Un vampire, ça a beaucoup de temps libre hors cours. Regardez, en prenant simplement la semaine de 5 jours sans inclure le week-end :
-en considérant, bien que cela soit impossible, qu'un élève vampire quelconque doive participer à tous les cours (inclus vol et divination), il doit suivre un programme de 32 heures par semaine;
-en sachant que pour se reposer et manger sans avoir faim par la suite et sans indigestion, il lui faut également 3 pauses d'une heure (une avant, une pendant, et une après les cours)ce qui fait qu'il mange 15 heures par semaine;
-en sachant pertinemment qu'un vampire ne dort qu'une heure sur 24 heures et qu'il peut passer son week-end à dormir s'il ne souhaite pas perdre de temps, utilisons néanmoins l'heure par jour ce qui fait qu'il dort 5 heures par semaine ;
on arrive à la conclusion que le vampire a, sur une semaine de 120 heures, une moyenne de 13h35 par journée d'heures de liberté. Le vampire aura beau être une poupée qui met 3 heures à se préparer et une mordue de travail, il lui restera toujours du temps de libre pour faire ce qui lui plaît. Adelheid le sait, elle a déjà calculé tout ça l'année dernière. Et son gros problème dans cette école a toujours été de remplir les dernières heures de libre après ses heures d'études. Car elle a beau se donner du travail supplémentaire en travaillant l'anglais et les runes par elle-même, il lui reste malgré tout de 3 à 5 heures par jour à combler. L'année précédente elle les utilisait à explorer le château afin de pouvoir se repérer facilement, de ne pas se perdre, mais cette année ? Devait-elle travailler une nouvelle langue ? Devait-elle se lancer dans le coréen ou le japonais avec tous ces nouveaux ? Elle devait avouer qu'elle travaillait l'anglais parce qu'elle avait cru comprendre que c'était la langue la plus utilisée et les runes l'avaient toujours fascinée. Après tout c'est un langage magique, non ? Enfin, c'est comme ça qu'elle voyait les runes.

Adelheïd était sortie de la bibliothèque, son lieu de prédilection, se dirigeant désormais vers sa salle commune, un livre d'anglais et un livre d'histoire de la magie dans les bras. Ses pas étaient amples et rapides, du moins aussi amples que le lui permettait sa petite taille. Car la jeune fille est petite, sans aucun doute. Elle a un visage fin, ovale, inexpressif la plupart du temps, et de longs cheveux noirs de jais, lisses et fins. Sa peau blanche n'est même pas nécessaire de notifiée quand on connaît ses origines mais ses yeux sont d'un noir intense bien qu'ils soient la plupart du temps neutres. Perdue dans ses réflexions, elle marchait machinalement, ne cherchant même pas à regarder où elle allait pour se diriger, connaissant le chemin par cœur à force de l'emprunter. Elle était en pilote automatique tandis qu'elle rechignait encore à apprendre le coréen ou le japonais, les sourcils légèrement froncés, seul indice que son esprit divaguait. Pourquoi diable serait-ce à elle de faire un effort ? Elle était une russe en Russie et bien qu'elle venait plus du côté occidental que le côté oriental de la Russie, elle ne voyait pas pourquoi elle devait s'échiner à apprendre une autre langue que celles qu'elle apprenait déjà. Ça pourrait lui faire passer le temps et cela lui permettrait de pouvoir communiquer avec les autres. Mais pourquoi communiquerait-elle avec eux ? Elle n'en voyait pas l'utilité. Elle n'en avait même aucune envie. La jeune vampire soupira. Mais dans ce cas, à quoi lui servent ses heures restantes ? Elle pourrait bien sûr les utiliser à apprendre davantage l'anglais mais elle a compris l'année précédente que si elle dépassait une quantité d'heures d'études son cerveau n'assimilait plus rien.

Quoiqu’il en soit, quand on marche trop longtemps sans regarder où l'on va, même en rasant les murs on finit par rentrer dans quelqu'un. Cette réalité est toujours dure et douloureuse. Le sol sur lequel elle se retrouva n'échappa pas à la règle. Ses livres étaient éparpillés autour d'elle mais la première chose qu'elle fit fut de regarder sa montre. Depuis qu'elle avait fugué et avait failli rôtir au soleil, elle a constamment sur elle une montre pour ne pas être surprise par le lever du soleil, bien que ce soit un peu inutile ici à DASY. Il y avait le passage vers le hall d'Udovol'stvie, mais elle n'aimait vraiment pas l'utiliser : on dirait un trou de rat interminable. Lorsqu'elle se rendit compte qu'il restait encore une petite heure avant le lever du soleil, le soulagement fut bien là bien qu'il fut invisible pour les autres et très bref. Car bien que cette question fut réglée, il y avait un autre problème à résoudre : la personne qu'elle avait heurté et qui se retrouvait en face d'elle.

tenue


Shin Ki n’était pas d’une nature à s’ennuyer. Bien qu’il fut quelqu’un qui se lassait rapidement des choses, il arrivait souvent à rapidement se trouver une distraction qui le plus souvent était un pauvre élève qui passait à côté de lui et qui n’avait rien demandé à personne. Mais en cet instant, il faisait déjà sombre, il était minuit passé depuis bien longtemps et il était donc tout à fait normal que les couloirs ne soient pas particulièrement bondés. Ils étaient même déserts pour être honnête. De toute façon, la plupart des vampires avaient déjà cours et il en était de même pour les pauvres sorciers qui s’était vu assigné un horaire de nuit. Les autres dormaient tout naturellement. Il était toujours étrange pour Shin Ki de voir que les moldus dormait en moyenne 7 à 8 heures toutes les 24 heures voire même beaucoup plus pour les grandes marmottes d’entre eux. Lui a tout été vampire depuis sa naissance, il n’avait jamais eut conscience du fait qu’un corps devait se reposer et que le fait de dormir une seule petite heure par jour était tout bonnement impossible pour être humain et pouvait même détériorer sa santé si cela se faisait trop souvent. Il ne fit que soupirer en continuant son chemin. Il venait de sortir d’un cours de divination et n’avait plus aucun cours après. Il en profiter pour errer dans les couloirs jusqu’à l’approche du lever du soleil pour retourner à sa chambre. Ou peut-être irait-il juste au réfectoire, attendre que les sorciers et les loups-garous se réveillent pour prendre leur petit déjeuner et accomplir sa mission dont le but est de les dégouter de la vie.

Il marchait encore et toujours, les couloirs lui semblant interminable. En vrai, il était entrain de tourner en rond tout simplement. Et c’est bien pour cela que ses pas ne le menaient vers nulle part. Il aurait fallu qu’il change de direction à un moment donné pour prendre un nouveau couloir mais il n’en avait pas envie. De toute façon, tourner en rond n’était pas si mal que ça. Pour une fois qu’il ne dérangeait personne, on n’allait pas s’en plaindre. Il avait toujours son sac bien accroché à lui et portait des lunettes de vue qui était plus là pour lui donner un style que pour de vrais problèmes de vue. Oui, ça faisait genre je suis premier de la classe tout en restant très tendance. Bouah…Qu’est-il aimerait que n’importe quel élève égaré rencontre son chemin histoire qu’il s’amuse un tout petit peu. D’ailleurs si cela se produisait, il commencerait alors vraiment à croire qu’il y avait quelqu’un là-haut dans le ciel, qu’il ne rencontrera jamais car il ne pouvait tout simplement pas mourir. Et à peine avait-il pensé à ceci que…BAM…sans savoir ce qu’il lui arrivait, le coréen se retrouva les fesses première sur le sol encore plus froid que sa peau de l’école. Eh ben tu es exaucé mon petit semblait lui dire une voix dans sa tête. Effectivement mais il aurait bien aimé que ce soit un tout petit moins douloureux. Il se frotta légèrement les fesses, mordillant légèrement sa lèvres inférieur.

Shin Ki : « Non mais… »

Sa voix avait grondé mais il s’était tût tout de suite, ne prenant même la peine de finir sa phrase. Normalement, il aurait du se mettre en colère, en faire tout un plat, dramatiser les choses et sortir tous les noms d’oiseaux qu’ils connaissaient voir plus encore et crier sur cette personne dont il n’avait pas encore aperçu le visage. Mais non, il n’en avait rien fait. En fait, une nouvelle pensée venait de traverser sa petite tête. Maintenant qu’une personne lui était tombée du ciel, bien que ce fut douloureux, était là. Il serait parfaitement idiot de la faire fuir une minute après. Oui, à cet instant Shin Ki se trouvait être complètement désespérer, il ne fallait pas oublier qu’il aimait avoir du monde autour de lui et avait tout simplement horreur de la solitude. Au lieu de se lever, il se rassit plus convenablement en position d’indien, et il fallait avouer que c’était beaucoup mieux que quelques secondes avant quand il était étalé sur le sol de la manière la moins raffinée possible. Il remit une mèche de ses cheveux qu’il avait deviné s’être surement décoiffer et replacer ses lunettes en place, bien droite au dessus de son nez. Il leva sa tête tout sourire, n’ayant tout de même aucune envie de se lever complètement.

Shin Ki : « Désolé, je ne faisais pas attention en marchant. »

Alors que c’était sa faute à elle, car oui il avait vu que c’était une fille il n’était pas myope non plus, s’il se retrouvé par terre. Non enfaite ce qui était le plus surprenant c’était comment sa voix venait de passer de ce début de colère en une voix mielleuse, adorable et presque amical. Que ne ferais-tu pas pour attirer l’attention. Il prit un des livres qui s’était retrouvé prés de lui. Il lit alors la couverture.

Shin Ki : « Histoire de la magie…Je l’ai déjà lu, il est vraiment intéressant, je devine que c’est le tien. »

Il lui sourit, un sourire totalement faux mais qu’il espérait pouvoir faire l’affaire pour l’instant. Normal que ce soit le livre de la demoiselle, les siens étaient soigneusement rangés dans son sac qui était fermé. D’ailleurs où était-il ce sac ? Il chercha des yeux, il était plus du côté de sa nouvelle rencontre que du sien. Bon, ce n’était pas grave.

Shin Ki : « Shin Ki et toi ? »

C’était court et précis.

Les hurlements, elle s'y attendait. Les insultes qu'elle ne comprendrait sans doute pas d'après le pourcentage de vrais russes dans cette école, aussi. D'ailleurs à peine eut-elle finit de regarder sa montre que la pluie d'injures et de colère semblait commencer à s'abattre. Instinctivement, Adelheïd ferma les yeux et serra les points en entendant la première intonation de voix. Elle se faisait suffisamment disputer chez elle pour savoir quel comportement adopter pour ne pas envenimer davantage les choses. Même si ce n'était qu'un humain qui vidait ses poumons sur elle, elle ne ferait rien puisqu'elle était de toutes façons en tord. Il valait mieux que la colère passe et que ça s'arrête là. Mais le reste des hurlements ne suivait pas. Ça ne suivait vraiment pas ? Elle hésitait à ouvrir un œil pour voir où la colère de l'homme, d'après le ton de voix, était passée. A moins qu'il était déjà parti en abandonnant sa colère ? Non, elle aurait entendu les pas diminuer. Des pas d'ailleurs, car il n'y en avait pas eu. Elle commença doucement à papilloter un œil, toujours hésitante à l'ouvrir, quand la voix se fit de nouveau entendre. Sont œil se referma rapidement, encore plus fermement que précédemment, attendant la suite du déchaînement. Mais cette voix... elle n'avait pas changé d'intonation ? De beaucoup même. Plus aucun déchaînement ne semblait vouloir être véhiculé par cette voix. Était-ce la même personne ? Possible que non : on ne changeait pas de la colère à un semblant d'amicalité en quelques secondes pour rien. Mais elle n'avait pas entendu le premier partir et le deuxième arriver alors qu'elle était en état d'alerte maximum. Surprise, Adelheïd ouvra les yeux, méfiante néanmoins et en ne desserrant pas ses poings.

Elle vit un beau jeune homme prendre un des livres se trouvant à terre et parler de nouveau. Enfin... jeune... il avait plus que notre petite vampire apparemment et on ne pouvait jamais se fier à l'âge s'il s’avérait que c'était un vampire : il pouvait même être plus vieux que le père de la jeune fille. Dans tous les cas, oui, c'était bien sa voix. Et vu sa position, c'était bel et bien celui qu'elle avait heurté également. Alors là Adelheïd ne comprenait plus rien. Mais en fait si, le pire était qu'elle comprenait ! Elle comprenait ce que cet, d'après les apparences, asiatique disait ! Bon, alors qu'une seule explication : on l'avait frappée violemment, elle s'était évanouie et maintenant elle était en train de rêver. Elle espérait seulement qu'elle n'allait pas rêver trop longtemps : il ne restait après tout qu'une heure avant le lever du soleil. Et puis elle espérait retrouver tous ses livres en se réveillant. Oui, ça aussi c'était important, même plus car, après tout, il y avait toujours le trou à rat pour retourner aux dortoirs. Même si elle ne l'aimait pas, il pouvait s'avérer utile. Le garçon lui demanda son nom ce qui fit revenir Adelheïd à la réalité. Il devait la prendre pour une idiote à force qu'elle le regarde avec des yeux aussi globuleux que ceux d'un poisson. Il faut dire qu'elle a de quoi être surprise : elle ne rêve pas beaucoup. En une heure de sommeil, le cerveau n'a pas beaucoup de temps pour trier les informations de la journée afin d'en faire un rêve. Elle balbutia, encore peu sûre de ce qu'il se passait :

« Shin K... Ah ! Adelheïd. Désolée pour... l'accident... »

Elle s'arrêta de parler. Devait-elle s'excuser auprès d'un rêve ? Non, plutôt auprès de la personne qu'elle avait percuté dans la réalité. Mais était-il vraiment un rêve ? Elle ne se souvenait pas de ce visage et il était fort détaillé pour être un vague souvenir. Le connaissait-elle ? Elle ne se rappelait pas. Shin Ki ne lui disait rien non plus comme nom. Mais s'il n'était pas un rêve, pourquoi cette suite d'événements illogique ? La réalité avait toujours une logique implacable et désagréable. Le mieux serait de poser la question non ? Mais dans ce cas, elle aurait l'air ridicule... bah, vu où elle en était actuellement... Approchant légèrement sa tête, le le détailla encore un peu. Vraiment trop précis pour un simple rêve. Mais trop illogique pour être la réalité.

« Je vais vous poser une question très stupide mais... êtes vous un rêve ? »

Demanda-t-elle poliment, sans élever la voix d'une quelconque façon. Sa voix était douce, comme respectant le silence les entourant, ses yeux interrogateurs et méfiants. Quant à ses poings, ils étaient toujours serrés, attendant un nouveau retournement de situation. S'il n'était ni un rêve ni la réalité, il était quoi ?

Là, Shin Ki était vraiment contente d’être un vampire. Au moins il ne s’est pas vraiment fait mal en tombant, parce qu’il faut quand même avouer que quand on tombe ou plutôt qu’on s’étale sur le sol d’un coup, les fesses en premier, il n’y avait que dans les films que ça ne faisait vraiment pas mal. Et pour cause, dans les films, les acteurs tombaient sur un matelas. Quand il avait ouvert la bouche la première, c’était de la colère qu’on ressentait dans son ton. Pourtant, il ne finit pas sa phrase. Il se dit qu’il devrait essayer d’être gentil pour une fois. Surtout que la demoiselle en face de lui risquait de le laisser et s’enfuir après. Il se contenta de se rassoir plus convenablement. Il ne put empêcher un sourire d’apparaitre sur ses lèvres quand il vit la demoiselle fermer les yeux avec force quand il avait parlé. Faisait-il aussi peur que cela ? Il ne fit cependant pas attention au comportement de la jeune fille, se contentant de parler un peu plus pour la mettre en confiance. La première idée qu’il eut fut de prendre un livre qui devait surement être celui de sa nouvelle rencontre et il lut le titre de la couverture. Il avait parlé russe depuis le début de leur conversation car il avait bien que la jeune fille était une occidentale. Il la trouvait d’ailleurs très belle, ni trop grande ni trop petite, fine avec des traits harmonieux. Mais ce qui attira le plus son attention était la teint de la jeune fille. Assez semblable au sien, il y avait quelques détails qui ne trompaient jamais. Et là, c’était à une jeune vampire qu’il avait affaire. C’était encore mieux. Shin Ki n’avait jamais apprécié les moldus et encore moins les loups garous. Il n’avait jamais rien eut contre eux mais voilà, ce n’étaient pas les premières personnes avec lesquelles il avait envie de sympathiser. Alors le fait que la personne qui vienne égayer son ennui fut de la même race que lui, le mettait d’une assez bonne humeur.

La demoiselle ne faisait que le regarder, jusque là c’était lui qui se tapait toute la conversation. En fait c’était plus un monologue qu’une vrai discussion, cela il devait bien l’avouer. Shin Ki la regarda, le sourcil froncé, attendant patiemment une réponse. Quoi que, il n’était pas quelqu’un de très patient non plus, et si ça continuer à ce rythme là, il commencerait à bouder. Et ce n’était jamais bon quand il boudait, car il devenait tout simplement insupportable dans ces moments là. Oh, la belle se décida enfin à lui parler dans un parfait russe. Il avait bien fait de lui parler dans cette langue alors. Il lui sourit un peu plus alors qu’elle venait de lui dire son prénom et de s’excuser.

Shin Ki : « Ce n’est rien Adelheïd. »

Il accentuât sa voix quand il prononça la voix de la vampire afin de voir s’il pouvait bien le dire. En somme, cela lui semblait correct, il l’avait dit aussi bien qu’elle. Il aimait bien ce prénom, il pensera à appeler un de ces enfants de la sorte. S’il venait à en avoir un, ce dont il doutait particulièrement quand même. Mais là, n’était pas le sujet. Il trouvait bizarre voire même gênante la façon dans le regardait sa cadette, car il voyait bien à ses traits qu’elle devait être bien plus jeune que lui. Enfin, qu’on le regarde n’avait jamais posé un problème pour lui. Mais elle, elle le regardait d’une façon presque naïve, il ne pouvait vraiment décrire cela. Elle approcha sa tête vers lui, le détaillant, alors que lui en faisait de même, la fixant à travers ses lunettes. Avait-il quelque chose sur le visage ? Ah non, elle lui demandait plutôt s’il était un rêve. Shin Ki gonfla ses joues pour empêcher un rire de sortir. Il ne voulait pas qu’elle croit qu’il se moquait d’elle, surtout qu’elle lui avait posé la question si poliment. Mais c’était la première fois qu’on lui disait ça, et il la trouvait vraiment mignonne.

Shin Ki : « Un rêve ? Je ne sais pas, je n’en ai jamais fait... »

Il aurait pu juste lui dire qu’il n’en était pas un mais qu’il était un vampire tout comme elle. Mais cette situation l’amusait grandement. Il prit un autre livre et tendit les deux à la jeune fille en souriant.
Shin Ki : « Tiens ! Et puis tu peux me tutoyer, je ne suis pas si vieux que ça je pense. »

Adelheïd pariait sur un vampire. Pourquoi ? Pas assez poilu pour un loup-garou et les humains n'avaient pas ce charme naturel qui caractérisait les êtres de la nuit. Les sorciers qui avaient le même planning que les vampires étaient plutôt moches à voir : manque de sommeil, manque de soleil, stress, morosité, même peur et aucun effort pour le russe ; tout était bon pour qu'ils ne se montrent pas dans leurs assiettes et surtout pour être désagréables. La personne en face de la jeune fille était en forme, douée en langue, avec des gestes fluides et un teint un peu blanchi malgré ses origines asiatiques. Aucun doute donc. Mais à quoi lui servait ces lunettes ? On pouvait penser que cette rencontre était la meilleure des situations pour la jeune vampire mais elle ne savait pas trop. Elle ne détestait pas les humains tant qu'ils ne croyaient pas dur comme fer en des stupidités et des on-dits sur les vampires et elle s'entendait plutôt bien avec les loups-garous malgré les soit-disantes guerres entre les deux races. Quant à sa propre espèce, on ne pouvait pas dire qu'elle avait la meilleure des expériences avec sa famille elle-même, alors elle n'avait pas facilement confiance. Néanmoins, lorsqu'elle se créait finalement des liens dignes de ce nom, c'était pour l'éternité, qu'ils soient positifs ou négatifs. Elle attendait donc de voir ce que donnait cette nouvelle rencontre avant de fonder un quelconque espoir dessus. On était vite déçu avec les relations sociales...

Lorsqu'elle posa sa question, elle vit que le garçon gonfla les joues. Pourquoi ? Ça elle ne le savait pas. Etait-il fâché qu'elle pose cette question ? Boudait-il ? Si c'était le cas, elle pouvait clairement dire qu'il était encore un jeune et pas très mûr vampire. Voulait-il se moquer de cette question ? Compréhensible : même la jeune fille trouvait que cette demande avait un fond de ridicule. Réfléchissait-il à une réponse sérieuse ? Quoi que la situation soit, elle devait avouer que gonfler ses joues ainsi lui donnait un côté mignon. C'était certain : il était beau. Mais plus une plante est belle, plus elle est dangereuse, c'était une chose très connue.

Shin Ki : « Un rêve ? Je ne sais pas, je n’en ai jamais fait... »

Réponse peu étonnante de la part d'un vampire : les êtres de la nuit ne faisaient pas ou peu de rêves. Mais il n'empêche : il aurait dû le savoir au minimum. C'était de lui qu'il s'agissait et il devrait savoir lui même s'il était un rêve ou un être réel. Alors bien évidemment, la réponse rendait Adelheïd encore plus perplexe qu'elle ne l'était précédemment. L'avait-il fait exprès ? Cherchait-il à l'embrouiller ou souhaitait-il qu'elle découvre la réponse par elle-même ? Elle était en train de se poser ce genre de question quand il prit son deuxième livre et tendit les deux en lui souriant et lui demandant de le tutoyer. Pas si vieux que ça pensait-il ? Mais quel âge avait-il au juste ? Qu'en savait-elle ? Un vampire arrêtait de vieillir à l'âge de 20 ans et même si le temps marquait son passage pour les vampires très anciens, celui qui se trouvait devant lui pouvait être bien plus âgé que le père d'Adelheïd sans que cela ne se voit. Elle prit les livres de ses deux mains, relâchant finalement l'air opprimé et compressé qui se trouvait depuis un certains temps dans le creux de ses paumes. Mais ce geste était plus par simple politesse : c'est que ça devait être usant de tendre des objets à une autre personne. Elle restait toujours avec ses réflexions sur l'âge et finit par dire, tout en récupérant ses livres et avec le même ton que tantôt qui respectait le silence lui-même :

« Qu'en sais-je ? Vous pourriez être un professeur et... »

Elle se stoppa et le détailla plus attentivement, surtout au niveau de ses vêtements. Un uniforme avec la couleur rouge dessus. Un élève donc. Plus précisément, un Giena. Maison pas très connue pour avoir les membres les plus amicaux, au contraire. Encore plus illogique que le changement de ton radical de tout à l'heure. Bon, alors il n'y avait que deux solutions. Elle cala les livres dans ses bras contre sa poitrine et concéda de sa voix douce :

« Je vois... Donc soit vous êtes un professeur en étudiant essayant de passer inaperçu, soit vous êtes un ami imaginaire... »

Seules ces deux hypothèses pouvaient selon elle tout expliquer. Si un professeur voulait passer inaperçu et se mêler à la foule d'étudiants, crier sur l'un d'eux était une mauvaise chose : il aurait tôt fait de se faire remarquer. Pour un professeur vampire, la chose était tout à fait réalisable grâce à la capacité de non-vieillissement de l'espèce. Quant à l'ami imaginaire, il pouvait être soit dans un rêve après qu'elle ait été frappée par la véritable personne en colère, soit dans la réalité et dans ce cas elle aurait foncé dans quelque chose d'autre que sur une personne. Un mur ? Les murs ne se déplaçaient pas aux dernières nouvelles. Une statue ? Elles non plus ne se déplaçaient pas. Quoi qu'on pouvait se poser des questions avec le rond-point de la statue sans statue. Ils se trouvaient dans un monde magique, il ne fallait pas l'oublier. Beaucoup de choses étaient possibles. Mais bien que cela soit possible, elle ne pensait pas s'être sentie suffisamment seule pour avoir recours à un ami imaginaire. Mais le cerveau lui-même avait des voies insondables. Donc deux hypothèses, oui. Mais laquelle était la bonne ? Elle regarda autour d'elle pour trouver un semblant de réponse et vit le sac du jeune homme à côté d'elle. Ce pouvait-être un élément de costume pour le professeur comme un détail de son imagination. Elle le prit et le tendit à son interlocuteur. Pouvait-elle le toucher si ce n'était que son imagination ? Tout à fait : elle pouvait avoir l'impression de voir et de toucher un sac. Le cerveau était très doué pour créer de fausses informations.

« Quelle est la vraie solution ? »

Demanda-t-elle tout en tendant le sac au garçon. Elle semblait imperturbable. A vrai dire, peu de choses l'étonnaient depuis qu'elle était rentrée à DASY. Il y avait tellement de choses nouvelles ici, comparé à chez elle. Qui aurait cru qu'elle aurait pu se lier d'amitié avec un loup-garou, franchement ? Même pas elle.