Une pétale tomba sur son bureau, une légère et douce lueur rouge chutant pour rejoindre le bois sombre du meuble et le décorer. Une tache de peinture pleuvant du ciel, un larme fleurie coulant sur l'espace de travail de la jeune fille.
C'était ma dernière, mon ultime, jamais plus je ne laisserais dépérir une seule de mes beautés. J'étais vielle et laide à présent, seulement vêtu d'épine pour recouvrir ma tige et mon pistil. Aussi nu qu'un ver de terre, plus frêle que je ne l'avais jamais été, dévoilant mes secrets et mon intimités au yeux de tous, dévoilant mon cœur et ma fragilité.
Un rose sans pétale, nue et triste, complètement abandonnée de ses fidèle servante mais toujours en vie. Il me reste encore mon cœur qui bat, je suis seulement plus fragile qu'un nourrisson que personne ne protège, délaissée de tous même de ceux qui m'ont tant aimée.

Mon destin est inévitable, on me jettera bientôt dans un composteur, ou pire encore, dans une poubelle, comme un vulgaire déchet. Quel triste sort vous me réservez. Cette fleur que vous avez tant aimé, mon odeur n'a telle pas rejouit vos narines pendant tant de jour. Comme vous m'êtes cruelle aujourd'hui; pauvre de moi qui suis restée si innocente.
Je me suis pourtant battu pour demeurer belle à vos yeux, mais aujourd'hui je mérite d'être jeté à la fosse commune, misérable. Ou s'en est allé votre amour, votre extase devant ma beauté suave? N'y avait il que la perfection de mes pétales qui vous attirait en moi? N'ai je plus droit à votre bonté maintenant que j'en suis démunie. Ne suis je plus digne d'intérêt? Pourquoi vous détournez quand je n'ai plus que mon cœur à vous offrir, est il indigne de votre amour lui aussi?

Quelle tristesse! Quelle tristesse me hante quand je pense ces mots, je ne suis qu'une pauvre fleur, un fleur fanée et flétrie par le temps. Toutefois mon coeur vous appartient à vous, belle enfant. Vous qui pleurez avec sincérité devant cette pétale que je viens de perdre. Compatirais tu à mon malheur ou bien est ce tout autre chose qui vous chagrine?
Je suppose que je ne suis que bien peu de chose, une simple rose, mais vos larmes me navrent de plus belle bien que je doute que celles ci ne tombent que pour mes corolles. Je ne puis être qu'ému puisque ce sont vos douces mains qui se sont occupées de moi avec tant d'attention et d'amour que je n'imagine pas un instant que vous ne me portiez pas d'importance.
Elegante demoiselle, je ne m'ouvrais que pour vos yeux et votre sourire charmant. Je vous suis tant redevable. Je souhaiterais pouvoir sécher vos larmes, jolie princesse, mais je n'ai plus les attraits pour le faire. Toutefois, vous en êtes pleine, et vos mains gracieuse devrait rencontrer celle d'une aussi aimable personne que vous. Oubliez cet être qui vous fais tant pleurer, je suppose qu'il s'agit là de cette personne qui m'a offerte à vous, sinon, vos yeux ne perleraient pas en ces lieux, pas devant eux.
J'ornais avec grace cette table au centre de la salle commune des giena. Vous étiez tendre avec moi, mais le temps est venu de m'abandonner. Cela fait plusieurs jours que l'on désire me voir disparaître de cette table. Je n'en suis guère enchantée, mais sans doute est il temps. Je ne vous en voudrais pas, vous m'avez témoignée plus de sensibilité que n'importe quel humain.
Reprenez votre fierté. Je sais combien vous êtes digne, noble héritière, je n'aurais envisager que ma mort puisse vous bouleverser autant. Peut être avez vous trop regarder la Belle et la Bête? Ceci m'étonnerais grandement de la fière sang pur que vous êtes. Mais vous êtes si proches de ces héroïnes de conte de fée, j'attends le jour ou vous rencontrerez votre prince charmant.

Jetez moi à présent, mais je vous prie, non dans une poubelle, je ne saurais supporter le noir, la saleté et l'odeur des déchets. Je préférais rejoindre mes sœurs, fleurs et plantes. Je sens à présent la douceur de vos doigts sur ma tige, comme si vous aviez entendu mon cri, vous essuyez vos larmes. Vous luttez pour les retenir un instant et puis, me tenant dans vos mains, vous fuyez. Vous courrez hors de cette pièce ou les regard de vos camarades se font pesant, ils vous fixent comme une bête curieuse, sans doute incapable de comprendre cet élan de sensibilité. Votre masque impénétrable cache votre âme si pure. Vous haïssez que l'on vous voit faible et sublime, seul votre force et votre magnificence ne vous satisfait.
Leur regard sont moqueur, étonné, amusé, loin d'être inquièt ou empathique, parce que, tous autant qu'ils sont, ils ignorent tout de vous, gente dame. Jamais vous ne les laisser accéder à votre humanité et à votre bonté. Jamais vous ne leur laisserais apercevoir la face que vous m'avais montré avec tant de facilité car je ne suis qu'une rose, une simple rose fanée.
evolter
Votre course effrénée, vous la continuer même dans les marches, je sens au vent qui me fait virevolter que votre allure est vive et rapide. Vous ne vous arrêtez pas. Sans nul doute avez vous peur que l'on vous découvre. Combien de temps avez vous poursuivit votre sprint, je l'ignore tout à fait. Je reste une pauvre fleur, mon temps est bien différent du votre, délicieuse midinette. Votre allure était vive, certainement dans l'espoir de mettre le plus de distance possible entre vous même et les autres. Qu'est ce qui vous pousse à tant rechercher la distance des autres êtres humains. Si vous ne pouvez plus l'atteindre par votre perfection, votre masque ou votre attitude, alors vous fuyez.
Comme vous devez être seule et comme je suis fière de me tenir dans vos mains. Je suis ravie de vivre mes derniers instants à vos côtés, au creux de votre paume si veloutée. Je ressens par votre poigne beaucoup de tristesse et de colère que mes connaissances ne peuvent expliquer. Sans doute que ce sentiment irritant n'était tourné qu'à votre propre égard et non envers mon innocente personne. Il se trouve encore dans votre prise une attention touchante, vous me serrez sans toutefois m'écraser. Vous êtes juste assez douce pour me laisser entière tandis que je suis déjà affaiblie par la perte de me pétales rouges qui me rendaient si belle;

J'entends le bruit d'une porte, une porte que vous ouvrez et l'air frais me transcende, moi qui n'ai jamais connu la fraicheur, ni dans votre maison, ni même avant dans ma serre. Ravissante colombe, que faites vous donc? Où m'emmenez vous? Pourquoi dois je avoir si froid? Souhaitez vous me congeler pour me forcer à survivre. Cependant si tel est le cas, pourquoi avoir attendu que mes pétales soient déjà perdues, envolées. Elles m'ont désertées, une par une, chacune leur tour, chacune à leur rythmes, préférant la mort en solitaire plutôt que dans mes bras. Maintenant c'est dans vos mains que je m'éteins, affaiblit et saisit par le froid de cet extérieur que je n'ai jamais connu, je ne le regrette plus si j'ai pu éviter ce glacier. Ou bien n'était ce la qu'un hasard, ce ne peut être que le froid de la mort, surement est ce cela alors. Et puis, je suis nue de pétale, la température et le vent m'attaque plus facilement , ils me gercent et me brisent. Bientôt je ne sentirais même plus la chaleur de la main de la délicate sorcière qui s'est élancée dans cette atmosphère froide et lugubre, morbide, comme annonçant ma fin prochaine.

Une seconde porte s'ouvre pour rejoindre une chaleur apaisante, la transition est violente mais agréable, je sais immédiatement que j'ai retrouvée ma maison. Je le sens à la lumière qui règne dans la pièce, ou devrais je dire dans la serre. La main de l'écolière me dépose avec gentillesse sur une table de bois. Décidément que de bois dans ce monde magique, à croire que leur pouvoir les ont empêcher d'évoluer avec leur temps et d'intégrer des matériaux plus modernes et complexes. Ou bien ils sont juste particulièrement en faveur de la destruction des forêts et du monde naturel, va savoir, plus rien ne m'étonnerait dans le monde magique.

J'ignore ce qui se passe mais la séduisante rouge semble en proie à une grande activité, ouvrant les tiroirs, cherchant sur les étagères, dessous même, soulevant les pots de fleurs, jettant les éprouvettes et les faisant disparaître comme si elle voyait en ces objets et plantes des témoins encombrants à ses états d'âme. Elle se retourna enfin vers moi, baguette en main, et la pauvre rose que je suis pris légèrement peur. Allait elle me faire faner et décomposer à mon tour. Je savais que mon heure était venue, et pourtant... Si j'avais eu des yeux, vous y auriez lu la peur, la tristesse et le chagrin, mais aussi l'amour. De l'amour pour cette splendide nymphe , la peur de vous laisser seule et la tristesse de ne plus pouvoir vous contempler encore comme vous me contempliez sourire au lèvres.
Je m'attendais à recevoir de votre baguette magique le dernier coup de grâce, à expirer mon dernier souffle cependant je ne le reçu jamais. C'est une lumière violette qui me frappe, mon corps trésaille et comme une évidence, je comprend. Je comprend votre intention, ce que vous voulez faire. Vous voulez me fire refleurir, me faire retrouver ma beauté d'antan. Pauvre folle. Je sais pourquoi vous voulez me faire revivre. Je sais quel doux rêve dirige cet acte insensé, ridicule.
Ca ne marche pas, et comme le vain espoir qui vous anime, je reste morte, sans pétale, avec le peu de souffle qui m'emportera bientôt.
C'est mieux ainsi, mieux pour vous, pour nous. Abandonnez, abandonnez moi en même temps que lui. Sublime déesse, vous ne pouvez vivre dans cette illusion, je ne saurais participer à cette vision faussée que vous désirez tant entretenir. Je vous en prie, exquise lady, ne m'infligez plus ce sort, je ne saurais le supporter une nouvelle fois. Pitié, vos mains sont si douce, pourquoi doivent elle m'imposer de si cruel sort. Toutefois je résiste, je ne peux vous entrainer dans ce mirage qui ne saurais satisfaire votre coeur? Vos effort sont vains, audacieuse fillette, tout comme le sont vos espoir de finir un jour avec ce garçon qui plait tant à vos pensées. Êtes vous donc incapable de reconnaître la défaite ou bien allez vous ne cesser de me lancer ce sortilège jusqu'à ce que trop faible, je redonne un ersatz de vie à votre espérance. Je refuse de tenir un rôle dans cette mascarade qui vous fera souffrir encore plus. Je me laisse mourir pour vous servir, vous offrant le plus beau cadeau que je puisse. Je meurs et vous laisse avec l'inconnu qui vient d'entrer dans la serre.
Vous ne l'avez pas entendu n'est ce pas? Votre désarroi est tel que l'explosion du château ne pourrait vous sortir de votre stupeur. Vous ne dites rien, vous ne pleurez, ni ne cassez quoi que ce sot. Vous vous recroquevillez sur vous même, vous accroupissant sur le sol terreux de la serre. Vous m'abandonnez sur la table, vaincu par une fleur qui refuse de redevenir belle et odorante, une rose qui n'accepte plus de vous faire souffrir.

Il ne me reste plus beaucoup de force, résister à vos sort m'a épuisé, je sens que je pars tandis que des pas se rapproche, je ne veux pas vous laissez seules, mais à présent que quelqu'un approche pour vous. Une personne qui vient vous sauvez.
Comme moi vous sentez sa présence, sursautant en reprenant votre façade impassible. Une autre jeune fille vient à votre rencontre. Son visage m'est familier, mais il ne me semble pas qu'il s'agisse d'une jeune giena comme vous. Il s'agit surement de cette jeune laie qui vient vous rendre visite si souvent. Si vous saviez qui vous pouviez avoir des amies, sans doute serait ce elle que vous considèreriez comme votre meilleure amie. Aussi votre meilleure amie se tenait elle devant vous. Pourtant, vous par terre, elle debout, votre regard fuyant et craintif malgré votre visage inexpressif, vous faisait ressembler à un animal en cage, ou bien à un enfant à la merci d'un homme sans pitié. Bien éloigné des relations que vous entreteniez avec la jeune Kaban.
Que craigniez vous de cette adolescente, je suis trop ignorante pour comprendre cet étrange comportement. Vous aviez sans doute vos raisons, peut être était ce encore votre fierté qui parlait encore. En tout cas votre crainte était bien réelle et votre copine l'avait senti également. Elle fut la première à prendre la parole sous le regard éffaré de ma jardinière qui ne semblait pas assimiler tous les mots de sa camarade. Vous l'ecoutiez sans doute, Sun Hee, plus silencieuse que jamais.
« J’ai entendu parler de la façon dont tu as pris la fuite et je me demandais quand je tomberai enfin sur toi. Ne te hâte pas, tu es si jolie. N’ai-je pas le droit à un petit sourire ? Pourquoi es-tu si effrayée ? Tu n’as rien à craindre. Loin de moi le désir de créer des ennuis. Mais je considère que nous devons achever… »

Vous étes faible et vous ne savez faire confiance à personne, même pas à elle, quand bien même elle est votre plus proche compagne,quelle tristesse. D'un coup la lourdeur et la moiteur de l'atmosphère m'enivre et vous le réalisiez. Vous ne désirez qu'une seule chose à présent qu'elle s'en aille, qu'elle vous laisse seule dans cet endroit lugubre et froid. Cet univers qui vous ressemblait tant était le seul qui pouvait accueillir vos faiblesses et votre chaleur. Mais Esfir n'en faisait pas partit, elle dénotait étrangement par la lumière chaleureuse qui émanait de sa personne aussi devait elle quitter cet environnement froid qui étais votre monde, celui que vous aviez cherché. Vous ne pouviez l'accepter ici, vous étiez si froide,si seule et si misérable. Cette présence joyeuse et chaleureuse n'avait aucune place ici, vous ne pouviez la tolérer ici aussi lui murmurez vous:
« Va t'en, je ne veux pas! Je ne veux pas te voir. Va t'en! »
Vous ne vous donnez même pas la peine de répondre à ses questions. Elle n'avait rien à y répondre, rien à lui dire. Elle voulait qu'elle s'en aille et en même temps. Dites moi Sun Hee, la présence de la jaune ne vous rassurait elle pas, ne vous amenait elle pas plus de chaleur que mon propre corps mourant.. Elle pourrais pourtant vous donner tant de réconfort. Elle était la pour vous et moi je ne suis qu'un cadeau pourrissant.

Je peux vous quittez sereine à présent avec Esfir auprès de vous pour soigner votre tristesse. Si vous lui laissiez y accéder. Je doute que ce soit le cas car vous levez votre baguette en murmurant un sort de protection pour l'empêcher de vous approcher. Etait ce ainsi que vous vouliez être tranquille. Vous la fixiez alors, défiante tandis que mon âme s'envolait vous laissant seule toute les deux..