleur ami, que sur sa personne. C’était bien Alexsy qui était en plein dilemme, pas elle!