Fini les vacances, la rentrée avait commencé. Fini les grasses matinées, il fallait remettre en marche son réveil. Fini les journées improvisées, la routine reprenait le dessus. Voilà une semaine que Kazumi avait pris un nouveau départ. Fini le lycée, elle était maintenant une adulte et était étudiante à Todaï. Un changement qui avait bouleversé ses habitudes. Sa famille n’était plus là pour s’occuper d’elle, faire ses courses, il fallait se prendre en charge soi-même. Pourtant, sa vie était devenue tellement mouvementée en si peu de temps, qu’elle avait l’impression de faire partie du campus depuis des années. Sans l’expliquer, elle se sentait déjà familiarisé avec le milieu, bien intégrée et à l’aise. Les membres du quartier Sakura y avaient contribués, ils l’avaient aidé et puis avec un parrain comme Reona toujours prêt à l’embêter, c’était comme si elle venait d’avoir une nouvelle famille. Il ne fallait pas négliger aussi la présence de Ji Eun. Sans celle-ci, aucun ne doute que la jeune femme se serait sentie perdue. Etant toutes les deux nouvelles, elles avaient été là l’un pour l’autre et comme en plus d’être camarades de classe, elles étaient colocataires, leur relation s’était rapidement fortifiée. Des bestouilles collés comme les doigts de la main et toujours prête à affronter les épreuves ensemble. La nouvelle mission ? S’auditionner pour un casting pour entrer dans une agence. Chanter et danser faisaient partie de leurs passions communes. C’était parti d’un simple délire, elles s’amusaient, faisaient les folles en imitant les stars qui passaient à la télévision et puis là, l’idée était apparu comme par magie. Au début, il ne s’agissait que d’une invention farfelue mais l’occasion s’est présentée et elles ont finit par devenir sérieuses à ce sujet. Elles s’étaient entraînés pendant leurs heures libres jusqu’à faire des nuits blanches le week-end parfois. Cet après-midi allait été décisif.

Kazumi n’avait pas beaucoup dormi. Ses pensées avaient mijotés toute la nuit sur l’audition et il lui était presque mission impossible de trouver le sommeil. Stressée ? C’était le cas de le dire. Elle se réveilla vers cinq heures du matin de peur de ne pas se lever à l’heure. En voyant ses colocataires dormirent aussi profondément, elle ne voulait pas les déranger et parti sur la pointe des pieds jusqu’à la salle de bain. De là, elle prit une douche, se changea dans son uniforme, se maquilla légèrement et se coiffa. Prête. Son estomac commença à gargouiller, il était temps d’aller prendre le petit-déjeuner. Dans la cuisine du bâtiment, il n’y avait personne. Il fallait dire que le soleil venait tout juste de se lever, et apparemment c’était la seule qui avait ouvert les yeux. Elle put donc manger en toute tranquillité, sans qu’aucun bruit ne la dérange. C’était assez agréable et ça avait le don de l’apaiser. Une fois les assiettes lavées, elle retourna dans le dortoir pour constater qu’il ne restait plus que sa meilleure amie dans le lit, les autres se préparaient. Il lui restait encore du temps avant que les cours du matin commencent, cependant elle préféra prendre son sac et aller à l’Université. Arrivée là-bas, elle se dirigea vers la bibliothèque pour revoir les chansons sélectionnées pour l’audition et au bout d’une demi-heure, la cloche sonna pour signaler que l’école reprenait. La journée semblait passer tellement rapidement et plus les secondes passaient, plus la tension montait. Ca ne servait à rien de stresser à l’avance mais c’était la première fois qu’elle se candidatait pour ce type de concours. Sa plus grande peur était de tomber devant les jurys. Imaginez un peu la catastrophe. La jeune femme essaya de penser à autre chose en se concentrant sur ce que le professeur disait. La cloche sonna pour une deuxième fois mais cette fois pour annoncer la fin, un peu trop tôt à son goût.

Ses pas la conduisaient vers le dortoir des Sakura lorsque soudain, quelqu’un attira son attention. Et pour que quelqu’un attire son attention aussi facilement ce n’était pas n’importe qui. Et la seule personne qui lui faisait cet effet depuis peu, était uniquement Junichi Aizawa. Il était avec ses amis en train de rigoler et sa fidèle guitare sur le dos. Un soupir sortit de sa bouche. Elle aurait aimé lui parler aussi librement que le fait son entourage. Mais non, ils avaient juste engagés la conversation une fois et ça l’étonnerait s’il se souvenait encore d’elle. Sans même se rendre compte, elle venait de perdre dix minutes à rester bêtement dans le couloir en l’observant. C’est seulement lorsqu’un étudiant la poussa par mégarde qu’elle revint à la réalité. Un coup d’œil sur l’horloge la mit dans un état second. Sans perdre une seconde, la demoiselle courut le plus vite possible, d’ailleurs c’était une chance qu’elle faisait partie du club d’athlétisme ça lui permettait d’avoir une meilleure endurance. Elle ouvrit la porte du dortoir brutalement, arrivant comme une tornade. Ji Eun stressait. Non, ça ne se voyait pas par son comportement ou pas son expression, ça s’entendait au son de sa vie ; en particulier sur le ‘ iiiii’ de son prénom. La japonaise se sentait un peu coupable mais préféra se dépêcher au lieu de regretter maintenant. Elle prit les vêtements donnée par sa colocataire en répondant un : « Ouiiiii, ouiiiiiii, je me dépêchee ! ». Elle enfila en quatrième vitesse sa tenue, c'est-à-dire un ensemble jupe, chemisier avec des ballerines. Un coup d’œil dans le miroir et plus moyen de traîner. La course débutait. Elle se fit guider par sa copine et à deux, elles traversèrent le campus avec de grandes jambées. Elles descendirent dans la première bouche de métro, prirent les tickets et réussirent miraculeusement à rentrer dans le wagon qui s’apprêtait à partir. Tout de même, Kazu’ était soulagée, elle s’en aurait voulu à vie si elles étaient arrivés en retard à cause d’elle.

« Pffiouf .. Une minute de plus et on était en retard !! Tu te rends compte, on aurait pu louper les auditions ?! Qu’est ce qui t’as prit au tant de temps ?! Ne me dis pas que tu as encore croisé Junichi ?! »

« Wouaah… J’arrive toujours pas à y croire, on l’a échappé belle. Je suis vraiment désolée pour le retard. Vraiment désolée. Et pour être honnête, c’était bien parce que je l’ai croisé. Rhaa, je suis une imbécile. Désolée. Mais avoue, que tu en aurais fait autant si tu avais vu un certain Ryu ! »

Non mais franchement, c’était la première fois que la jeune femme mettait les autres en position de difficulté à cause d’un garçon. C’était même un gag. Elle n’était pas spécialement intéressé à avoir un petit ami et ne cherchait pas non plus à fréquenter la gente masculine, et là il avait fallut que l’homme à la guitare fasse son apparition pour qu’elle en oublie la réalité. Ca lui apprendra dans le futur. En ce moment, elle s’en voulait encore et était énervée d’avoir commis une erreur aussi stupide. Enfin bon, il fallait voir le côté positif : elles étaient encore dans les temps. Qui sait ce que l’avenir leur réservera…