Il y avait de cela quelques semaines, des affiches s’étaient placardées un peu partout dans l’école, informant toute la populace de l’arrivée imminente d’un évènement qui plairait sans doute à plus d’un. L’excitation était palpable, beaucoup s’y était inscrit et, à la plus grande surprise de Nina, la quantité d’Olen inscrits suivait de très près celle de cette maudite maison de marcassins. Certainement que ceux-ci c’étaient mis à coller de trop près ces imbéciles nés. Quoiqu’il en soit, Nina elle, n’avait eu aucune envie d’y participer. Connaissant l’administration de cet asile de fous, cela allait certainement être un truc de fou, qui aurait risqué de bien vite saoulé la pauvre et délicate giena qu’elle était. Et pendant que certains iraient certainement se faire atomiser par elle ne savait quel dragon, Nina quant à elle aurait la chance de profiter de cette pause pour roucouler tranquillement avec son dernier petit ami en date, Ren, un giena qui, tout autant qu’elle le savait déjà, ne participerait pas non plus à une telle débilité. Et puis, ils auraient certainement mieux à faire tous les deux, pas vrai … Plein d’idées d’occupations dans le thème de la chambre traversaient d’ores et déjà l’esprit déluré d’une Nina possédée par Asmodée le démon de la luxure (d’ailleurs, ce devait sans doute être très bizarre de voir une fille rire seule au beau milieu d’un couloir en regardant le ciel, MAIS BON. On va lui pardonner quand même ce petit écart niveau comportement.). Le pauvre Ren ne savait sans doute pas sur quel phénomène il avait mis la main mais bon. Sans doute ferait-elle des efforts pour ne pas trop choquer son pauvre esprit de jeune pousse de vampire. Quoique l’idée de pervertir son âme était en soit un très alléchant pari … Nina voyons, arrête de penser à lui de cette façon-là veux-tu ! Dans une autre vie, elle avait sans doute dû être un homme. Parce qu’aucun être si ce n’est un mâle ne pense ainsi à … l’amour et ses dérivés. Certes, Ren l’avait vu en mauvaise posture au milieu de ce labyrinthe. Certes elle avait eu honte, certes elle avait voulu se cacher un trou. Et certes elle avait perçu en Ren une profonde tristesse. Mais malgré tout cela, ils étaient ensemble et depuis le temps qu’elle le connaissait, elle l’avait toujours trouvé mignon. Serait-ce donc vraiment mal de vouloir se faire son petit ami ? Certainement pas non, ou du moins pas pour Nina qui n’avait d’yeux que pour ce qu’il se passait en dessous de la braguette d’un garçon. Ca fait pute, et alors ? Personne ne cherchait à voir plus loin, et Nina non plus. Très bien, tout le monde pouvait être content comme ça, Nina la première.

Ce jour-là, sa journée avait on ne peut mieux commencé. En allant au réfectoire pour prendre son petit déjeuner, elle avait eu la chance de croiser Ren, qui s’en allait certainement dormir ou elle ne savait pas quoi encore. La jeune femme n’était pas curieuse – enfin si, mais non – et s’était simplement contentée de l’invitation nocturne qu’il lui avait donnée. C’était dit. Son heure était enfin arrivé. Son aîné allait passer à la casserole ! Elle avait passé toute la journée à trépigner d’impatience à l’idée de tout ce qui allait arriver le soir même, continuant ainsi son fil d’idées plus lubriques les unes que les autres. « V I C T O R Y » s’affichait déjà en caractères gras et lumineux dans son esprit désormais obsédé par cette idée (ou du moins plus qu’il ne l’avait été jusqu’à ce moment-là, bien entendu). Elle jubilait. Une joie indescriptible gambadait au fond de son cœur alors que l’image d’un Ren possédant son corps poussait par millier dans le champ de cerveau. A travers ses cours et autres petites activités bien charmante, sa journée fila à la vitesse de l’éclair jusqu’à ce que. OH, SACRILEGE. « C’EST QUOI CE TRUC ? » La voix de Nina s’était élevée dans un des innombrables couloirs, faisant cesser les piaillements des amies qui l’accompagnaient. « Bah. C’est l’affiche pour l’événement non ? » La giena lança un regard noir à l’idiote qui avait lui sortir ça d’un air aussi niais, et pointa son nom, écrit en caractère gras sur cette fichue liste des inscrits. « Qui a mis mon nom ICI ? Je n’ai rien demandé moi …. » Bien qu’elle avait commencé avec de l’énervement, elle fit son possible pour retrouver son calme et prendre l’air d’une victime de cette ingrate de vie. Ne pouvant pas tenir plus longtemps, elle abandonna là ses amis pour courir vers sa chambre et se cogner la tête contre la barre de son lit. C’est pas vrai, c’est pas vrai, c’est pas vrai. Non seulement elle avait été inscrite à cette débilité, mais surtout, tous ses projets venaient de tomber à l’eau à cause d’un petit connard qui ferait bien de vite se dénoncer. Elle dût passer une heure à se lamenter, avant de finalement se décider à se doucher et s’habiller rapidement, sans oublier de prévoir une tenue de rechange (sait-on jamais on ils allaient atterrir). La mort dans l’âme, elle rejoint l’attroupement d’élèves à l’orée de la forêt, et rien qu’à l’endroit où se déroulait la petite mise en situation, Nina savait d’ores et déjà que le pire était à venir.

« Bonne chance » Au rythme avec lequel elle avait avancé, ce n’était pas très étonnant qu’elle arrive à la toute fin du discours de cet imbécile de rat volant (oui oui, tout le monde était imbécile). Nina soupira alors, essayant un peu de voir ce que chacun était en train de faire, et décida de faire comme certains et s’avancer vers la forêt. Malheureusement, une sorte de force invisible la poussa en arrière, alors qu’une voix grave et monocorde s’élevait dans son esprit. « Tous les participants doivent déposer leur baguette dans la boîte. Vous ne pouvez entrer dans la forêt sans votre équipe. » Qu’est-ce que c’était encore que cette connerie. Nina ne déposerait pas sa baguette dans cette boîte, que nenni ! L’air belliqueux, elle fixa la chauve-souris dans les yeux, l’air de dire « arrête-moi si tu l’oses, sale rat ! » Et c’est plein d’aplomb que Nina se mit à courir vers la forêt, pour se heurter à un mur invisible qui disparut lorsque sa baguette lui glissa des mains pour s’élever dans le ciel. La pauvre Nina eut beau sauter, mais Jack semblait bien trop heureux de la voir si faible face à toute sa magie, et ses yeux semblèrent même rire lorsque Nina regarda sa baguette s’enfoncer dans la boîte, dépitée. « Mais, elle va être trop sale maintenant … J’ai même pas pu lui mettre son écrin quoi, fuck. »

Pour la énième fois, Nina soupira. Mais quelle merde, quelle merde, quelle merde ! Il y avait un Dieu là-haut qui prenait plaisir à s’acharner contre elle. Quand elle le choperait ce saligaud … Mais quoiqu’il en soit, elle n’avait plus qu’une chose à faire, chercher son groupe. C’était quoi son numéro déjà ? Le 13 ? Ah non, le 11. Mais quand même. Ils avaient beaucoup d’humour dans cette école. Y’avait quand même BEAUCOUP d’élèves là. Elle se mit donc à marcher d’un pas rapide, peu désireuse de perdre une quantité énorme de temps. Malheureusement, petite comme elle était, ce n’était pas trop évident de voir les groupes qui s’étaient déjà formés, et c’était à peine si elle arrivait à voir plus loin que le bout de son nez. Alors elle tendait l’oreille, tentant de percevoir des bribes de conversation grâce à son ouïe fine, mais tout ce qu’elle réussit à faire, c’est heurter brusquement quelqu’un. Elle aurait bien voulu s’excuser, mais quand une odeur particulière et surtout lorsqu’un sourire immense lui atterrit en pleine face, Nina abandonna tout désir d’excuse. Iseul Ae. Iseul Ae le boulet. Pas lui. C’était bien la dernière personne qu’elle aurait voulu voir en cette belle – ha ha – journée. Nina lui lança un sourire crispé, explicitant ainsi clairement toute la gaieté dont elle était la victime en cet instant. Un petit « hé ! » de protestation s’échappa de ses lèvres lorsqu’il lui chipa son bout de papier et tenta de le reprendre – que c’était fatiguant de ne pas pouvoir rattraper des choses lorsqu’elles étaient placées trop HAUT – et ce qu’il dit ensuite fut le début de la fin. L’hécatombe. Elle n’aurait pas pu tomber plus bas. Iseul dans son équipe. Bowdel. Elle écarquilla les yeux, affichant alors une mine très comique et digne des plus grands poissons rouges. « Pardon ? Tu te moques de moi là pas v… » La pauvre n’eut même pas le temps de finir sa phrase, que déjà, Iseul manqua de la faire tomber par terre en la poussant mollement sur le côté pour. Pour aller parler à une AUTRE fille. Elle, Nina Song, venait de se faire mettre sur le côté par un garçon pour une autre fille. S’IL VOUS PLAIT. Sa mâchoire inférieure tomba et, la bouche grande ouverte, Nina regarda ce qui se passait devant elle d’un mauvais œil, lui rappelant de loin ce qui avait pu lui arriver une semaine auparavant. Qui c’était cette petite conne hein ? Nina plissa les yeux et se rapprocha des deux en penchant la tête pour pouvoir voir cette fille, cachée derrière le grand dos d’un Iseul qui prenait toute la place. Tel le loup-garou qu’elle était, Nina renifla imperceptiblement son odeur avant de plisser des narines. Ceci n’était pas un humain. Ni un vampire et encore moins un loup-garou. Un monstre ? C’était l’événement ? Se trimballer avec un monstre jusqu’à ce qu’il se transforme et les dévore c’est ça ? Nina allait se méfier d’elle, tant pis pour Iseul. Il se ferait manger pendant qu’elle s’enfuirait à toutes jambes vers la récompense. On est giena ou on l’est pas hein. Et notre charmante Nina se montra d’ores et déjà on ne peut plus belliqueuse envers sa bien-aimée comparse. « T’es qui toi ? D’où tu sors ? C’est quoi ta maison ? Ton nom ? Donnes le nom de tes proches. »

Super Nina, SUPER !